La photographie fait aujourd’hui partie du quotidien et les photos pullulent dans nos galeries et nos échanges. Mais, aussi simple que puisse paraître le principe de la photo, c’est en réalité le résultat d’un travail de longue haleine de plusieurs scientifiques. Retour sur l’histoire d’un des ancêtres de la photographie moderne !
Sommaire
Le calotype en quelques dates et mots
Le calotype est un procédé inventé en 1841 par William Henry Fox Talbot (1800-1877). Ce scientifique britannique était un expert dans plusieurs domaines, il jonglait entre la chimie, l’astrologie, les sciences sociales et humaines ou encore l’étude de la lumière.
Henry Fox Talbot avait à cœur de capturer les instants de vie et la nature environnante sans pour autant devoir passer par le dessin. Il a donc dû rivaliser avec une technique de photographie déjà existante à l’époque, le daguerréotype.
Ce scientifique commence alors dès 1833 à s’intéresser au principe de positivé et négativité avec un procédé de dessins photogéniques qui consistait à disposer directement les objets choisis sur une feuille de papier sensible. Le principe des dessins photogéniques sera ensuite réutilisé pour le calotype et deviendra par la suite la base de la photographie moderne.
Henry Fox Talbot dévoile en 1842 The Pencil of Nature – un ouvrage comprenant une série de 24 calotypes originaux accompagnés de texte. Cet ouvrage était inédit car c’était l’un des premiers livres à contenir ce qui serait considéré aujourd’hui comme des photographies.
L’origine du mot Calotype
Du grec « kalos » qui signifie beau et « typos » impression, le calotype est aujourd’hui considéré comme l’un des ancêtres de la photographie. Le concept est relativement simple pour les plus scientifiques d’entre vous : une feuille de papier rendue translucide et recouverte d’une émulsion sensible à la lumière pour former un négatif.
Une belle impression.
Sens du terme “calotype” en grec
On considère aujourd’hui le calotype comme l’un des ancêtres majeurs de la photographie. Le procédé ouvre les portes à l’impression d’ouvrages dans lesquels les photographies y sont insérées. Néanmoins, sa principale faiblesse aura été la volonté de William Henry Fox Talbot de breveter son invention. Cette mise sous brevet a empêché toutes recherches ou toutes avancées d’autres scientifiques sur cette technique.
En parallèle de cette invention, Daguerre avait développé le concept du daguerréotype. Cette technique était soutenue et financée par le gouvernement français. Daguerre avait reçu une allocation de l’État français en échange de la mise à disposition publique de son procédé et contrairement à Henry Fox Talbot, il n’avait pas breveté son invention.
Heureusement pour Henry Fox Talbot, la loi anglaise sur les brevets n’était pas applicable à l’époque en Écosse – les membres du Edinburgh Calotype Club et d’autres premiers photographes écossais ont donc pu adopter avec succès la technologie photographique négative au papier. En Angleterre, la Calotype Society fut organisée à Londres vers 1847 attirant une dizaine de passionnés. En 1853, douze ans après l’introduction de la photographie papier-négatif au public, la restriction de brevet de Talbot est levée.
Puis, en 1847, le français Louis Désiré Blanquart Evrard améliore le procédé et éveille l’intérêt du monde savant et des arts. En 1851, le calotype se répand en Europe et est même très à la mode. Les artistes européens se laissent petit à petit tentés par cette technique inédite. Les premiers à en voir le potentiel étaient les artistes Charles Nègre et Gustave Le Gray.
Néanmoins, dès 1855, une perte de vitesse se fait sentir face à l’arrivée du collodion humide – technique qui qui offre un meilleur résultat. Cependant, le catolype a tout de même joué un rôle considérable pour les débuts des photos argentiques modernes.
Le calotype : nitrate, potassium, soude et perlimpinpin
Le calotype repose sur les principes de la “nitrisation” et “ioduration” du papier.
Le calotype part avant toute chose d’une feuille de papier mais pas n’importe quelle feuille de papier, une feuille dont la surface est induite d’une solution de nitrate d’argent. Cette feuille est séchée puis immergée dans un bain d’eau dur de potassium. La formation d’iodure d’argent qui en résulte est nécessaire à la sensibilisation du support.
Puis, on applique une solution de gallo-nitrate d’argent et la feuille est introduite sèche ou encore humide dans un châssis qui est placé dans la chambre noire. Enfin, le tout est exposé à la lumière pendant quelques minutes.
Après cette exposition, l’image n’est pas encore définitive car les sels d’argent ne noircissent qu’après avoir été soumis à l’action accélératrice d’un bain de gallo-citrate d’argent. Une fois dans son bain, l’image apparaîtra en négatif – image qu’il faut ensuite rincer et fixer dans une solution d’hyposulfite de soude.
L’image positive s’obtient elle par une dernière opération : la mise en contact du négatif et d’un papier salé (enduit de chlorure de sodium et de nitrate d’argent). Les deux feuilles sont maintenues l’une contre l’autre dans un châssis presse puis sont exposées à la lumière, tout en plaçant le négatif sur le dessus. La lumière traverse le négatif aux endroits blancs et vient noircir la feuille positive qui est derrière.
Les avantages et les inconvénients du calotype
La calytope est en réalité une invention qui a eu du mal à voir le jour. Bien que révolutionnaire, ce procédé comportait quelques inconvénients.
Les avantages du calotype :
- Il est possible de réaliser un nombre infini de copies positives à partir de simples négatifs (cartes postales, photos dans des livres, albums photos…).
- Le calotype nécessite des feuilles et non pas des plaques de cuivre comme le daguerréotype.
- Grande praticité car il est possible de préparer les feuilles en amont tout en les développant plus tard.
Les inconvénients du calotype :
- Les photographies offrent un résultat est légèrement flou.
- L’ensemble peut donner quelque chose de grisâtre voire bleuâtre.
- Des traces blanches et des ombres peuvent apparaître sur les photographies.
- Un brevet qu’Henry Fox a mis du temps à lever – délai qui a empêché à d’autres chercheurs d’approfondir sa découverte et de la perfectionner.
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Les grands noms du calotype
- Henry Fox Talbot (photographe britannique – 1800-1877)
- Gustave le Gray (photographe français – 1820-1884)
- Niepce de Saint-Victor (physicien français – 1805-1870)
- Henri Le Secq (peintre français – 1818-1882)
- Louis Adolphe Humbert de Molard (photographe français – 1800-1874)