Exposition Un Monde Parfait au Pavillon de l’Arsenal à Paris

Florence Bousquet - Le 10 octobre 2014

Martine Feipel & Jean Bechameil présentent en ce moment au Pavillon de l’Arsenal un projet appelé Un Monde Parfait interrogeant en sculptures monumentales les constructions des Grands Ensembles des années 1950-1970 en France.

Martine Feipel & Jean Bechameil sont des artistes qui ont l’habitude de travailler sur l’espace, leur principal centre d’intérêt. Sélectionnés en 2011 pour représenter le Luxembourg à la 54ème Biennale de Venise, leur travail tente de montrer les idées cachées derrière chaque espace. Né en 1964 à Paris, Jean Bechameil travaille depuis 1990 comme sculpteur indépendant et à ce titre a participé à de nombreuses expositions en France et au Danemark. Il a également travaillé sur différentes scénographies théâtrales et a aidé à la réalisation de décors de plusieurs films de Lars von Trier. Il s’est associé en 2008 à Martine Feipel, diplomé de la Central St Martins College of Arts & Design à Londres .

Leur projet Un Monde Parfait est présenté au Pavillon de l’Arsenal depuis le 25 juin 2014 et sera enrichi de nouvelles pièces pour l’événement des Nuits Blanches (4 octobre 2014). Ils exposent à cette occasion des sculptures monumentales de bâtiments modernes qui en leur temps représentaient une utopie sociale, comme les Tours Nuages d’Emile Aillaud à Nanterre, et interrogent ainsi notre vision contemporaine de ces idéaux d’une autre époque. Sont exposées six sculptures monumentales (près de quatre mètres de haut) d’édifices de la période moderne, considérés comme des Grands Ensembles. Les Grands Ensembles sont issus d’une politique urbaine post Seconde Guerre mondiale visant à loger la population en plus grand nombre dans des logements à moindre coût et prenant donc la forme la plus simple qui soit et la moins onéreuse de « barres » d’immeuble où devait se réaliser une vie en communauté joyeuse et un idéal de la vie moderne.

Cette exposition a pour point de départ un voyage à Paris des deux artistes. En voiture, le long d’un périphérique, ils font le constat de la fin d’un rêve. Ils passeent à côté des immeubles de logement vieillissants, dont les murs délités ont noirci et dont les couleurs autrefois éclatantes ont terni. Une pointe d’amertume et de curiosité les empare. Ils entament des recherches sur le bâtiment en question mais aussi sur les répercussions de l’architecture moderne sur les constructions mises en œuvre depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1970.

Nous aussi, en voyant ces immeubles dans l’exposition, nous les voyons comme des survivants d’idéaux communautaristes du passé. Martine Feipel et Jean Bechamail y voient aussi une sorte de nostalgie, un attachement à l’utopie qu’elle a véhiculé, mais posent aussi une série de questions. Le délaissement politique interroge par exemple la légitimité et l’avenir du patrimoine du logement social en France. D’où le nom de l’exposition « Un Monde Parfait ». L’œuvre de Martine Feipel et Jean Bechameil retient leurs silhouettes. Si l’utopie des architectes modernes est effritée, Un Monde Parfait traduit la persistance et la résistance de son essence.

D’autres projets intéressants des deux artistes sont aussi à découvrir sur leur site internet, comme le projet Le cercle fermé, qui présente des visions fantasmagoriques d’intérieurs d’appartements haussmanniens.

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