A-wa : trois sœurs d’un petit village

Image d'avatar de FeizaFeiza - Le 25 mai 2016

A la seule différence des trois sœurs de Charmed, le trio de sœurs d’A-wa a pour pouvoir magique d’envoûter leur public grâce à des rythmes transcendants. Un univers, des histoires et une expérience, voici ce qui pourrait définir A-wa. L’histoire commence lorsque leur mère leur propose de participer à un concours de chant à la capitale le jour même. Le père les embarque pour Tel-Aviv, et dans la voiture les trois soeurettes répètent sur la banquette arrière. Elles ont alors 13-11 et 7 ans et, bien que rien est préparé et que le show est assuré a cappella, manque de temps pour prendre les instruments. Elles remportent le deuxième prix et surtout la découverte de leurs passions : la musique et la performance. Voici l’histoire d’A-wa :

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Beware : Qui êtes-vous ?

On est trois sœurs d’un petit village du désert dans le sud d’Israel.

Très jeune, nous avons su que nous voulions faire de la musique notre métier. On a commencé très jeune par prendre des cours de musique, de chant et de danse.

Votre premier souvenir musical ?

Haim : Je me souviens avoir 5 ans et nous étions à une cérémonie de mariage. Avec des femmes avant que la femme soit « confié » à son mari. C’était la cérémonie de mon oncle. J’ai été fasciné par toutes ses couleurs, le henné, les fleurs qui symbolisent l’abondance, les bougies qui symbolisent l’amour et surtout les tambours sur lesquels les femmes jouaient.

Tair : Pour moi, je me souviens avoir 10 ans, notre mère est venue nous voir pour nous dire qu’il y avait une compétition à Elath le jour même. Nous n’avions rien préparé alors nous avons tout fait accapella. Notre père nous y a emmené et sur la route nous avons préparé ce que nous voulions présenter. Cela a plutôt bien marché et nous avons gagné la seconde place. C’est comme si nous avions formé notre groupe plusieurs années avant.

Liron : Je me souviens avoir 3 ou 4 ans. Notre père avait l’habitude de nous filmer en train de chanter ou jouer de la musique. C’était l’anniversaire de ma poupée et je chantais et dansais. Mon frère et mes sœurs m’ont rejoins, je jouais sur un tambourin et nous chantions tous ensemble.

On parle de votre musique comme un mélange de folk yéménite, d’éléctro-pop, aux influences hip-hop. Quels seraient vos mots pour définir votre univers?

Comme tu l’as dit nous imaginons notre musique comme un monde que nous créons qui s’appellerait A-WA. C’est comme une expérience visuelle et musicale. Une fois, nous avons eu une interview et le journaliste à défini notre musique comme une folk yéménite électronique. Je pense que c’était assez bien résumé. Nos inspirations sont à l’image de la scène musicale à Tel Aviv. Elles viennent du hip-hop, du jazz, de l’électro, du rock, du reggae… Tout ceci crée un univers, notre univers fait de couleurs, de bijoux, d’histoire et d’héritage.

Quels seraient les trois mots qui pourraient le mieux définir votre univers ?

Émotion

Histoire

Expérience

Vous semblez fortement imprégné par votre héritage yéménite venu de vos grands-parents dans ce premier album ?

Au départ, nous ne pensions pas faire notre premier album en dialecte arabe Yéménite. Nos compositions étaient en hébreu et anglais. Un jour nous avons composé en dialecte, plus pour nous, en souvenir. Nous l’avons quand même envoyé à notre producteur qui l’a adoré. Nous avons alors continué. Nous ne maîtrisions pas la langue, mais c’est une culture, des sonorités qui ont toujours été là, dans un coin de notre tête.

Nous avons donc commencé à faire plusieurs morceaux dans cette langue pour au final réaliser notre premier album entièrement en cette langue. Cet album à pris une autre signification, celui de notre héritage, de notre richesse mais aussi en le mêlant à la modernité qui est celle d’aujourd’hui. Mêler l’époque de nos grands-parents et la nôtre.

Pour écrire les paroles nous avons fait appel à notre mémoire mais nous sommes aussi parties rendre visites à des personnes issues de la générations de nos grands-parents ayant vécu au Yémen. Des amis à eux, puis des amis d’amis à eux, nous avons fait des recherches sur les traditions, sur la langue pour donner vie à cet album. Un total retour aux sources qui se ressent dans chacune de nos chansons.

Pourriez-vous nous en dire plus sur ces traditions ?

Les juifs yéménite, à une époque, ne trouvaient pas assez d’instruments (peu de personnes en produisaient en tant de guerre), ils ont alors du faire preuve d’inventivité, notamment dans le cadre de chants religieux. C’est ainsi que beaucoup « d’instruments » sont apparus qui n’en n’était pas. Comme ce tambourin en forme d’olive qui servait à contenir de l’huile d’olive. Ils l’ont progressivement utiliser comme tambourin, et ça c’est inscrit dans la tradition musicale yéménite. Tout comme leur voix, qu’ils ont du/ pu développer et travailler n’ayant pas d’autres instruments que leurs vocalises.

