Lia R. Pàris : Interview

Image d'avatar de V.GrünbaumV.Grünbaum - Le 12 août 2011

C’est très jeune que Lia R. Pàris tombe dans la marmite des Romans-Photos. Née en France d’un père artiste d’origine portugaise et d’une mère ancienne danseuse d’origine Suisse allemande que Lia grandit dans l’effervescence d’un univers gorgé d’influence aussi créative que diverse et riche.

Cet après-midi, j’ai rendez-vous dans son QG en plein cœur du Xème arrondissement, à l’incontournable Sweat Shop. Il n’est pas nécessaire de passer des heures avec elle pour saisir tout de la nature pétillante et radieuse de cette artiste parisienne, bouille mutine et gouaille à revendre. C’est sous la forme du roman-photo – qui nous rappelle ces vieilles séries T.V. – que Lia s’assume et croque son monde avec tendresse et auto-dérision.  Ses scènes pétillantes jouent avec les mots et les situations diurnes.

Parfois mélancolique, souvent drôlique, elle nous confie avec humour un témoignage de son époque à travers l’observation de ses pairs. Ses romans-photos mi réels, mi auto-fictionnels prennent l’allure de contes contemporains nourris du tracas du quotidien avec une fausse ingénuité qui fait mouche.

Rencontre avec une hyperactive atypique comme un coup de fluo dans la grisaille.

www.thisisvasistas.com

 

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Quel a été ton parcours ?

J”ai travaillé comme  assistante styliste chez Biba, très vite, je ne m’y suis pas sentie à ma place. J’ai tenu dix jours. Puis, j’ai été recommandé pour le Magazine Double où j’ai travaillé durant un an, mais là encore, leur état d’esprit ne me correspondait pas. J’ai continué plusieurs années à travailler dans la mode. Au bout d’un moment, je n’en pouvais plus. Je pense, être tombée dans ce microcosme trop jeune. Je ne me voyais pas devenir la nana de trente cinq ans, qui bosse frénétiquement dans la mode, sans jamais vivre au présent. C’est un univers, où il faut sans cesse penser aux tendances de demain. En été tu penses à l’hivers et en hivers tu penses à l’été. Entre temps, j’ai vécu quelques mois à New-York, qui m’ont énormément servi d’un point de vue créatif et d’ouverture d’esprit. 

 

Comment en es-tu arrivée à concevoir des Romans-Photos?

Je me suis toujours amusée à faire des collages. Puis, j’ai eu la chance de participer à quelques expositions assez jeune, C’était la galerie AAA. à la Slick. et à la fondation Emily Harvey à new-york et de fil en aiguille je me suis faite repérée par des magazines avec qui j’ai collaboré comme illustratrice. Depuis très jeune la forme du roman-photo me captive. Naturellement, l’idée m’est venue de les mettre en images. Lors de mes séjours à New-York et à Lisbonne, j’ai chiné de vieux romans-photos et de vieux Play-Boy, tout cet univers m’intriguait et m’amusait beaucoup à la fois. Ils me les faillaient tous ! Ces vieux magazines sont restés très longtemps dans un coin de mon bureau, et un jour j’ai eu envie d’en faire quelque chose.

 

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Pourquoi utilises-tu la photographie pour illustrer tes histoires?

L’idée de mettre mes histoires en images me paraissait comme la suite logique de mon travail. Il est vrai qu’au départ, la photographie n’était pas mon domaine de prédilection. Je réalisais énormément de collages, je collectionnais des images pour recomposer mon propre monde. Mais, j’avais véritablement envie d’utiliser la photographies pour mettre en image mes scénarios. Je ne pouvais tenir l’appareil, puisque mes histoire sont construites comme des auto-fictions où je me mets moi-même en scène. Il me fallait donc trouver un photographe et c’est Mélanie Petitqueux qui a tenu ce rôle.

 

Les histoires que nous livre à travers tes romans-photos sont-elles réelles ou fictives?

Pas mal de phrases sont piochées dans des conversations que j’ai pu avoir des amis. Après, plusieurs moments de vies peuvent être regroupées dans un seul roman-photo. Au moment de la rédaction, des jeux de mots peuvent me venir à l’esprit aussi. C’est un mélange entre la mémoire, l’instant présent et la spontanéité d’une situation.

 

Pourquoi avoir choisis le titre de “Vasistas” ?

Le titre Vasistas est venu spontanément en discutant avec ma mère. On a plaisanté autour de “was ist das ?”, et tout naturellement, le terme “Vasistas” en français est apparut comme une évidence: une petite ouverture sur le monde.  

 

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Quelles sont tes inspirations ?

Je m’inspire de lectures, films, magazines, et bien sûr d’expériences et dialogues de la vie courante. Je pratique le collage, l’écriture et la vidéo, le roman-photo a coulé de source.

