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Les murs au centre des portraits du street artist Vhils

Image d'avatar de Yohann PerezYohann Perez - Le 30 août 2020

Vhils est le plus célèbre street-artiste portugais. Il est mondialement connu grâce à son art singulier : pas de peintures, pas de bombes aérosols, pas de graffitis : juste, un mur. C’est la matière principale de son travail. Il le façonne, le brise, le répare.

femme gravure Shanghai voiture façade immeuble par Vhils

Destruction créatrice

« Je vois les murs comme une surface qui absorbe les changements qui se produisent dans chaque ville, chaque jour, à chaque heure. Je vois les murs comme un archéologue voit quelque chose qu’il peut étudier et sur lequel il peut réfléchir. » explique Alexandre Farto, plus connu sous son pseudonyme Vhils. Il est un ovni dans le monde du street-art. Alors que la plupart des street-artistes utilisent les murs comme un support pour leurs tags, graffitis, mosaïques ou encore peintures. Pour Vhils, le mur n’est pas une surface banale : c’est un support pour son art.

« Je vois les murs comme une surface qui absorbe les changements qui se produisent dans chaque ville, chaque jour, à chaque heure. Je vois les murs comme un archéologue voit quelque chose qu’il peut étudier et sur lequel il peut réfléchir. » explique Alexandre Farto, plus connu sous son pseudonyme Vhils. Il est un ovni dans le monde du street-art. Alors que la plupart des street-artistes utilisent les murs comme un support pour leurs tags, graffitis, mosaïques ou encore peintures. Pour Vhils, le mur n’est pas une surface banale : c’est un support pour son art.

femme grillage gravure mur yeux lèvres

L’artiste attaque le mur : il l’explose, le ronge, le casse, le grave. Aucun mur ne résiste à Vhils. Au travail, on voit Alexandre Farto, collé aux murs. Dans sa main, un marteau piqueur. L’artiste enlève des bouts de murs, minutieusement. Pour encore plus de précisions, c’est avec un marteau et un clou qu’il continue à travailler. Pour réussir ses œuvres, l’artiste dessine d’abord au croquis le portrait du visage qu’il souhaite graver : « Je trace une première esquisse de l’image ou du portrait que je veux créer sur le mur. Elle est très rudimentaire parce que ce qui compte, ce sont les grandes lignes de force et la forme générale. Ensuite commence le travail au marteau, au burin, au marteau-piqueur — tout ce qui sera nécessaire pour retirer ce qui créera du volume, de la profondeur et surtout du contraste. » explique l’artiste dans une interview pour Artistikrezo.

Alexande Farto avoue jouer avec la destruction. C’est d’ailleurs grâce à elle qu’il arrive à faire de nouvelles créations : « Dans le monde du street-art, beaucoup d’artistes cherchent à ajouter « quelque chose », dans la manière de peindre ou de s’approprier l’espace urbain. Pourquoi toujours vouloir « ajouter » ? J’ai voulu agir différemment, et j’ai donc commencé à travailler directement le mur. Et ainsi, au lieu d’y ajouter des éléments… j’ai extrait des morceaux. L’acte de destruction est devenu un acte de création. » explique-t-il dans une interview pour le petit journal des expatriés de Shangaï.

femme africaine colliers maison blanche ciel bleu gravure mur

« Je suis un artiste travaillant dans la ville et inspiré par elle. je suis une sorte d’archéologue de l’urbain. Je creuse dans des murs et je fais remonter des couches sédimentées du passé »

Vhils dans un article pour le Journal Du Dimanche
homme lunettes rondes vieux lèvres pincés maison destruction voitures

En 2010, l’artiste explore l’univers de la destruction créatrice à travers l’explosion : « En temps de crise, une petite étincelle suffit à déclencher une explosion aux conséquences durables, faisant remonter à la surface tout ce qui est maintenu sous contrôle par l’ordre social que nous considérons comme acquis en temps de paix et de prospérité. En 2010, inspiré par la réalité explosive et extrémiste de la crise financière mondiale, j’ai commencé à travailler sur un nouvel ensemble d’œuvres, une séquence naturelle pour sculpter des murs basée sur le concept de destruction créative. Le plus difficile a été d’expliquer ce que j’avais en tête comme jamais auparavant, mais après huit mois d’essais et d’erreurs avec une équipe d’experts, le résultat a été une technique qui permettait de produire un morceau de mur au moyen d’explosifs mais aussi de transformer une explosion de 2 secondes en une œuvre d’art vidéo d’une minute – aussi éphémère que possible. » explique-t-il sous un post Instagram :

