Acclamée à Cannes pour son film La Femme de Mon Frère, Monia Chokri signe une série photographique spécialement réalisée pour le World Press Photo à Montréal.
On la connaît chez Dolan, on l’a retrouvé à Cannes cette année – Monia Chokri, 36 ans, est cette actrice , réalisatrice et photographe qui travaille sur pellicule et laisse ses personnages nous toucher. Porte parole du World press photo Montréal, elle a photographié ses amis dans des lieux qu’ils ont choisis, entre la France et Montréal.
Une créatrice d’image
Si elle a eu très peur lorsque l’organisation lui a demandé d’exposer ses clichés, Monia y a vu une occasion d’explorer son métier de créatrice d’images. “Ça me permet d’explorer le cadre et la lumière, en travaillant beaucoup entre flash et obscurité.” Gardant l’esthétique très montréalaise de ses précédents clips et films, Monia joue avec les regards et nous fait entrer tout doucement dans son univers, entre la violence d’une lumière crue et l’onirique d’une ambiance intemporelle.
Pour sa série Sur Pellicule (On Film), réalisée spécialement pour le World Press, elle a photographié ces gens qu’elle aime mais ne les a pas dirigé. “Je ne voulais pas qu’ils posent, qu’ils s’installent dans la photographie, ni qu’ils se fatigue.” Chaque cliché a été pris en maximum 30 minutes. “Comme dans l’amour, on doit faire confiance à la personne qui est devant nous, et c’est cette confiance qui nous a porté tout au long des shootings.”
De l’intime au grand jour
Tant dans le photojournalisme que dans les photos qu’elle prend, c’est surtout l’humain, les visages qui attirent Monia. Elle établit un dialogue avec ses sujets et utilise une caméra argentique des années 90 qui met un temps fou à se reloader. “Ça travaille ma patience, et ça me permet de mettre en scène, ni trop ni pas assez, en parlant en même temps des lieux que mes amis choisissent.”
Cette notion de patience et d’instantané dans le même temps marque bien sa série: un mélange entre contrôle et laisser aller, bercé par les couleurs rassurantes des clichés de notre enfance que permet la pellicule. “Il y a un risque, une émotion, un grain et une matière qui en même temps me rassure et me fait peur.”