Quand le bois rivalise avec le marbre, quand le présent convoque le passé, quand le surnaturel se joue de la réalité, le spectateur ne peut que se retrouver totalement décontenancé par tant d’originalité et de créativité. installé à Richmond en Virginie, le sculpteur Morgan Herrin se confronte à une forme artistique qui aurait fait fuir bien des artistes américains. Car lorsqu’on nait américain, il faut s’affranchir de bien des clichés pour s’approprier l’art de la statuaire figurative traditionnelle, qui, comme on le sait, participe au prestige du patrimoine culturel européen.
Pour Herrin et ses bustes de marbre des palais romains, c’est l’histoire d’une rencontre passionnelle qui ne le lachera plus jamais. Dès lors, il cherchera au travers du bois, à évoquer l’inéluctable, la fuite, le passage du temps. Comment s’y prend t’il donc ? Tout d’abord par le choix d’un matériau, peu cher, répandu, qui réactualise le vocabulaire sculptural en s’appuyant sur un concept d’opposition bien connu “modernité/passé”. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’en sculptant sur bois, il dédramatise les bronzes et les grands marbres d’antan.
Et puis, il y a ces pièces qui semblent se désagréger, matérialisant ainsi la lente destruction de ce qui survit à l’homme. Serait ce là une sculpture de la mort ? Non, la sculpture de Herrin est définitivement sauvée des griffes du pessimisme par le culte du Beau.