On a interviewé le photographe Kares Le Roy

Image d'avatar de Antoine DuchampAntoine Duchamp - Le 23 janvier 2013

56000km_KaresLeRoy

56 000 kilomètres de terres et d’Hommes: des visages, des sourires, des yeux, des monuments, des cultures, des évènements … Kares Le Roy nous transporte à travers l’Asie grâce à des photographies humanistes, pures, vides de jugement, nous faisant simplement découvrir des lieux du monde qui n’ont parfois que très peu, voir pas du tout été photographié auparavant.Je suis peut-être un peu en retard pour vous présenter ce projet qui a déjà fait pas mal parler de lui, mais je pense que c’est tout de même utile. Ce livre, 56 000km: un continent et des Hommes, c’est l’histoire d’un artiste qui décida de quitter son continent, son quotidien, son monde, pour en visiter et en documenter un autre: l’Asie. Irak, Iran, Tajikistan, Kashmire, Inde, Cambodge, Mongolie… tant de pays visités avant de finir à Istanbul, en Turquie.

Antoine : Alors tout d’abord : pourquoi ce voyage ? avais-tu un “besoin” particulier qui t’a poussé à faire ca ? 

Kares Le Roy : J’ai toujours pas mal voyagé durant ces dix dernières années. Apprenant mon métier de photographe en parallèle, j’attendais juste le bon moment pour partir le lier à un long voyage. Quand j’ai senti le bon moment, j’ai fait mon sac et je suis parti sans chercher les bonnes raisons à cela. C’est sur la route que s’est dessiné les contours de mon projet, à savoir les peuples oubliés, les cultures ancestrales qui subsistent à la mondialistation. J’ai compris bien plus tard que c’était lié avec certaines lectures et recherches que j’avais faites sur cet endroit du monde. J’ai toujours voulu connaître la beauté de l’Orient et en même temps comprendre la stigmatisation des pays arabo-musulman. C’est devenu essentiel dans mon travail et ma démarche actuelle.

Quels pays as-tu traversé, et pourquoi l’Asie ? 

Pendant 2 ans j’ai traversé une vingtaine de pays en Asie parmi les 5 sous divions du continent : Asie du Sud-Est, Asie du Sud, Asie de l’Est, Asie Centrale et Moyen Orient. J’ai voyagé un peu partout dans le monde mais pour un long voyage, mes envies se tournaient plus vers l’Asie. La diversité de cultures et de peuples y est immense. On a tendance à penser que ce continent se limite aux “yeux bridés” mais les arabes ou les perses sont des asiates.

Peux-tu m’en dire un peu plus sur ta Grand Mère des Annapurnas ?

Kares Le Roy : La grand-mère au bonnet rouge qui fait la couverture de mon livre “56 000 kilomètres – un continent et des hommes” est une népalaise. Je l’ai pris en photo durant le trek des Annapurnas en Avril 2010. Je n’ai pas vraiment eu de contact avec elle. Isolée devant sa maison, j’ai pris son portrait mais n’ai jamais trouvé quelqu’un pour m’expliquer qui elle était. Depuis elle est devenue l’égérie de mon projet. Elle représente tout ce que je recherche : la beauté sans artifice des peuples oubliés. Je retourne la chercher dans quelques semaines en esperant qu’elle soit vivante. J’organise un grand projet autour d’elle pour lui faire construire une maison. J’ai d’ailleurs fait un appel aux dons sur le site KissKissBankBank pour ceux qui veulent m’aider. Tout y est expliqué en détail. (www.kisskissbankbank.com/ma-grand-mere-des-annapurnas)

Que retiens-tu d’une telle expérience ? 

Kares Le Roy : Ça fait un an que je suis rentré et j’ai à peine commencé à digérer ce voyage. Au début, j’avais surtout mille histoires à raconter. Tout se bousculait dans ma tête. J’en ai toujours autant mais je pense être plus à même de les partager. Le voyage apporte forcement une ouverture d’esprit mais il en faut aussi beaucoup pour partir… Je dirais qu’en dehors de la patience liée au voyage au long cours, j’ai surtout appris à regarder cette partie du monde d’une manière différente.

Comptes-tu recommencer sur un autre continent ?