Il y a aussi la tradition du Jele dont nous parlons dans nos chansons. C’est un mot qui défini ce moment où les gens se réunissent autour de cacahuète, d’un thé, d’un narguilé pour discuter, se détendre.

Il y a aussi les réunions de femmes. A l’époque de nos grands-parents, les femmes étaient souvent confinées dans des lieux privés sans avoir accès à des lieux publics : la rue, les lieux de cultes alors réservés aux hommes, les terrasses de café… Elles ont dont créé ces moments intimes entre femmes durant lesquelles elles partageaient leurs souffrances ou joies, leurs problèmes à travers la musique. Cette échange que nous avons parfois sur scène quand l’une chante et les deux autres répondent, ça vient de là. Durant ces réunions, les femmes chantaient en racontant une histoire, très souvent leur histoire et les autres leurs répondaient « nous sommes là » « nous t’écoutons » « nous comprenons »…

De quoi parlez-vous dans vos chansons ?

Dans une de nos chansons ont parle de cette tradition de « Jele ». On parle de cette fille qui attends son amoureux, qui lui se trouve justement à un Jele. On lui dit alors de nous rejoindre, de se joindre à nous et son amoureux pour profiter de se moment d’apaisement, de légèreté.

Nos chansons donnent la voix à ces femmes qui n’ont pas encore tous leurs droits. Encore aujourd’hui, dans certains pays, les femmes ont un second statut, considérées comme des inférieurs à l’homme. Elles n’ont pas la liberté de s’habiller comme elles veulent, d’aller à l’école, de choisir leur mari, de faire une carrière. D’un autre côté, il y a ces femmes, dont nous faisons parties, qui choisissent leur vie avec ce que ca sous entend. Savoir manier avec brio son mariage, ses amis, ses enfants, sa carrière, sa famille… C’est de ça dont on parle dans nos chansons. De ces supers woman que sont les femmes du monde.

Comment les rôles sont-ils divisés dans votre groupe ?

Ont se divise naturellement le travail. Parfois la grande compose et on pose nos voix dessus. Parfois elle chante et nous lui répondons sur scène, comme une discussion.

Pour les compositions ça peut être très diversifiées. Parfois la plus grande va nous proposer une compo et on va la travailler ensemble. Parfois l’une de nous à une idée, comme cela peut nous arriver pendant nos tournées. Elle l’enregistre sur son téléphone et on le travaille dès qu’on a un moment, parfois c’est un beat que l’on entend, on se regarde, on improvise et c’est parti. Cette expérience de voyage est fantastique à vivre.

Ca fait quoi de travailler avec ces sœurs ?

Le lien de sœur est très fort. En tant que sœurs on on se comprend plus facilement. L’avantage c’est que nous sommes différentes donc on peut se compléter. Parfois je suis sur les réseaux sociaux, l’autre travaille avec des designers, et l’autre appelle notre agent sur les prochaines dates. Nous avons récemment rencontrer les deux sœurs de Ibeyi lors d’un de nos concerts. C’est un vrai cadeau de pouvoir travailler avec ces sœurs, surtout quand on est complémentaire comme nous le sommes.

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On retrouve le concept de Wanna remiw us sur votre site vous pourriez nous en dire plus ?

Le but est de faire participer les gens à notre univers, notre projet. On a mis en ligne les lignes de nos musiques (voix, basses, guitare) pour que les gens puissent les utiliser dans leur composition. Des Djs du monde peuvent se réapproprier nos morceaux et leur donner une deuxième vision. On a reçu plus de 50 compositions. On a pris du temps pour définir laquelle était la N°1… Lors de notre rencontre avec la radio Nova, les diverses compositions que nous avions reçues avaient été mise en ligne pour que les auditeurs de radio nova choisissent. Ils y avait la sélection de radio nova, la notre et celle des auditeurs. Ca nous a beaucoup aidé !

Votre vision de la scène musicale à Tel Aviv ?

Très florissante. Des gens du monde entier se sont progressivement installés là bas. Il y a donc beaucoup de mélange que l’on retrouve dans l’art. C’est une terre où plusieurs continents se rencontrent. On le perçois à travers la peinture, l’art, et bien sur la musique.

Vos futurs projets ?

Pour le moment nous avons 3 grands projets. Créer des produits tels que des vêtements, des objets avec des designers. Notamment le styliste qui a créé les Jellabas que nous portons durant notre performance chez KEXP. Le deuxième est de sortir notre 2nd album qui est déjà en préparation. Enfin collaborer avec des artistes du monde entier que ce soit en musique ou dans le design.

La collaboration de vos rêves ?

Pharel Williams, Stromae, Tom Wait

 

Merci !

Interview faite par : Inès Bodi

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Feiza
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