Atom & Srone x Le Mur Saint Ouen – Interview

Image d'avatar de NoddNodd - Le 10 novembre 2015

Changement radical de style, Solenn cède sa place à un binôme de graffiti artistes.

Srone et Atom, les deux writers du 9-3, nous propose une peinture fraiche et colorée à l’aérosol sur Le Mur Saint Ouen. C’est l’occasion pour Beware d’interviewer les deux graffeurs et d’en apprendre plus sur leurs parcours et visions respectives.

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BM : Pouvez vous vous présenter et me parler de vos activités artistiques?

Srone : Srone, graffeur, peintre.

ATOM : J’ai commencé sérieusement le graffiti en posant ATOM dans la Seine-Saint-Denis et ses environs. Avec le temps, je me suis aperçu que ce surnom était déjà utilisé par pleins d’autres writers (du plus célèbre au plus underground), alors parfois, je rajoute un “E” et un “R et parfois je pose ATOM… Ceci dit, respect à tout mes jumeaux atomiques. Mes activités artistiques gravitent essentiellement autour du graffiti et de la calligraphie pour le moment.

BM : Comment êtes vous tombé dans la peinture et comment vous êtes vous rencontré?

S : Je dessine depuis mon enfance, et j’ai grandis dans la culture hip hop, très tôt je savais ce qu’était le graff. La ligne 5 longe le canal de l’Ourcq qui est un gros spot, j’étais toujours collé à la vitre à kiffer les peintures que je voyais. Un jour, j’ai trouvé une bombe de peinture, un spray pour carrosserie de voiture, j’ai fait mes premiers tags dans la rue (des trucs immondes) puis j’ai commencé à m’y mettre sérieusement en faisant des lettrages.

Atom vient de Bobigny comme moi, quand j’ai commencé il peignait déjà depuis 2 ou 3 ans environs. On s’est capté, il m’a appris qu’il fallait d’abord remplir avant de faire les contours (rires), c’est dire que j’ai vraiment commencé tout en bas.

A : En glissant (rire). J’ai commencé il y a une quinzaine d’année maintenant. J’étais collégien, j’écrivais mon blase et des “trucs” sur les murs. Je pense qu’il y avait une certaine influence Hip-hop dans le quartier où je vivais, c’était plus où moins naturel. Dans ce quartier qui s’appelle l’Abreuvoir, il y avait les 357MP et DREK des LCN/NWS. Des grands qui n’avaient pas du tout mon âge et qui ne peignaient plus beaucoup.

Aussi, j’ai rapidement pris goût au graffiti et j’ai peins quelques années, le plus souvent seul, jusqu’à ce ce que je rencontre SRONE qui était de la même ville que moi (Bobigny). On a fait une peinture ensemble, puis cela a perduré avec les affinités.

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BM : Comment pourriez vous définir votre style ?

S : A vrai dire je n’ai pas de style définit. J’aime varier, explorer des styles différent, je travaille un sketch, je le graff, si je suis satisfait du résultat je passe à autre chose sinon je recommence. Au départ je faisais que du lettrage, puis j’ai travaillé sur les personnages.

A : Je ne sais pas. Ce qui équivaut aussi à un style (rire). Sinon j’aime le travail de la lettre. J’aime aussi lorsque une dimension spirituelle, militante ou humoristique s’invite dans une pièce.

BM : Vos influences sont uniquement dans le graffiti ou vous voyez plus large ?

S : Tout et n’importe quoi. Forcément mes paires, quand j’ai commencé ce que je voyais dans la rue à Saint Denis et qui me foutait des claques c’était des équipes comme les 93Mc, 3DT, MAC.. On essaye toujours de rester imperméable au style des autres, mais inconsciemment quand on apprécie le style d’un graffeur on se fait influencer qu’on le veuille ou non. Je peux trouver aussi l’inspiration dans des trucs inattendus, par exemple les pochettes de disque Soul, des vieilles affiches de cinéma etc …

A : A Bobigny, il y a le canal de l’Ourcq, qui était à l’époque LE terrain de référence. Chaque année, le festival XXL invitait des writers peindre entièrement un mur, et la réputation du mur faisait que même les internationaux venaient y peindre. Chaque fois que j’y allais, c’était une claque et une source d’inspiration.
Les chromes des ABC/ASG étaient incroyablement propre, avec style. Pareil pour ceux de SEW et de WOODY LT27. J’apprécie aussi le dynamisme des pièces de DIZE, EIGHT. La gestion des couleurs de NASTY et SHUCK2, l’efficacité de ADEO et KAIZE, la folie de MODE2… La fluidité de SEED! J’en oublie tellement.
Sinon j’apprécie également la dextérité et la recherche des artistes calligraphes tels que Julien Chazal, Hassan Massoudy, SHOE. Mais tout est source d’inspiration au final.

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BM : Plutôt peinture légale ou vandale?