Kares Le Roy : Non pas pour l’instant. Je reste concentré sur l’Asie, principalement sur le Moyen Orient et l’Asie Centrale. Je vais donc retourner en Iran et continuer a approfondir mon travail sur les pays de l’ancienne Perse dans l’année qui vient. Il y a suffisamment à faire dans cette région du monde avant de passer à autre chose. En parallèle, j’aimerais quand même pouvoir retourner en Égypte dès que possible et continuer mon approche des nubiens que j’ai commencé dernièrement. Ça reste un sujet qui me tient à cœur.

Quels sont les moments qui t’ont le plus marqué durant ton voyage ?

Kares : L’Iran, qui était le point central de mon voyage, est, et restera ce que j’ai vu de plus beau et de plus intéressant. Tant au niveau de la culture, des paysages, de la nourriture ou de l’accueil. C’était fabuleux et j’invite tout le monde à s’y intéresser. J’ai eu cependant 2 coups de cœur : Le Cachemire et le Tadjikistan. Perché sur les hauteurs du nord de l’Inde, le Cachemire est méconnu après 22 ans de guerres. J’y ai découvert un petit paradis sur terre avec, entre autre, le lac Dal à Srinagar. Là bas, le temps semble s’être arrêté! Au Tadjikistan, des matchs de Bozkashi aux Monts Fan, j’y ai découvert la source d’une culture séculaire.

Quelles ont été les entraves sur ton chemin ?

Kares : Il n’y a pas eu particulièrement d’entraves sur ma route. Certains pays comme l’Irak, que j’ai traversé peuvent paraitre compliqués mais on est souvent très surpris par ce qu’il s’y passe réellement. L’accueil est souvent beaucoup plus simple et agréable que l’on s’imagine. Les gens prennent soin de toi et veulent te protéger. Dans l’ensemble je pense que les seules choses vraiment pénibles quand on voyage, concernent l’administration, et cela pour presque tous les pays. Obtenir un visa relève souvent de la mission surtout quand on veut traverser des frontières terrestres qui sont beaucoup moins facile à franchir. J’ai perdu beaucoup de temps et d’argent là dedans, et j’ai même dû sauter par 2 fois des frontières en avion parce que je n’avais pas le choix! J’en garde de mauvais souvenirs et de la frustration..

Merci énormément Kares Le Roy d’avoir accepté de répondre à nos questions !

—————–

Pour rappel, Kares fait actuellement un appel aux dons pour retrouver sa Grand Mere et Annapurnas: le projet expliqué sur KissKissBankBank

Kares Le Roy tribu Tsaatan Mongolie
Kares Le Roy tribu Karen Nord Thailande
photo par Kares Le Roy lac Dal Cachemire
photo du golfe persique iran
femme kirghize photographiée par Kares Le Roy
 Buzkashi au Tadjikistan
par le photographe Kares Le Roy
photo de berger irakien
Le bassin d'ablutions à isfahan en iran
Kares Le Roy femme voilée
Kares Le Roy
Kares Le Roy
Kares Le Roy
Kares Le Roy
Kares Le Roy
Kares Le Roy
Kares Le Roy
Kares Le Roy photo d'enfants
photo mosquée par Kares Le Roy
Kares Le Roy asie
dans le désert par Kares Le Roy
incroyable mosaïque dans une mosquée
photo de femme par Kares Le Roy
des enfants à l'école, asie - Kares Le Roy
des enfants qui jouent
des enfants qui jouent 2
route par Kares Le Roy
porteur de souffre
photo du désert par Kares Le Roy

Vous pouvez également aller visiter son site web, et suivre son actualité sur facebook et twitter !

Partagez avec vos amis :)
A voir aussi !
« Réaliser le branding entier d’un festival… Mon plus grand rêve ! » : rencontre avec Lozo Illu, illustratrice aux idées colorées
Dune : Deuxième Partie, ou l’art de filmer des visages comme des paysages

Dune : Deuxième Partie, ou l’art de filmer des visages comme des paysages

Deux ans après le succès du premier volet, Denis Villeneuve…

3 mars 2024

A la rencontre de The Twins Soul

A la rencontre de The Twins Soul

The Twin Souls, duo formé par les frères Guilhem et…

27 février 2024

Antoine Duchamp
Article écrit par :
Photographe de mode, Ancien étudiant en design interactif et ancien rédacteur en chef de la section Beware Editorial dédiée à la photographie de mode.

Laisser un commentaire

1 commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.