Alexis Pazoumian a décidé de dévoiler le nouveau visage de la favela, trop souvent symbole, du fait de nombreux évènements sanglants relayés par la presse, de la violence et de la misère qui ternit l’aura d’un Rio de Janeiro poumon festif et allégorie de la douceur de vivre à la brésilienne.
En Avril dernier encore, le décès d’un Dj, battu à mort par erreur par une milice étatique censée sécuriser la favela dans le cadre de l’opération “Pacificación Domingo” à l’approche de la Coupe du Monde a fait sombrer la population au cœur d’émeutes particulièrement violentes.
C’est dans ce contexte de pré-mondial que le réalisateur Alexis Pazoumian a décidé d’allumer sa caméra. En 2012 et à la faveur d’un échange scolaire, il décide de s’installer à Rio. Pendant six mois, il arpente les rues de ce qui deviendra très vite pour lui un vaste terrain d’exploration, tant sociologique qu’humaniste.
Le garçon est un conteur : nul besoin d’arbre à palabres, lui fait vœu de silence pour offrir aux protagonistes de son documentaire la liberté de narrer leurs récits, leur Brésil. Vidigal, Rocinha, Chapeu Mangueira, Cantagalo et la Cidade de Deus, la tristement célèbre Cité de Dieu, autant de favelas dans lesquelles Pazoumian souhaite avant tout faire parler ses habitants, ces laissés pour compte qui assistent jour après jour aux mutations de leur pays sans pouvoir vraiment y prendre part.
Ecouter ceux à qui il n’est prêté que trop peu d’attention : « mon objectif était assez simple, et en apparence tout à fait banal : offrir un point de vue objectif sur la population des favélas, en la saisissant, le plus possible et par la photographie, dans son environnement quotidien. Toutefois, les photos révélèrent des situations prises sur-le-vif d’un contraste étonnant. Pour ce faire, il fallait habiter la favéla, franchir les frontières géographiques et mentales, dépasser ses ruines apparentes et les préjugés qu’on s’était si longtemps formés sur elle ».
Il y est question de bonheur, de la fierté d’appartenir à une communauté où il fait bon vivre, contre toute attente. Ecoles, commerces, églises, rien ne semble contrecarrer ici la marche de l’existence, même ces logements aux façades aussi colorées que délabrées. Pas de narcos ici, mais des habitants pris dans leur intimité et leurs rêves d’avenir. La lumière, plus forte que les stéréotypes : “Favalado” perpétue l’espérance.
Le site d’Alexis Pazoumian, ici