Basée à San Francisco, Kanako Abe est une artiste à part. L’illustratrice a, en effet, décidé en 2012 de faire évoluer sa façon de concevoir des œuvres. Cherchant à repousser ses limites, l’artiste décide de puiser dans l’art ancestral japonais et, notamment, dans l’Ise-Katagami. Une technique qui demande une réelle rigueur et qui utilisait, autrefois, un pochoir pour concevoir des motifs très complexes sur le tissu Kimono. Abe a, donc, puisé dans cet art et l’a remis au goût du jour pour s’en servir comme base à ses œuvres.
Au départ utilisé pour décorer les vêtements, cette pratique date de la fin de l’époque Kamakura (1185-1333). Cet art va, néanmoins, connaître sa véritable heure de gloire durant l’époque Edo (1603-1868) grâce aux classes bourgeoises qui raffolent des kimonos conçus et décorés avec cette technique. Véritable bien culturel pour les Japonais, cet art connaît une résonance toute particulière pour ce pays. Six maîtres étant, ainsi, désignés « Trésor national vivant » en 1955.
Une patience à rude épreuve
L’artiste américaine utilise les mêmes outils de découpe mais sur du papier, noir ou blanc selon ses envies. Demandant une rigueur et une patience incroyable, cette méthode permet d’obtenir une précision et une justesse sans égal. Découpées entièrement à la main, ses créations apporte une démarche inédite : le papier, ici, n’a pas simplement le rôle de support mais bien d’œuvre à part entière. Ainsi, Kanako Abe prolonge une longue tradition nippone qui n’est pas sans rappeler l’origami, qui est un art originaire du même pays, et qui lui aussi place le papier au centre de l’œuvre. Les thèmes abordés par l’artiste suivent une seule et même tendance : la contemplation. Des animaux sauvages qui trônent fièrement, des paysages bucoliques voire féeriques, des portraits surréalistes où l’enfant, l’homme, la femme fusionnent face la nature elle-même. Abe insuffle, sans cesse, l’idée de communion. Le spectateur voyage, ainsi, dans un monde champêtre, paisible et poétique.
Si vous avez aimé ces œuvres en papier, vous devriez vite découvrir celle de l’artiste Ayumi Shibata (promis ça vaut le détour)
Retrouvez son travail sur son site.