« Le premier clip de Richard David James aka Aphex Twin depuis 17 ans ! »
C’est le genre d’infos qui avaient confirmé l’approche de nouveauté chez le producteur anglais le 21 juin dernier, avec le clip de CIRCKLON3. Le clip est aussi brillamment tordu que son créateur : danse et agitations face caméra avec un masque un poil glauque arborant le visage de l’artiste. Voilà. Mais côté son, une mélodie aux couleurs 8-bit, qui rappelle une lointaine époque vidéo-ludique attire l’attention. C’est cool, plutôt entraînant, un peu étrange, mais l’expérience est intéressante. D’habitude planant voire bizarre dans ses compositions, on se rend vite compte avec ce premier aperçu qu’Aphex Twin a choisi de se concentrer davantage sur le timbre de ses vieilles machines, que sur l’espace qu’occupe leurs sons.
Avant de continuer, précision sur le terme expérience utilisé plus haut, qui n’est pas anodin : Cheetah, c’est ici un synthétiseur, un synthétiseur des années 80 méconnu et difficile à trouver. Le modèle MS800, victime d’un flop total à cause de sa difficulté d’utilisation et de son caractère imprévisible, est souvent qualifié de pire synthé jamais inventé. Mais bon, Aphex Twin s’en fout, il a d’ailleurs choisi de faire un EP avec.
Le reste de l’EP colle un peu plus à l’image du producteur tout en restant dans cette veine de la quête du meilleur son imaginable avec l’outil le plus pourri possible. Le morceau CHEETAHT2 offre des sons qui se réverbèrent de tous les côtés, CHEETAH7b et 2X202-ST5, plus mélodiques que les autres, font elles aussi l’apologie du son vintage des synthés. Bref, malgré le côté expérimental de la chose, c’est agréable à écouter et on sent bien que l’artiste maîtrise son sujet.
Deux aliens subsistent dans la tracklist : CHEETA1b ms800 et CHEETA2 ms800. Si vous avez du mal avec les titres, ces deux là correspondent aux 30 secondes ou vous avez douté du bon état de vos écouteurs ou de vos enceintes. On met ça sur le compte du synthé, qui après écoute, a en effet l’air vraiment compliqué.
Lorsqu’on compare ce nouvel EP avec ses précédents travaux, la différence n’est pas flagrante : c’est toujours du Aphex Twin, c’est sûr. En revanche l’absence de samples de voix ou d’instruments acoustiques est étonnante, et le tempo plus lent que d’habitude se fait également sentir. C’est sans doute de là que vient cette drôle d’impression 8-bit alors qu’on y est pas tout à fait.
Bon on sait, c’est pas évident à écouter et que ce sera difficile à placer dans votre playlist de soirée, mais là n’est pas la question, car Aphex Twin livre un EP assez remarquable tant dans sa maîtrise du son que dans son extravagance musicale. Une expérience audacieuse et difficile du génie électronique de Richard David James.