Blek le rat de son vrai nom, Xavier Prou est l’un des premiers artistes graffiti à Paris et le fondateur du mouvement du pochoir. Il est reconnu au niveau international. Portrait d’un artiste engagé.
Blek Le Rat?
Ses débuts
Blek Le Rat commence par étudier à l’École des Beaux Arts de Paris en 1972, poursuit son parcours dans divers ateliers de gravure et de lithographie et étudie ensuite l’architecture à “Paris La Villette” en 1977. Il commence le graffiti avec un ami sous le nom de groupe “Blek”, après avoir observé des enfants peindre sur une cabane en métal.
Sa technique : le pochoir
Le groupe s’essaie d’abord au lettrage classique américain. Par manque de technique, l’idée du pochoir vient lorsqu’il se remémore un souvenir de vacances
Je me suis souvenu d’un voyage que j’avais fait en Italie avec mes parents quand j’étais gosse dans les années 60. À Padoue, j’avais vu le portrait de Mussolini peint au pochoir, vestige de la seconde guerre mondiale. Les fascistes italiens faisaient leur propagande de cette façon avant et pendant la guerre. Je me souviens encore très nettement de ce profil, avec un casque. Le pochoir fonctionnait bien avec la bombe, on pouvait le préparer dans son atelier.
Blek fabrique des pochoirs le jour et les utilise la nuit sur des murs de maisons abandonnées. “Dans la rue, quand on fait des graffitis il faut agir vite et bien. L’image que laissait le pochoir était impeccable, le pochoir et la bombe de peinture étaient une technique parfaite pour ce genre d’expression.”
En 1982, “Blek” devient “Blek Le Rat” :
J’ai pris dans le journal Libération la photo d’un vieil Irlandais de Belfast qui était en train d’engueuler des soldats anglais et je l’ai peint dans plusieurs villes de France au pochoir. L’impact a pris une dimension à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Je retrouvais mon pochoir dans différents journaux pour traiter des sujets qui n’avaient parfois rien à voir avec le graffiti…
Il continue jusqu’en 1992 où il est condamné pour “dégradation de biens appartenant à autrui” et décide alors de dessiner sur des affiches avant de les coller sur les murs de la capitale.
Pourquoi ce pseudonyme ?
C’est dans la bande-dessinée “Blek le Roc” que Blek Le Rat trouve l’inspiration de son pseudonyme. Blek le roc est un personnage de bande dessinée créé en Italie en 1954, qui se sacrifie pour la justice.
Ses oeuvres
Sa première référence: l’Amérique
À New York, en 1971, en plein essor hippie, dans le quartier de Greenwich Village, Blek Le Rat découvre les tags. Pour lui, “C’est une prise de parole par l’image”. Le travail du peintre et photographe David Hockney, figure du mouvement pop-art des années 60 l’influence avec son film “The Bigger Splash” où l’on voit un homme peindre un visage sur le mur d’un appartement.
Les villes fleurissent d’intentions poétiques, animées par les couleurs de nos bombes aérosols.
Blek Le Rat
Le rat
ART devient RAT, qui pour Blek Le Rat est “le seul animal qui survivra l’apocalypse”, un être libre, agile et symbole underground. Comme eux, il jaillit des sous-sols et se joue de la police pour inscrire des messages et des images sur les trains, les métros, les murs… Un rat qui nous renvoie à notre condition, à quelque chose qui ne va pas, un désastre, une maladie, de la saleté…
L’individu
Ses œuvres représentent souvent des individus solitaires et anonymes que l’on peut croiser dans l’espace urbain: des femmes, des enfants, des vieillards ainsi que, des célébrités comme Buster Keaton, Tom Waits, Andy Warhol, Lady Diana.
Dans cette vidéo, Blek Le Rat se confie sur ses débuts.
Un artiste engagé
Politique
Au milieu des années 2000, son travail prend une allure plus politique. Il colle des centaines d’affiches qui représentent la journaliste Florence Aubenas, retenue en otage pendant près de 6 mois en Irak en 2005.
Social
En 2006, touché par la misère sociale et l’individualisme de son environnement urbain, il réalise de nombreuses œuvres.
Pour moi, mon art dénonce et alerte l’injustice et ce qui me révolte, une révolte contre l’art académique établi. Je préfère que les gens se fassent leurs propres opinions face à mon travail et arrivent à leurs conclusions personnelles sur le sens et le message qu’il communique.
La série des mendiants apparaît pour interpeller les autorités.
Universel
Dans un désire de rapprocher les gens de l’art, Blek Le Rat cite les grands classiques comme Le Caravage, Michel Ange ou Leonard de Vinci.
Je voudrais faire sortir les personnages des musées pour les rendre aux gens de la ville.
Son travail : une référence
Reconnaissance
Au début des années 80, Blek Le Rat passe de la rue aux galeries pour “aborder la toile comme une trace de son travail sur un support qui ne soit pas périssable.” Son travail est reconnu et exposé à la galerie LOFT, rue des Beaux-Arts dans le 6ème, la galerie « Jean-Paul Christophe avenue Matignon dans le 8ème ou encore la galerie Sanguine rue Spontini dans le 16ème. Le 5 Avril 2008, à la Subliminal projects Gallery de Los Angeles, il réalise une exposition “Art is not peace but war” qui se traduit mot à mot en Français par “L’Art n’est pas la paix mais, la guerre”.
Le 4 février 2015, le dessin à l’aquarelle “Guido Reni Revisited” réalisé en 2012 s’est vendu 16 500€ chez Artcurial.
Des artistes le suivent…
Blek Le Rat est vu comme le pionnier du street art et le maître de Banksy qui déclare sur lui: ” À chaque fois que je crois avoir peint quelque chose d’original, je découvre que Blek Le Rat l’a non seulement déjà fait, mais 20 ans auparavant !”. Blek Le Rat dit que “Banksy, parce qu’il est devenu célèbre très rapidement, a donné de l’ampleur au mouvement du pochoir”. Le rat de Banksy est-il inspiré du rat de Blek Le Rat? Il admire les travaux de Mark Jenkins et de Swoon qui sont selon lui “vraiment plus forts”.
En tant qu’artiste, je ne pense pas qu’à ce stade on invente vraiment quoique ce soit. Pour moi, il s’agit plus de me concentrer sur un souvenir que j’ai pu avoir que d’inventer un truc nouveau.
Les gens recréent ce qu’ils ont vu, mais avec leur propre vision. Je ne crois pas au peintre qui dit j’invente ceci ou cela. Ça n’existe plus. La seule chose qui vous différencie, c’est la manière de faire. J’admet volontiers m’être inspiré, dans ma vie, de beaucoup d’endroits différents.
Découvrez l’ensemble de ses création artistiques sur son site internet :