“Je me considère comme un rappeur qui chante mais je tends à devenir chanteur” rencontre avec le kiwibunnyrappeur Nelick

Image d'avatar de Lilian PouyaudLilian Pouyaud - Le 19 janvier 2018

Nelick commence le rap il y a cinq ans. Influencé par les battles alors très populaires, il écrit son premier texte et découvre le genre musical qu’il n’a pas lâché depuis. Que ce soit en solo ou en duo avec ses différents projets (Nelick & Andy Luidje; PALA$$), l’artiste porte la double casquette de chanteur-rappeur mais ne sait pas encore sur quel pied danser. Son nouveau projet Kiwibunnytape semble vouloir concilier les deux mais Nelick ne sait toujours pas où amener sa musique. Une chose est sûre: le personnage Nelick se dessine doucement et la vibe est présente. Rencontre avec le jeune MC pour parler de la Kiwibunnytape, de la place du chant dans le rap et son futur dans le rap jeu français.

Kiwibunny - pochette

Beware: Tout d’abord, “Kiwibunny” ça vient d’où et ça signifie quoi ?

Nelick: C’est mon blaze. C’est le mélange d’une passion pour les kiwis et un surnom à cause de mes dents de lapins y’a quelques années: Bug’s Bunny.

Mais pourquoi les kiwis ?

Ça m’a pris comme ça. A la cantine au lycée t’as des pommes, des bananes… bah moi c’était les kiwis.

En développant ton rap avec des gimmicks, des thématiques communes mais aussi une communauté, on peut voir Nelick d’avantage comme un personnage plutôt qu’un rappeur. Un personnage qui semble mener une vie tranquille, toujours une fille dans la tête (littéralement dans un coin de ta tête sur la pochette), quelle est son histoire ?

T’as bien résumé. Je n’ai pas envie de me mettre en avant mais de développer ce côté “Kiwibunny” puisque c’est ce qui me représente le mieux je trouve. Passer d’un rappeur à un personnage fictif et développer tout un univers qu’on peut observer sur la pochette. Dans quasiment tous les sons du projet, je parle d’une certaine fille et c’est cette fille qui me verse du Candy’Up dessus justement. Le Candy’Up qui est d’ailleurs un autre passion du Kiwi. C’est ça le thème.

Le projet s’ouvre avec le morceau “beach life type beat” et c’est le genre qu’on pourrait donner aux instrumentales du reste de la tape: un hiphop assez chill, parfois lofi. De qui t’es-tu entouré pour faire cette Kiwibunnytape et comment en as-tu défini la couleur ?

J’ai commencé ce projet sans avoir de couleur en tête, certain sons datent d’août 2016 (par exemple “Poudre Dodo”), donc c’était dur de garder la même couleur. C’est pour ça que j’ai sorti les EP Load sur mon Soundcloud (ndlr: Load 22%, Load 57% et Load 94%). Tous ces sons sortis avant Kiwibunnytape sont ceux qui sortent de cet univers “beach life”. Au fur et à mesure que je bossais sur le nouveau projet j’ai voulu garder cette image très plage, c’est le sentiment que je voulais faire ressentir aux gens qui écoutent mes sons. “On oublie le temps de merde et on se pose.” Toute cette question de l’image et de la couleur du projet a été bossé avec Jagger Jazz, un beatmaker de La Maison, là où j’ai enregistré le projet.

Kiwibunny - portrait
©lecrapaud

Chaque son de la tape semble être structuré avec une partie chantée et une autre rapée, est-ce intentionnel ou plus quelque chose de naturel ?

Je change souvent d’état d’esprit pour tout te dire. J’ai découvert l’autotune il y a un an et j’étais “matrixé” donc j’ai essayé un projet plus chanté au départ. Les sons kickés sont les plus récents. Au final, tout dépend du mood dans lequel je suis, la prod et ce que j’ai envie de dire. Lorsque j’ai vraiment envie de dire des choses je préfère kicker que de le chanter. Pour chaque projet j’ai envie de changer de mood. J’ai adoré l’idée de la “beach life” et je me suis amusé là dedans mais pour les futurs projets je veux changer. Le prochain projet s’annonce plus sombre par exemple. Actuellement je me considère comme un rappeur qui chante grâce à des outils comme l’autotune mais je tends à devenir chanteur. Je trouve ça super cool que les rappeurs commencent à chanter et dépassent cette limite qu’était le chant grâce à des logiciels. Tout cela rapporte plus au rap et à la musique en général. Tu peux mélanger encore plus de style. C’est pour ça que je fais du rap, tu peux faire du son de toutes les façons en mélangeant tous les styles (house, electro, trap).

