LES RECUPERABLES : « PHOENIX TEXTILE »

Image d'avatar de Apolline LimosinoApolline Limosino - Le 15 novembre 2016

 Je retrouve Anaïs Dautais Warmel au fond d’un atelier d’artistes dans l’Est parisien, à Montreuil. Au fond à gauche, elle est là, toujours au top. Elle revient de loin, elle est ses vingt-neuf années de joie de vivre, elle est formidable. De son enfance entre la Charente Maritime, la Dordogne et la Polynésie, elle a acquis de fortes valeurs et est devenue une vraie économe. En grandissant au sein d’une famille vivant l’économie du partage, son enfance fut clairement écologique, évoluant autour du potager familial et recyclant jusqu’au compost : ce fut clairement une première sensibilisation, via l’alimentation. Et ce véritable terreau fertile lui procura une belle conscience de consom’action. L’enfance, c’est fut aussi l’époque des premières heures de stylisme pour Anaïs, accompagnée de sa grand-mère qui la guide et l’accompagne dans sa première confection de robe de poupée.

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Ensuite, elle poursuit des études de langues étrangères appliquées au commerce international. Voguant pour six mois au Brésil, Anaïs retrouve le tremplin de la récupération en étant farouchement surprise par l’artisanat de recyclage des déchets. De retour en France, passant par Nantes et s’essayant au journalisme, Anaïs trouve enfin sa révélation, au 6 rue Saint Maur à Paris. Dans un ancien squat, c’est ici que se tenait la Petite Roquette. Un milieu alternatif et associatif dans la capitale, situé sur une ancienne annexe des prisons de la Roquette. La Petite Roquette crée aussi une Ressourcerie qui charme Anaïs et lui propose de construire une toute petite roquette qui serait ainsi « la crème de la crème de la friperie » et qu’elle agrémenterait de conseils morphologiques, de conseils en image. Anaïs se définit comme une « enragée douce » et souhaite passer par l’action car en agissant sainement et consciencieusement, « tout est possible ».

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Fin 2014 germent Les Récupérables. Grâce au soutien et à l’accompagnement de la Petite Roquette – qui accepte de mettre à disposition d’Anaïs une personne pour réaliser les vêtements – l’idée arrive à aboutir. L’idée, donc, c’est d’agir sur le gisement textile. La mode est la deuxième industrie la plus polluante après le pétrole, alors autant recycler la matière : rideaux, nappes, édredons, chutes de tissus d’ameublement, torchons, draps… Anaïs décident des modèles, racontent leurs histoires et de jeunes couturières les réalisent. « C’est dans la contrainte qu’on trouve la liberté » et elles aiment ça, détourner pour faire ressusciter le textile, comprendre les chakras de la matière.

En avril 2016 Les Récupérables s’installent au Jardin d’Alice à Montreuil, un collectif d’artistes pluridisciplinaires. Le vintage est de meilleure facture, et le deuxième cycle du tissu est extrêmement enrichissant : c’est accepter leur histoire et leurs marques. Partenaires de la Ressourcerie de la Petite Roquette et de la Fabrique à neuf de Ris Orangis, les Récupérables lavent les tissus à froid ou à 30 degrés si besoin est avec une lessive – forcément – écologique puis les sèchent à l’air libre.

Prendre connaissance de la valeur-vêtement, porter des vêtements respectueux pour l’environnement et issus de conditions de travail bienveillantes semblent a priori essentiel, et néanmoins cela reste assez rare. “La mode éthique a des raisons que la fast fashion ignore.” Les Récupérables sont donc une perle précieuse qu’il faut absolument suivre et déceler lors de leurs ventes secrètes dans des lieux insolites tels que salons de coiffure ou restaurants. Elle songe à vendre en ligne mais reste réticente quant au bilan carbone que cela engendrera. Mais déjà, elle imagine un système de vente logistique par covoiturage.

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Quatre collections par an, respectant réellement les saisons, Les Récupérables raffolent des imprimés fleuris, psychédéliques, vintage up daté. Les formes sont très années soixante-dix, non loin des tendances de mode du moment sans pour autant s’enfermer dedans. Anaïs me dit dans un sourire à fossettes qu’elle souhaite toujours « sortir un peu des sentiers cousus. »

Les Récupérables, c’est avant tout un club armé de Maëlys, une talentueuse styliste de formation, d’une excellente photographe, Lucie, de jeunes stagiaires et des mannequins comédiennes ou hit girls afin de mettre en lumière plutôt une personnalité qu’un simple corps. Et lors de défilés – comme celui organisé par Ethipop – sous la direction artistique d’Anas – à l’hôtel Renaissance en septembre dernier, les mannequins dansaient, vivant réellement le vêtement. Les valeurs portées par les Récupérables se partagent par toute une communauté : 4 500 followers sont ainsi arrivés par un drainage naturel de bouches à oreilles évident puisque cette marque est un vrai mouvement dans la fashion revolution. Il faut « faire sa part », m’assure Anaïs citant Pierre Rabhi. Et ici l’envie de chacune de faire un effort est toujours avec joie et conviction.

Les Récupérables caressent la perfection au niveau de l’économie circulaire, preuve en est du tri de leur propres chutes de vêtements qui voyagent dans de nouvelles ressourceries. Anaïs, belle chef de file des Récupérables ne cesse de faire preuve d’ingéniosité et de beau sens face aux enjeux écologique, et cela en passant par le prisme de la mode. Que demande le peuple ?

Passer faire un tour sur le site des Récupérables http://www.lesrecuperables.com/et leur compte Facebook est recommandé, voire quasiment obligatoire à ce stade de la lecture.

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