« Je suis une observatrice passive ; [ma] peinture donne toujours le point de vue d’un observateur extérieur ». Dans sa nouvelle série, Service, Caroline Walker nous donne à voir des travailleuses pensives, sur leurs lieux de travail.
Déambulant dans les rues de Londres entre 17h et 19h, alors que la ville vit ses ultimes soubresauts, l’artiste écossaise photographie des scènes citadines que nos préoccupations nous dérobent – une couturière s’appliquant sur les dernières mesures, une vendeuse esseulée, une serveuse sur le départ, des cuisinières en fin de service… Elle les retranscrit ensuite en peinture, le seul medium, selon elle, permettant ce mélange « de réel, de mémoire et d’illusion ».
« Ma perspective sera toujours tirée de mon statut de femme »
L’observateur se délecte de ce voyeurisme bienveillant, dirigé vers des femmes rêveuses, parfois esseulées. Qui sont-elles ? A quoi songent-elles ? La peinture à l’huile crée ce flou délicat qui distancie la curiosité, prolonge l’imaginaire et protège l’identité de l’objet de notre attention, à une époque où la frontière public/privé semble vivre ses derniers instants.
La symbolique de ces figures féminines solitaires, laborieuses, comme en attente, dévoile bien plus qu’aucun selfie ne pourra jamais offrir : la femme n’est plus cet autre mystérieux, mais devient, indistinctement, notre propre reflet.
Images@Caroline Walker (GRIMM Gallery)