Le noir et blanc de Mathieu César habille une Histoire improprement atemporelle, et permet ainsi à quiconque d’accéder à une partie tangible de son patrimoine: des figures contemporaines de la nostalgie occidentale se trouvent confrontées à l’univers mythologique de ce même occident et cette confrontation, en vue de créer une Histoire universelle à chaque homme, constitue le fondement du travail de César.
Si l’aspect biblique/médiéval observé dans la plupart des clichés de César reste prédominant et marque plus profondément nos yeux que le reste de son travail, ces derniers n’en restent ainsi pas moins enrichis d’imageries populaires types ; désormais donc des conducteurs de F1, des punks et autres Mickey Mouse traînent ça et là dans l’Histoire au même titre que les seigneurs et jouvenceaux résolument mélancoliques et cyniques des clichés dominants.
La culture gitane, chez César, peut rencontrer la femme au foyer des banlieues américaines des années 60, les jeunes vierges portent le tatouage et l’armure, une femme peut porter la culotte d’un pensionnaire et le jeune homme des fleurs dans ses cheveux. Le cygne noir de Tchaïkovsky, des courtisanes du début du 19ème siècle et des fantômes du Cuirassé de Potemkine partagent l’affiche avec plusieurs nymphes, des reines espagnoles et quelques Jeanne d’Arc. Parmi tous Charlotte Gainsbourg, Samuel L. Jackson, Iggy Pop et Ninja de Die Antwoord maintiennent à leur tour fermement l’étendard d’une culture universelle.
L’expression commune à tous les modèles, chacun exhibé chez César comme des symboles entiers d’époques et de cultures diverses, permet mieux encore à l’Homme de jouir d’une identité, d’un visage universels; le photographe tend de cette façon (de manière consciente ou non) à révéler par son art le rôle essentiel du patrimoine culturel dans l’évolution et l’union des hommes.
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