Le photographe Ibai Acevedo, originaire de Barcelone, a développé au fil des années son univers avec de nombreux clichés qui sont à la croisée entre cartes postales, souvenirs personnels et douces rêveries d’ailleurs.
Paysages & nus
Les femmes sont au cœur d’un grand nombre de clichés d’Ibai Acevedo, il est même rare et surprenant qu’aucune n’y figure. Parfois vêtues, souvent dénudées ou nues, elles sont comme le point de départ de la photographie du barcelonais. De dos, de profil, de face, allongée, debout, assise il n’y a pas un de leurs états qui échappe à son objectif. Ibai Acevedo s’est réapproprié l’art du portrait féminin et plus encore l’art du nu pour les faire siens. En immergeant, au sens figuré mais aussi au sens propre, ses modèles il les intègre dans un univers onirique et rempli de douceur. Ces nus en font alors entièrement partie, comme si ce monde que le photographe créé ne pouvait exister sans.
Les photographies d’Ibai Acevedo ont quelques chose à voir avec d’heureux souvenirs de vacances. Le corps féminin s’aventure et pose au milieu de décors naturellement attrayants et qui le deviennent plus encore une fois immortalisés par le photographe. Les champs en fleurs, les forêts verdoyantes mais surtout la mer et l’océan sont les cadres idylliques tout choisis pour réaliser des nus qu’on a du mal à appeler seulement ainsi. Ce travail autant sur le corps que sur le décor fait que ces photographies sont bien plus que de simples portraits.
Chez Ibai Acevedo, il y a un travail particulier de l’eau, de la mer et de la plage. Il excelle dans l’art de photographier les corps entièrement ou partiellement immergés. La mer est comme la métaphore de la rêverie vers laquelle on s’avance lorsqu’on fait défiler les clichés d’Ibai Acevedo sur son compte Instagram. Et lorsqu’atteindre la mer est impossible, comme ça l’a été au cours de l’année 2020, il n’abandonne pas et transforme son propre appartement pour en faire le cadre idéal de photographies. Un brin de soleil, des corps plongés dans l’eau, on pense aussi aux photographies-souvenirs d’Olivia Bee.
Un rêve bercé par la lumière
Il est indéniable que, des photographie d’Ibai Acevedo, émane une atmosphère profondément rêveuse. D’abord, ses clichés sont presque toujours pris à l’orée de la nuit. Il y a un travail tout à fait saisissant autour de la lumière et plus particulièrement autour d’une lueur rosée. Cette couleur, immédiatement associée au coucher du soleil, au début du crépuscule ou au début de la matinée, nous invite plus encore à la rêverie. C’est comme si les femmes photographiées s’avançaient vers le monde chimérique de la nuit et nous entraînaient avec elles vers cette lumière rose.
Ibai Acevedo travaille et retravaille l’éclat naturel du soleil qui prend ces teintes roses orangées naturellement, le ciel lui fournissant cette luminosité rêveuse comme cadre de ses clichés. Mais parfois, les rayons de lumière ne viennent pas du ciel mais des modèles photographiés. On a l’impression que ce rose doucement flamboyant sort de leur corps et qu’ils cherchent à protéger ce scintillement. Lumière artificielle ou naturelle, ce rose néon est comme le point de balance entre le rêve et le monde réel.
Il y a quelque chose d’intensément chaleureux dans les photographies d’Ibai Acevedo, qui enveloppe toute personne qui pose ses yeux dessus. Peut-être est-ce parce qu’il y a chez lui une volonté de nous faire croire qu’il s’agit de nos propres rêves qu’il a photographié ? Le visage parfois enfumé de ses modèles et la conservation de leur anonymat peut laisser penser qu’Ibai Acevedo rejoue là vraiment toute la “réalité” d’un rêve dans lequel les visages imaginaires n’ont qu’une forme abstraite.
Article original publié le 5 novembre 2010 mis à jour le 26 aout 2021