Julen Iztueta pratique le collage comme d’autres iraient dans une friperie où l’on déniche des pièces de seconde main qui taillent un costard aux standards de beauté.
Il se réapproprie la matière et les formes et ainsi dissèque, coupe, colle et opère une transformation kafkaïenne sur la culture visuelle. Son langage plastique lui permet de questionner l’identité de genre, l’ultra-masculinité que prône le conditionnement social.
Je m’intéresse beaucoup à la construction de la subjectivité masculine, aux différentes manières d’être un homme et à l’analyse de notre compréhension des corps. J’essaie en quelque sorte de contribuer à l’élaboration d’un regard pluriel et diversifié qui interroge les limites de ce qu’est “être un homme”. Je travaille principalement autour d’images qui maintiennent une perspective de genre autour des masculinités.”
Julen Iztueta
Ses collages, miroir sans tain de l’identité singulière, offrent une réflexion sur l’esthétique normée des corps ainsi que sur l’essence de ce médium artistique, qui pallie l’environnement visuel en lui donnant un sens texturé, nuancé et profond.
L’empirisme esthétique de Julen Iztueta
Si Julen a choisi le collage comme moyen d’expression artistique, c’est parce qu’il lui permet dans le fond de déconstruire pour construire, une façon d’aller à l’encontre du déterminisme lié à l’identité, et dans la forme de réinterroger les limites normatives de l’art et du marché.
N’est-ce pas là ce que tend à dire le collage ? En faisant passer des images de la culture visuelle utilitaire à des créations artistiques, le collage fonde et déconstruit le propos de Marcel Duchamp et de son ready-made, selon lequel le marché induit notre rapport au “beau” et au “laid”, à ce qui est de l’art et à ce qui ne l’est pas.
En lien avec Marcel Duchamp, il me semble inspirant de voir comment il a défié les limites de l’art, de l’intérieur.”
Julen Iztueta
Et en héritage de ça, Julen et Art of Hamburg proposent l’exposition “Empty Mirrors”, une collection de 50 collages illustrant des fragments de corps cassés que l’ont peut découvrir en allant… dans la rue!
De quoi réinterroger à son tour les limites de l’art?
Le dialogue généré dans la rue entre le public est les œuvres est tout à fait différent de celui en galerie, il s’intègre plus dans le quotidien et moins dans un espace “sacré” de création. Ce qui a été particulièrement intéressant, c’est de documenter le lien entre œuvre et paysage urbain ainsi que son évolution dans le temps. “
Julen Iztueta
Pour découvrir le travail de Julen, c’est par là.
Et pour redécouvrir le travail des pionniers du collage et du photomontage, on peut jeter un œil sur l’œuvre de John Heartfield et de Raoul Haussmann.