Maude Bergeron fait d’Instagram le support privilégié de ses illustrations colorées prônant l’acceptation de soi en les accompagnant de courts messages percutants. Alliant littérature au dessin, l’artiste lutte pour la diversité des corps, des sexualités et l’acceptation de ses émotions dans une démarche caractérisée par l’inclusivité.
Maude Bergeron met en avant les « autres » de notre système hétéro-patriarcal blanc : femmes, personnes LGBTQIA+, racisées, atteintes de troubles mentaux, aux corps hors normes… L’artiste nous accompagne dans la déconstruction de nos codes et réactions à travers ses créations rassurantes et déculpabilisantes, notamment en mobilisant régulièrement l’expression « tu as le droit de ».
Soigner les corps et les esprits
Dans le cadre de sa démarche militante en plus d’artistique, Maude Bergeron centre ses illustrations sur les corps, qu’elle dessine dans toute leur diversité : petits, grands, gros, minces, trans, cis, noirs, blancs, poilus, glabres… Elle s’inscrit contre la grossophobie, le racisme et toutes les formes d’oppression systémique qui s’attaquent à nos corps.
Mais pas seulement, puisque l’artiste fait aussi de la lutte pour la santé mentale l’un de ses enjeux principaux, nous sensibilisant à divers troubles : anxiété, dépression, burn-out… Elle invite à être à l’écoute de son corps, à poser ses limites. Plutôt que d’encourager une positivité toxique, elle laisse de l’espace pour exprimer son mal-être quand il le faut. Les messages qu’elle diffuse soulignent la nécessité de ralentir dans une société où tout va très vite, et où chacun∙e subi la pression de la productivité et de l’activité ininterrompues.
Le recours à l’écriture inclusive est dès lors évident pour appuyer les messages de l’artiste, et cela participe d’une réelle cohérence entre texte et image, message et appui figuré.
Beaucoup des figures que Maud Bergeron dessine jouent d’ailleurs d’apparences androgynes qui servent le dialogue autour de la pluralité de personnes existant et de leurs différences, sans les ranger dans un cadre binaire réducteur (comme dans Il n’y a pas de honte à être hospitalisé∙e en psychiatrie ou dans Mon parapluie anti-déprime n’est pas étanche). Certaines illustrations adoptent de ce point de vue-là un registre davantage « neutre » selon la terminologie linguistique renvoyant à un langage sans marque de genre, tandis que l’écriture inclusive reste encore prise dans des structures binaires, cela constituant sa principale limite – sans que cela signifie qu’elle soit inutile pour autant, bien au contraire.
La majorité des personnages renvoie cependant davantage à des femmes, le compte s’inscrivant dans la lutte féministe. Montrer des corps féminins nus n’encourage pas à leur hypersexualisation habituelle mais permet au contraire de se réapproprier son image et son corps en tant que femme, en allant à l’encontre des injonctions normatives qui pèsent sur soi quant à l’apparence que l’on renvoie.
Des illustrations sérieuses mais aussi amusantes et poétiques
L’artiste n’hésite pas à jouer sur les mots ou sur les images pour réaliser des créations percutantes.
@Lesfoliespassagères peuvent aussi se faire davantage poétiques que militantes, à la faveur d’illustrations telles que Nos cœurs en fleurs qui témoigne de l’univers de l’artiste.