Saisir l’insaisissable, Richard Mosse

Image d'avatar de Lauren MagotLauren Magot - Le 10 février 2015

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Telle est la qualité d’un photo-journaliste et celle de Richard Mosse donc. Interpelé par le conflit civil et paramilitaire en République démocratique du Congo ayant fait plus de 5 millions de victimes depuis plus de 20 ans, Richard Mosse a commencé à documenter la vie quotidienne dans cette zone de conflit en 2011, qu’il a retranscrit dans la série Infra, dont on avait parlé dans Beware à l’époque (lien). La démarche de Mosse tient au fait que ce conflit para-militaire officiellement terminé selon les nations unies mais qui continue d’exister, est une réalité souvent ignorée des médias.
Mosse veut donc par son travail, rendre visible ce qui ne nous est pas montré. Durant son deuxième voyage en 2012-2013, il est accompagné de Trevor Tweeten, un directeur de photo et de Ben Frost, un compositeur de musique, avec lesquels il a donc réalisé un documentaire de 40 minutes, The Enclave. Comme pour Infra, il utilise la pellicule infrarouge Kodak Aerochrome, qui traduit ce qui est vert en rose, autrement dit, qui rend visible, l’invisible. Cette stratégie qui nous amène à voir l’invisible est une belle métaphore pour dénoncer ce conflit trop souvent oublié.

mosse richard

La trame sonore du documentaire est composée d’enregistrements faits sur le terrain, qui donne une impression d’immersion sensorielle où on se sent vraiment pris à partie. Les six écrans suspendus projettent des images simultanément et on se sent comme devoir faire un choix d’où regarder.

L’expérience devient angoissante et déstabilisante.

 

Richard mosse photographie

Of Lillies and Remains

En s’intéressant au travail de Mosse, on se demande comment il parvient à s’immiscer dans cette jungle humaine où règne violence et massacres quotidiens. Et on se questionne enfin sur le regard qu’on porte ou pas à ce conflit.

Le documentaire est encore visible jusqu’au 08 février 2015 au DHC/ART, au 465 rue Saint Jean, à Montréal.

www.dhc-art.org

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Lauren Magot
Article écrit par :
Chroniqueuse photo

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