Une signature bien définie. David Scherman, autrichien expatrié, repère et photographie le monde à travers ses voyages, ce qu’il est et comment il évolue. Il est un témoin silencieux, ne parlant qu’à travers les images.
Il collabore pour ses collections de photographies avec des artistes qui écrivent des textes sur ces photos. Ces textes accompagnent les photographies, les décrivent presque : c’est un complément aux images. Ce n’est pas Scherman qui parle mais bien des collaborateurs, lui s’exprime rarement ou seulement avec quelques mots pour signer ses collections. Ils ajoutent de l’information sur la ville où sont prises les photos, comme pour en expliquer l’enjeu. Par exemple pour la série “Insomnia”, prise à Honk-Kong en pleine nuit, on pourrait penser qu’elle a été réalisée durant les insomnies du photographe. Le texte explique en fait que la notion d’insomnie est là car Honk-Kong est la ville la plus illuminée du monde et que cela a des conséquences sur ses habitants. “La pollution lumineuse n’a pas qu’un impact sur la flore et la faune, elle en a sur les résidents d’Hong-Kong, spécialement sur la qualité de leur sommeil et leur bien-être. La lumière artificielle omniprésente la nuit influence leur horloge interne (…)“
Très réaliste mais également très utopique. David Scherman peut retranscrire directement sans filtre comme ré-inventer les paysages qu’il capture. Tout son travail s’articule autour du voyage. Du même coup, ça nous fait à notre tour voyager. On visite une multitude de villes, de continents à travers une quinzaine de photographies de Scherman. Il agit comme un témoin du quotidien qui définissent les villes dans lesquelles il va : la circulation et la fréquentation humaine. Mais il s’éloigne aussi des villes pour nous montrer les campagnes habitées.
Il est autrichien mais expatrié, pour son travail. Il revient pourtant dans son pays natal pour livrer un témoignage, comme dans ses autres œuvres. Ici, dans la série « Grenzland », il explique qu’en Autriche, les villages sont désertés par les jeunes pour y laisser une population vieillissante. Donc on y voit ce qui compose le quotidien de la communauté : l’église, la chasse, les repas de fête. Il y glisse un contraste, comme un paradoxe, des éléments qui appellent la jeunesse pour accentuer la comparaison vieux-jeunes.
En fait David Scherman cherche à capturer la beauté travers son objectif. Il voyage dans beaucoup de pays, trouve des endroits atypiques ou pas, mais dans tous les cas sublimes. Il ne met pourtant pas l’humain en dehors de ce qu’il met en scène, puisque beaucoup de ses photos sont composées de modèles qui posent devant l’objectif. Il s’applique à rendre le même esthétisme lorsqu’il est question d’homme ou de femme, jouant avec les couleurs, les ombres, le cadre.