Tout juste sortie de l’école Kourtrajmé où elle a étudié durant un an, Cécile Cornet, peintre aux multiples talents, laisse transparaître dans ses tableaux une véritable ode à la féminité et au pouvoir. Enchaînant les expositions dans différents lieux culturels parisiens comme le 104, la galerie L’Expo Montmartre ou encore la galerie Continua, l’artiste a accepté de répondre à nos questions afin de percer à jour le secret de son talent inné.
Une artiste autodidacte
Originaire du Sud de la France, Cécile Cornet a toujours rêvé de devenir une artiste depuis ses plus jeunes années. Bercée par les vidéos de l’opéra imaginaire (long métrage constitué de douze opéras animés) que lui faisait regarder sa grand-mère quand elle était plus jeune – qui selon elle fut un réel éveil culturel – ou encore les clips diffusés sur MTV qu’elle regardait en rentrant des cours, l’artiste-peintre a su créer sa fibre artistique à travers différentes sources d’inspiration qu’elle a côtoyé tout au long de sa jeunesse. “Récemment, j’ai découvert une artiste qui s’appelle Anna Fox aux Rencontres d’Arles. C’est mon dernier coup de cœur. Elle avait présenté une espèce de petit livret qui m’a véritablement bouleversée.” raconte Cécile Cornet. Dans celui-ci intitulé “My Mother’s Cupboards and My Father’s Words” (les placards de ma mère et les mots de mon père) était présent plusieurs textes narratifs accompagnés d’images dénonçant une relation toxique entre la mère et le père de l’artiste.
Après l’obtention de son master en histoire du genre et de la signature de son premier contrat de travail, elle décide suite à un déclic de laisser tomber son poste dans la culture et le patrimoine pour devenir artiste peintre à part entière et tenter sa chance à Paris en intégrant la section Art et Image de l’école Kourtrajmé.
Cécile Cornet a le mérite d’être une artiste autodidacte. Passionnée par le dessin quand elle était petite et ayant suivi des cours durant ses années lycées, l’artiste se spécialise par la suite dans la peinture en apprenant par elle-même les techniques de création. “Du jour au lendemain, j’ai tout lâché pour me lancer en autodidacte dans l’art. Au départ, j’ai commencé à peindre mes toiles chez moi. Durant un an, j’ai travaillé toute seule, en essayant également de me faire un réseau. Ce qui m’a fait décoller, c’est mon entrée l’année dernière à l’école Kourtrajmé.” dit Cécile Cornet. Et c’est le cas de le dire, sa carrière a véritablement pris son envol le jour de sa première exposition au 104, organisé par l’école Kourtrajmé, où les artistes devait répondre à différents questionnements, à savoir la perception du corps, les diktats de la beauté ou encore l’amour ardent d’une adolescence en détresse. Fondée par le réalisateur césarisé Ladj Ly, l’école Kourtrajmé est une école de cinéma accessible à tous et donne la possibilité à ceux qui n’ont pas les moyens de se faire une place dans le milieu.
De l’intelligence dans ses toiles
C’est lors de son master en histoire du genre que Cécile Cornet s’est intéressée de plus en plus au féminisme, qu’elle utilise beaucoup dans ses œuvres aujourd’hui. La peintre est avant tout une artiste engagée. “Il faut toujours que je puisse faire passer un message dans mes réalisations, quelque chose qui puisse faire réfléchir et se poser des questions.” ajoute Cécile Cornet. Les représentations que l’artiste fait dans ses œuvres sont tirées pour la plupart de recherche, de lectures, de chiffres qu’elle peut trouver sur le sujet. “Dans mon œuvre “Abnégation », j’ai voulu témoigner un sentiment d’impuissance et de mutisme face à certaines situations sociales où généralement nous n’osons pas nous opposer à certains discours, à certaines personnes. Puis, il y a ce moment où l’on décide de se lever, de réagir, de s’imposer et de ce fait de sortir de l’abnégation” ajoute Cécile Cornet
Son objectif ? Représenter au millimètre près les causes qu’elle souhaite défendre à savoir les causes sociétales comme les inégalités. “Je suis dans une pratique où je ne dissocie pas vraiment mes recherches historiques et sociologiques de ma pratique. Vu que j’ai quand même été entre guillemets à la recherche de tout ça, je pense que mes tableaux amènent exactement des faits qui me tiennent à cœur.” dit Cécile Cornet. Revolver à la main, mains manucurées, et tenue impeccable, la femme dans ses tableaux est représentée comme une muse dotée d’une puissance à couper le souffle que rien ne peut arrêter.