Dans ce cas, la collaboration de rêve pour toi ce serait ?

Childish Gambino. C’est l’un des meilleurs artistes du siècle. Premièrement dans la musique où il fait des trucs de ouf puis après tous les autres domaines où il excelle (cinéma, télévisions). Il fait un album c’est un de mes meilleurs albums, il fait une série (ndlr: Atlanta) c’est la meilleure. J’adore son univers, très”beach life” justement.

Sur ton profil Spotify il y a une playlist kiwibunnyUp où on sent une grande influence américaine qui se retrouve justement dans ce nouveau projet, j’en veux pour preuve le morceau “What Do You Do” d’A$ap Ferg et NAV, l’influence est présente !

Je me tiens informé de ce qui se fait en France mais effectivement je suis bien plus influencé par le rap américain. Dans mon top album 2017 tu retrouves Tyler, The Creator, Kendrick et GoldLink. Toutes époques confondues Summer Knights de Joey Badass. Donc oui forcément l’influence américaine et très présente.

Kiwibunny - photographie
©lecrapaud

Pour revenir sur la tape, “10 décembre” est un morceau qui se distingue du reste de la tracklist car beaucoup plus personnel où tu t’écartes de l’ego-trip pour parler de ta relation avec ta mère. Pourquoi n’avoir fait qu’un seul morceau de la sorte ? 

Comme je te disais j’aime travailler un projet dans un seul univers. Le morceau ne devait normalement pas y apparaître mais finalement je l’ai trouvé assez bien travaillé et je tenais à le sortir le 10 décembre. J’ai eu un bon retour de la part de ma mère.

En plus de ton projet solo tu fais partie de Pala$$ avec Lord Esperanza et Nelick & Andy (avec Andy Luidje), à chaque projet son identité musicale (plus kickée chez Pala$$ et plus chanté avec Nelick & Andy) mais lorsqu’on retrouve tes compères sur la kiwibunnytape en collaboration on ressent une impression de table rase. Une collaboration avec tes potes mais à la sauce “kiwibunny”…

C’est exactement ça. Avec Lord on a toujours eu cette envie de faire des bangers et de kicker fort depuis notre rencontre y’a trois ans. Notre premier projet commun vient d’années passées à faire des open mics ensemble et on est devenu plus proche. Dans notre collaboration, la tournée avec Keith Ape à travers la France à faire sa première partie était folle. Tandis qu’avec Andy on s’est rencontrés à la fac pendant nos études. Je savais qu’un gars rappait je me suis dis “ah trop cool je vais le voir” et je lui ai proposé de faire du son. Lorsque lui chantait alors que moi pas du tout j’ai vu la complémentarité.  Il m’a permis d’ouvrir une porte que j’aurai jamais pu ouvrir lorsque je n’avais pas pris conscience que je peux moi aussi chanter. On a d’ailleurs découvert l’Autotune ensemble en studio. Mais pour ce projet c’était plus à ma sauce. Les projets en duo vont aussi changer mais garder leur identité. On prépare un album pour Pala$$ et avec Andy on ne sait pas encore.

Le mot de la fin t’appartient

Kiwibunnytape, une tournée avec Lord en approche (Kiwibunnytour et Polaroïd Tour), beaucoup de force à Andy Luidje, Lord Esperanza et LE SID et big up à Beware.

 

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Lilian Pouyaud
Article écrit par :
Basé en Île-de-France, en France, Lilian Pouyaud a évolué d'une expérience de localier à celle de rédacteur multimédia au sein de la presse professionnelle. Journaliste polyvalent, il est à l'aise aussi bien dans l'écrit, la vidéo que le podcast. Chez Beware Lilian parle de musique (surtout).

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