John Brinton Hogan est un photographe situé à San Diego en Californie. Son appétence pour l’art se développe dès son enfance, il souhaite faire des œuvres d’arts mais ne se sent pas assez talentueux pour la peinture. Il va donc à la recherche d’autres formes d’expression artistique. Il rencontre la photographie petit lorsqu’il accompagne son père à des courses de voiture. Il doit prendre des photos souvenirs mais le jeune artiste s’amuse avec son objectif pour faire des photos en gros plan ou des flous artistiques au grand désespoir de son père.
Son premier travail en tant que photographe est pour une marque de skateboard, il doit photographier des skaters professionnels pour promouvoir la marque. Puis il travaille pour une entreprise qui réalise du contenu audiovisuel à New York et Los Angeles, ce job est pour lui l’occasion d’acquérir des compétences dans des techniques numériques plus avancées.
L’exploitation des territoires
Ces clichés interrogent généralement le lien entre l’Homme et les paysages. Fasciné depuis toujours, il admire les paysages défiler en voiture en se demandant pourquoi ils ont cet aspect avec une réflexion sous-jacente sur les manipulations et les transformations qu’effectue l’Homme.
Il s’intéresse aux territoires américains de l’Ouest et l’ancienne promesse faite durant les conquêtes sur une terre vierge et immense pour tous avec sa série de photos Vacation. Aujourd’hui il ne reste plus que quelques espaces américains qui ne sont pas modifiés par l’Homme. Ceux-ci sont des lieux touristiques, gardés intacts pour le divertissement de l’être-humain.
Il exploite avec cette série l’influence mystifiante de la conscience américaine avec des paysages somptueux. Les photographies pourraient ressembler à des cartes postales qui montrent des territoires naturels et splendides mais des infrastructures, construites pour accueillir des visiteurs, s’invitent dans la composition et modifient l’illusion que l’on pourrait se faire. John Brinton Hogan veut montrer le souvenir de quelque chose qui n’a jamais existé, il rappelle le caractère faux et artificiel de ses espaces naturels pour nous questionner sur notre relation à la Terre.
Ces réflexions lui viennent depuis l’enfance et il ne les a jamais quittées. Dans sa série Visual Aphasia il utilise ses peurs d’enfants, notamment celle face au mépris de notre espèce pour notre environnement vital, pour créer des objets artistiques mystiques. La Terre est celle d’un futur incertain post-humain où seuls quelques hommes obscurs recherchent ce qu’elle a encore à leur offrir. Les humains agissent dans un paysage modifié qui devient étrange et inhospitalier.
L’ambiance est glauque et effrayante tant les modifications nous font perdre nos repères. La série photographique est comme un document décrivant l’avenir de notre espèce et doit agir comme déclencheur d’une prise de conscience face à un inconnu qui est le nôtre et la reconnaissance de notre mortalité. Proche des peintures romantiques du XIXème siècle de Thomas Cole ou Caspar David Friedrich, John Brinton Hogan se positionne comme un poète lyrique qui tente de comprendre la place de l’Homme sur Terre.
Donner à la photographie un aspect plus matériel
Progressivement le photographe se rend compte d’un manque dans sa pratique. Le travail avec le numérique le fatigue, il a besoin de toucher son art et de le rendre tactile. Il décide alors de modifier ses photographies pour en faire des objets d’arts plus que des photos.
En même temps qu’il expérimente sa relation avec la nature, John Brinton Hogan va faire une expérience artistique, pour lui comme pour nous, avec la série Visual Aphasia. Toutes les photos sont modifiées pour ne plus être reconnaissables. Il utilise le numérique pour changer les couleurs et créer un univers fantastique et mystérieux, la distinction entre le sol et le ciel disparait dans le champ des couleurs, nous avons l’impression d’être sur une autre planète. Puis il va déposer manuellement de la peinture brillante et des matériaux scintillants, les hommes semblent connectés à l’univers comme des étoiles dans le cosmos. Ces modifications produisent une tension entre un émerveillement enfantin et une incertitude paranoïaque des paysages.
Les personnages sont recouverts de plusieurs couches de peinture, plus de 20 environ, une technique qu’il a appelée le « blister ». La peinture s’accumule micron par micron pour réaliser une surface tridimensionnelle. Les silhouettes des hommes ressortent et deviennent tactiles. Son œuvre est un voyage métaphorique dans un monde inconnu, loin de la civilisation. Il développe un nouveau type de photographie et invite à redéfinir cet art avec ses techniques. John Brinton Hogan est un artiste visionnaire qui va au-delà du réel, en avance sur son temps, il nous fait parcourir le futur.
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