 

Quel message tentes-tu de transmettre?

Je conçois davantage mes romans photos comme étant des témoignages de notre époque. C’est peut-être un peu prétentieux de dire cela, parce que mes histoires ne sont pas la réalité de tout le monde mais du moins d’une certaine population de jeunes artistes parisiens. Et puis, je me suis dit, que plus tard lorsque j’aurai des enfants ce serait bien de leur montrer comment fonctionnait notre époque (rires) !

 

Peut-on rapprocher ton travail à celui du journal intime?

Oui, en effet, c’est très proche de ce que je vis. Mais, je n’ai jamais tenu de journal intime. Ah! Si! Très jeune, j’ai dû écrire deux ou trois pages, c’était plein de ratures, ce n’était pas vraiment mon truc. Je les ai gardé bien enfermé dans une vieille boîte. Je conçois davantage mon travail comme étant une auto-fiction qu’une autobiographie. De plus, les modèles qui posent, sont souvent des amis, mais après mes histoires sont beaucoup plus fictionnelles qu’intimes. On joue un jeu avec un véritable travail de mise en scène qui se fait en aval. Ce qui est amusant, c’est que beaucoup de mes lecteurs penses que ce sont des histoires vraies, que je passe ma vie dans des cafés, alors que  ce sont de pures inventions !

 

Comment choisis-tu le thème de tes histoires ?

J’associe souvent mes histoires aux phases que je peux vivre dans ma vie. Je peux avoir soudainement une idée qui est inspirée d’un moment vécu. Il m’arrive même de couper une conversation de but en blanc parce que je viens d’avoir une idée ou bien une phrase clé m’est apparue. Mais la réalisation se fera plus tard, donc on re-contextualisera cette scène. Mais sinon, les idées peuvent me venir à n’importe quel moment que ce soit au réveil, au déjeuner, en soirée. Il m’arrive d’imaginer des dialogues lorsque j’assiste à une scène dans la rue. Les personnes me sont totalement inconnues et je leur invente une histoire. C’est souvent une phrase ou une situation qui me sert de point de départ et que j’ai envie de romancer. Mon carnet ne me lâche jamais. J’y note tout et n’importe quoi pour ne rien oublier. Il m’arrive aussi de partir d’une image et de réaliser l’histoire ensuite. Ou bien, encore, je m’amuse à changer l’ordre des images afin d’acquérir une toute autre narration que celle que j’avais en tête au départ.

 

Comment associes-tu les images avec le texte? Parfois, je trouve que le lecteur est très libre d’interpréter tes histoires, est-ce volontaire?

Effectivement. Pour mon dernier roman photo “Silencio”, j’ai décidé de ne faire parler aucun des personnages. Les images parlent d’elles-mêmes. Le Silencio, est le club conçu par David Lynch. Le fait qu’il n’y ait aucun dialogue, tombé sous le sens du chantier du Silencio. C’est un endroit très mystérieux, silencieux presque irréel de l’ordre du songe et du rêve.

 

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Tu as ton site internet où l’on peut trouver l’ensemble de ton travail sur le roman-photo, existe t’il en format papier ?

La saison 1 vient de paraître. On peut la retrouver dans plusieurs shop tel quel LazyDog, Colette ou encore dans certaines galeries : Yvon Lambert, Agnès b. ou Daniel Templon. A mon sens, c’est fondamental d’avoir un livre imprimé qui rassemble une partie de mon travail. Je tiens beaucoup d’importance aux beaux objets et aux livres d’artistes. Internet est un outil fondamental, mais un livre on peut le lire et le relire à n’importe quel moment et l’avoir en permanence sur soi.

 

Comment vois-tu évoluer ton travail ?

Oh ! Je ne projette pas trop. J’anticipe au fur et à mesure. Je ne préfère pas trop en parler je suis superstitieuse (sourire)!

 

Et pour terminer, quel a été le rêve qui t’a le plus marqué ?

Oh ! Je ne sais pas … Si! Je me rappelle d’un rêve. J’étais à New York et dans mon rêve j’ouvrai mon frigidaire où se trouvait du toFu dans le quel gesticulait une drôle de forme.


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V.Grünbaum
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3 commentaires

  • Interview-catastrophe d’une artiste minette sans intérêt.

  • Un travail d’introspection réussi qui a pour (bon) résultat un article intéressant et complet. On est bien immergé dans l’univers artistique et très intéressant de la jeune artiste mais qui semble un peu trop léger à mon goût (paraître>être ?). Pour ce qui est des fautes de frappe, la fatigue doit en être la cause principale.

  • Article et travail intéressants, mais attention aux fautes d’orthographe, ça perturbe la lecture et la compréhension.

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