Thomas Dagnas - Le 13 août 2024Grand amoureux de l’esthétique pop du milieu du XXe siècle, le peintre japonais Hiroshi Nagai rend hommage à la côte californienne à travers des peintures exquises.
À la fin des années 1970, lorsque le courant artistique de la city pop prend de l’ampleur au Japon, Hiroshi Nagai, alors la vingtaine, saute dans le wagon de ce style. Caractérisé par l’utilisation de couleurs vives et de traits très épurés, le style met en avant les éléments caractéristiques de l’Amérique marchande de la décennie des seventies. Son fondateur, Tatsuro Yamashita, dessine des diner ou encore des façades de disquaires, le tout sur des pochettes d’album ou de singles.
Hiroshi Nagai, fasciné par cette esthétique, va l’adapter à sa sauce, en se focalisant sur les paysages californiens des années 1950. Un bon dans le temps qui le distingue.
Immersion sur les plages de la West Coast
Sa porte d’entrée sur la Californie, cet état américain bordant l’Océan Pacifique, se fait au tout début de sa carrière avec la série Poolside. Hiroshi Nagai ne met pas encore les pieds sur le sable chaud des plages de Los Angeles ou San Diego mais s’intéresse aux piscines des foyers environnants. À travers ses premières œuvres, on décèle déjà son style si particulier. Les traits sont rectilignes, fins, gomment les aspérités et les défauts des objets pour peindre une situation quasi irréelle. Le bleu turquoise de l’eau des piscines se confond au bleu azur puissant du ciel, les éléments s’entrechoquent.
Au fil des années, en restant sur la même thématique californienne, Hiroshi Nagai déplace son cursus vers les littoraux. Il peint désormais les parkings bordant les plages, en dessinant aussi les voitures élégantes des fifties.
Les végétaux deviennent aussi partie intégrante de ses toiles. Il peint avec des couleurs vives des buissons fleuris, dessine des immenses palmiers très courbés, qui plantent le décor féerique de la Californie au milieu du XXe siècle.
Hiroshi Nagai met en avant l’architecture moderne
Au travers de ses paysages idylliques, le peintre japonais puise aussi dans des influences venant d’autres arts. C’est le cas de l’architecture. Inspiré par des constructeurs modernes comme l’américain Richard Neutra, il dessine des maisons aux formes géométriques parfaites. Ces maisons et villas, symboles de l’uniformité moderniste qui prend petit à petit le pas sur l’architecture mondiale, sont magnifiées sous les traits du peintre qui en fait les éléments centraux de ses tableaux.
Hiroshi Nagai peint même des œuvres où l’environnement nocturne laisse apparaître les buildings éclairés de Los Angeles. Il garde tout de même ses teintes de couleurs emblématiques, à savoir les nuances violettes de couchers de soleil inoubliables.
Une esthétique utilisée sur des pochettes d’albums et de singles
À la manière de l’une de ses premières inspirations : Tatsuro Yamashita, qui lui aussi réalisait des œuvres sur commande, Hiroshi Nagai va se lancer dans ce « business ». Heureux hasard ou choix logique, ses paysages plaisent énormément aux groupes de musique de city pop et synthpop japonais et américains. Beaucoup décident de contacter le peintre japonais pour lui demander de réaliser la pochette de leur single ou de leur album.
Hiroshi Nagai garde sa recette et transpose son esthétique à la communication visuelle de groupes comme AAA, ou encore de chanteurs comme le jamaïcain Max Romeo ou le japonais Eiichi Ohtaki.
Pour ce dernier, il réalise la pochette du premier disque du compositeur de pop japonaise : A Long Vacation, un visuel qui sera récompensé par Sony Music Entertainment Japan, qui lui offrira le titre de « meilleure pochette d’album de l’année 1981 ».
Via ses œuvres, on distingue deux pans du phénomène Hiroshi Nagai. On remarque évidemment son amour pour la côte californienne, toile de fond et de premier plan de ses tableaux. Mais on aperçoit aussi l’âme nostalgique du peintre, lui qui remonte dans le temps pour peindre l’utopie américaine de la sortie de guerre. Il idéalise forcément ces lieux, en poussant la vivacité des couleurs et l’ambiance apaisante des situations qu’il dépeint. Un style utopique, qui fait rêver, voire rassure le spectateur une fois confronté à ces magnifiques cartes postales.
Bons baisers de Californie !
Signé : Hiroshi Nagai.
Pour retrouver le travail d’Hiroshi Nagai, suivez le sur Instagram.