“ Dibutadès est la première toile que j’ai réalisée dans mon triptyque, qui est un peu le point de départ de ma réflexion. Il s’agit de la représentation du mythe de Dibutadès. C’est l’histoire de cette femme qui au moment du départ à la guerre de son amant, va se saisir de charbon et dessiner son ombre sur le mur. Comme pour le garder avec elle. Dans la mythologie grecque, c’est l’invention de l’art pictural, de la peinture. J’y ai vu un symbole très fort : ici la femme est l’artiste et l’homme son modèle.” ajoute la peintre.
“A l’assaut du ciel, aborde la question des violences gynécologiques. Elle dénonce l’autorité médicale souvent exercée sur le corps des femmes et des minorités de genre. On retrouve un système de domination et le champ lexical de la guerre, sur un élément naturel et créateur qu’est le ciel, faisant référence directement à la pensée écoféministe.” explique Cécile Cornet.
Couleur et réflexion
Son processus créatif reste le même depuis ses débuts. Avec son pinceau, Cécile Cornet commence un travail minutieux et de longue haleine. “ Avant de me lancer sur la toile, je vais commencer par faire des croquis représentant mon sujet. Il faut que ce soit un symbole qui parle à tout le monde. C’est un travail assez méticuleux, je suis perfectionniste […] Je pense que c’est ce qui définit ma peinture. Je n’utilise jamais de grands gestes, tout est vraiment carré au millimètre près, il y a une espèce d’organisation dans mes toiles.” ajoute Cécile Cornet. L’artiste a généralement deux manières distinctes pour peindre ses œuvres. En effet, la méthode que l’artiste utilise pour la conception d’une œuvre exposée dans une galerie est différente de celle faite pour elle-même. “ Lorsque c’est un sujet donné, je vais lire ce qui m’inspire que ce soit des choses très politiques, des écrits d’histoire et sociaux qui vont me permettre de guider mon inspiration. “ raconte Cécile Cornet. Ses travaux sont donc un véritable mélange de différentes connaissances que la peintre va puiser dans d’intenses recherches ce qui donne à ses œuvres une singularité et une perspicacité de par les sujets maîtrisés à la perfection.
Avec ses notes colorées, les œuvres de Cécile Cornet peuvent faire croire à des représentations joyeuses de scène de vie alors que l’artiste démontre tout autre chose. “ Les couleurs présentes dans mes tableaux permettent d’attirer l’attention sur des sujets sérieux. C’est un peu une manière publicitaire d’attraper le visiteur sur le sujet dont je veux parler.” dit Cécile Cornet.
La peintre occupe actuellement et ceux durant deux mois les ateliers de la Caserne de Paris à Château Landon, qui cible plus particulièrement les jeunes créateurs spécialisés dans la mode éthique. “Le but durant ces deux mois de résidence, c’est de préparer le Conscious Festival qui aura lieu à partir du 24 septembre et qui posera une véritable question écologique.” ajoute la peintre. Cécile Cornet a donc plusieurs cordes à son arc pour se faire une place dans le milieu artistique et de ce fait devenir comme les femmes de ses tableaux, une femme puissante.
Retrouvez les œuvres de Cécile Cornet sur son compte Instagram.