Vhils ou le street-artiste archéologue

L’artiste embellit et humanise les rues des villes partout où il passe : « Il y a quelque chose de très puissant dans un visage humain. Au cœur de mon travail, il y a l’idée de vivre dans nos villes — ces villes créées par les hommes, mais qui sont un environnement artificiel où très peu de place semble laissée pour l’être humain » explique-t-il pour Artistikrezo. Si l’artiste humanise les villes ce n’est pas seulement pour l’esthétisme.

homme regard mur blanc
crédit photo : Louise Wessbecher/FTV
focus gravure travail Vhils
crédit photo : Louise Wessbecher/FTV

Pour graver les visages sur les murs de plusieurs villes du monde : Shangaï, Lisbonne… Vhils s’inspire de l’environnement qui l’entoure. L’artiste fait des recherches en amont sur la ville. Il repère de vieilles diapositives dans les marchés et s’en inspire. Il devient en quelque sorte faiseur d’icônes anonymes. Dans des villes où des millions de personnes se croisent sans vraiment se voir, son but est d’interpeller un instant les passants. Mais aussi de figer, par son talent, des visages inconnus sur les murs.

Vhils alexandre farto portraits homme contre plongé marteau

Alexandre Farto est né en 1987. À ses débuts, Vhils est un street-artiste comme les autres : « J’ai commencé à dessiner à 11 ans et à faire des graffitis dans la rue à 13 ans. » explique-t-il au Figaro Madame. L’artiste grandit dans la banlieue sud de Seixal mais aussi à Lisbonne. La capitale du Portugal a la particularité d’avoir beaucoup de peintures dans la rue. Ce sont elles qui l’inspire dans sa jeunesse : les peintures politiques surgissent après la révolution contre la dictature fasciste en 1974, les peintures non politiques, les pochoirs etc. Il commence alors le street-art de façon conventionnelle : par le graff : « J’aimais l’idée d’agir dans l’espace public avec mes amis » explique-t-il au Journal Du Dimanche. Il a 13 ans. Il ajoute : « Inconsciemment, c’était le début de ma réflexion sur les murs. »

Il quitte ensuite Lisbonne pour Londres où il étudie les Beaux Arts à l’université d’art et design de Saint Martins. C’est en 2008 qu’il commence à faire sa renommée. Il est exposé au Cans Festival britannique. Une trentaine d’artistes de rue sont exposés aux côtés de Banksy, Blek le rat… Mais Alexandre Farto bouscule le festival : il inaugure une nouvelle façon de faire de l’art de rue : le « scratching » soit, en français, le « grattage ». Son œuvre est exposée juste à côté de celle de Banksy, ce qui lui permet une plus grande visibilité. Il se fait connaître du grand public. C’est le début d’une grande carrière qui commence. Il fait la une du New York Times quelques mois plus tard avec une œuvre qu’il expose au Cans Festival Britannique.

graffiti banksy homme extermine peuple indigène portraits Vhils
à droite, Banksy, à gauche, les portraits de Vhils. / source : RTL.be

Depuis 2005, l’artiste a présenté son travail dans plus de 30 pays à travers le monde dans le cadre d’expositions individuelles et collectives mais aussi dans le cadre d’interventions artistiques. Depuis cette date, l’artiste voyage et continue d’exposer son art à travers le monde. C’est tout ce que l’on sait de la vie de Vhils.

L’artiste est exposé dans de nombreuses galeries et à l’occasion de nombreux évènements. Il créé sa propre exposition : “le Centquatre” à Paris. Il y expose des installations immersives et virtuelles.

Vhils ne se limite pas qu’aux murs comme médium pour son art. Il travaille aussi avec d’autres matériaux comme le métal, les explosifs ou encore Mousse polystyrène découpée au fil chaud :

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graffitis couleurs écritures tags

Si vous aimez les œuvres de Vhils, vous pouvez visiter son site officiel.

Pour aller plus loin, si vous aimez l’art Urbain, vous pouvez faire un tour sur nos portraits d’Ernest Pignon, D’Axel Void ou encore du Nevercrew.

Autres oeuvres de Vhils

Les murs au centre des portraits du street artist Vhils 3
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(Article original rédigé par Nodd en Juin 2012 mis à jour le 30/08/2020 par Yohann.)

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Yohann Perez
Article écrit par :

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2 commentaires

  • Bravo l’artiste, un support inattendu et un second souffle pour ces murs décrépis qui reprennent vis

Répondre à Beware | Borondo : Street artist (Annuler la réponse)

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