Il y a quelques mois à peine, pour certains, on découvrait pour la première fois le remarquable travail d’Alex Prager, talentueuse photographe/réalisatrice californienne désormais connue pour sa brillante collaboration avec le New York Times pour son projet « Touch of evil » constitué de 13 courts métrages, faisant appel à la crème des acteurs hollywoodiens (Brad pitt, Rooney Mara, Jessica Chastain, Ryan Gosling, Mia Wasikowska… ) mis en scène dans d’étranges situations et dans la peau de mystérieux personnages nous rappelant curieusement l’univers de David Lynch ou Alfred Hitchcock.
Aujourd’hui, Alex expose et exposera encore progressivement un peu partout dans le monde pour son nouveau et très intéressant projet « Compulsion » traitant de la perception des gens des évènements tragiques.
Composées en 2 images aux cadrages complètement différents, ses photos sont constituées d’une première partie illustrant de manière très réaliste une situation dramatique telle qu’un accident de voiture, un incendie ou un crash d’avion et puis une deuxième partie où l’on voit simplement un œil exprimant une émotion forte. Esthétiquement parlant, les images sont très proches des réalisations cinématographiques de Douglas Sirk et Alex le dit elle-même, elle puise également beaucoup son inspiration des célèbres travaux photo-journalistiques qu’Enrique Metinides a effectués entre 1949 et 1979 pour le « Bloody news » au Mexique.
En réalité, en plaçant les deux différentes images côte à côte, Alex essaye d’instaurer de la confusion dans notre esprit : « A qui appartient l’œil ? A la victime de l’accident ? Aux témoins de l’accident? Est-ce l’expression que l’on devrait normalement lire dans nos yeux à la vue de cette image ? En témoignage de cet accident ?». La photographe américaine laisse le choix au spectateur d’interpréter ce qu’il veut mais ce qui peut justement nous sembler encore plus déconcertant c’est de se dire: « Cette image, n’est-elle pas au final rien d’autre qu’une mise en scène ? ». Que devrait donc être notre réaction ? Attendre que l’on nous dise que ces photos sont de véritables clichés de faits réels ou que l’on nous conduise directement aux lieux pour y être sensibles?
A l’occasion de la remise du prestigieux Paul Huf Award au FOAM Photography Museum à Amsterdam, c’est Alex Prager qui remporte le prix et au cours de ses expositions, elle y projette également un petit court métrage nommé « La Petite Mort » qui n’est autre qu’une continuité de son projet photographique.
Pour plus d’informations, son site : www.alexprager.com