S : J’ai commencé comme la majorité des graffeurs par le vandale dans la rue. Puis j’ai rencontré DEEL LRE qui était un acharné du roulant. Le courant est bien passé, il m’a fait rentrer LRE. On a eu une bonne période de peinture sur roulant. J’ai kiffé, bougé, rencontré des gens, jamais fait attraper… Maintenant j’ai un certain âge où il faut construire sa vie. Que du légal maintenant, mais aucun regret si c’était à refaire je l’aurais même fait plus tôt !

A : Avant c’était plutôt vandale, maintenant c’est plutôt le contraire. Mais de manière générale, je pense que (presque) personne n’a pour projet de faire du “vandale” sur du long terme.

BM : Une anecdote vous a marqué ?

S : C’était en 2005 il me semble. Je partais souvent en mission avec DEEL à la recherche de plan train, métro. On avait trouvé un spot à la gare de Mitry, on n’avait fait aucun repérage sérieux vu qu’il n’y avait pas de grillage, pas de surveillant. On y peignait tout les weekends, tout se passait bien, on commençait à prendre nos aises. Un dimanche, on arrive comme d’habitude avec DEEL OPEA STOCK MELVIN, on remarque qu’ils ont installé une grille autour du spot, fuck, maintenant qu’on est sur place pas question de faire marche arrière. On saute la porte grillagée vu que c’est l’accès le moins élevé, on commence nos pièces. D’un coup on entend un bruit de dérapage dans les graviers, je tourne la tête, paf voiture de sécurité ! Impossible de sauter au niveau de la porte vu qu’ils ont bloqué le passage. Je me disais qu’on n’arriverait jamais à sauter la grille, c’est trop haut ! Je tente de sauter et je reste bloqué sur les pics qui se sont enfoncés dans mon jeans, là je sens une main qui me tire c’est OPEA, je passe de l’autre côté et j’y laisse la moitié de jeans. Au final, je suis rentré, 1h de transport, jeans en lambeau, caleçon à l’air (rires).

A : Ouais. Avec SRONE, on était parti faire une peinture sur la voie ferrée, lorsque soudain, une soucoupe volante de la ferroviaire est venue, on s’est caché sous un train qui s’est mi à démarrer. Alors on a dû sortir de notre cachette et se taper avec des sabres laser contre des cheminots à moustache bodybuildés. Sinon la vraie histoire c’est qu’on a couru et que l’on a du porter le cousin de SRONE qui s’était foulé la cheville, que certains sont rentrés en faisant de l’auto-stop à cloche pied au milieu de la nuit (Rire).

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BM : Comment s’est passé votre performance aux puces avec le projet Le Mur Saint Ouen ?

S : Bonne ambiance, les puces de Clignancourt sont un super spot pour peindre, les riverains vivent dans un quartier très vivant niveau graffiti, du coup les gens sont très réceptifs. Gros merci à l’équipe du shop You Can Spray.

A : Bonne ambiance au shop You Can Spray, avec un temps assez clément pour la saison. Nous n’avions pas vraiment eu de temps pour préparer la performance, donc freestyle. Je pense que nous aurions voulu donner beaucoup plus.

BM : Pouvez vous me parler de vos pièces ?

S : J’ai fait un portrait, en ce moment je m’exerce beaucoup sur les personnages en essayant d’y intégrer une touche graffiti, avec de la couleur, des contours autour des zones d’ombres et de lumières.

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A : La mienne est assez basique, un lettrage calligraphique avec un fond en référence au drapeau Palestinien.

BM : Un brin militantes, non ?

S : Pas en ce qui me concerne, je ne pense pas que le graff puisse changer la politique ou le monde… Mon acolyte Atom en revanche pense différent, il en rate pas une pour passer un message militant (rire), je respect ça mais je vois le graffiti autrement.

A : Un brin alors. Disons que l’actualité s’y prête et qu’il m’arrive de vouloir joindre l’agréable à l’utile. Même si avec SRONE, il arrive souvent que d’un Malcolm X en tête, il m’en ressort un schtroumpf en djellaba qui fait du ski halal à Dubaï. (rire)

BM : Des dédicaces ?

S : La famille, les gars avec qui je partage des bonnes vibes Kast, Encs, Disek, Erza, Disco. Le LRE crew Deel, Melvin, Zetla, Stock, Opea repose en paix on ne t’oublie pas.

A : SRONE & STEKA (vous êtes le futur de demain), SMIC, STONE Forever, VRACK, DISEK, ENCS, FOSTER (merci), MDC, 370, 390, SPG, TNZ, RER B, PPE, EPC… Aux anciens du mouvement (respect), aux plus jeunes qui débarquent. Toutes les personnes que j’ai connu par le biais de la peinture. Au plaisir.

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Nodd
Article écrit par :
Rédacteur pour Beware Magazine, j'aime tout ce qui touche de près ou de loin à la street culture.

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