Luttes et précarité au Moyen-Orient : photoreportage par Yann Renoult

Image d'avatar de Marjorie Le MeurMarjorie Le Meur - Le 3 octobre 2018

Au travers de photographies humanistes et de témoignages d’un espace bouleversé par la guerre et les luttes sociales ou politiques, Yann Renoult, photographe indépendant, saisit une série de photoreportages inouïe afin d’ « enseigner et d’informer pour ne pas oublier que des femmes et des hommes luttent et vivent pour leurs libertés et leurs droits » (Yann Renoult par Dimitri Beck, Le Salon de la Photo – Les Poulains 2015).

Luttes et précarité au Moyen-Orient : photoreportage par Yann Renoult
Beit Ummar – “lors d’une marche contre les violences de l’armée, les villageois, épaulés par des internationaux, tentent de rejoindre les terres du village qui ont été annexées par une colonie. Comme d’habitude, ils sont bloqués par l’armée.”© Yann Renoult

 

Yann Renoult photographie depuis 2011 le quotidien bouleversant des conflits qui animent la Syrie, le Kurdistan, la Palestine, la Turquie, l’Irak. Son attention se porte sur les minorités au sein des oppositions régionales tels que « la lutte des femmes au Nord de la Syrie » ; les réfugiés, notamment lors d’une série photo nommée « Istanbul faux havre de paix pour les réfugiés Kurdes de Syrie » traitant de la difficulté des conditions de travail dans les entreprises de textile, plus gros fournisseur d’emploi à Istanbul ; la résistance palestinienne face aux attaques israélites ou encore en Turquie à Diyarbakir « les mille et une facettes de la résistance civile », entre autres.

L’anormalité représentée par les captures interrogent et visent à s’interroger, Yann Renoult demande d’ailleurs « quel futur pourront bâtir ces jeunes palestiniens qui ont grandi dans un univers de violence en proie à une tension permanente, écrasés sous le poids de l’occupation ? ». Alors, les portraits effectués sollicitent une prise de conscience générale et symbolisent la reconnaissance du photographe quant au dévouement des victimes :  « Aida Camp – I. est un soldat d’élite du Fatah. Il s’est engagé à 16 ans, et a été entraîné en Russie et chez les marines jordaniens, avant de servir à Ramallah. Il vient de signer un dernier engagement de sept ans. I. n’est pas entré dans l’armée par conviction, mais pour avoir un travail et toucher un salaire. Ses cicatrices témoignent de sa vie, entre les corrections infligées par son père et l’armée. Agé d’à peine 23 ans, il est brisé moralement par un désespoir profond et intense, qu’on retrouve chez beaucoup de jeunes de son âge dans les camps. Il aimerait vivre une vie normale, pouvoir voyager, faire la fête avec ses amis, se marier. Etre insouciant, loin de la guerre et des morts. Mais en Palestine, ces espérances simples sont hors de portée. Alors I. noie sa détresse dans tout ce qu’il peut. La veille, un de ses camarades s’est tiré une balle dans la tête, porte de sortie à une vie sans espoir. »

Aida Camp, Soldat élite du Fatah, Yann Renoult
Aida Camp, Soldat élite du Fatah, Yann Renoult

 

"Deep in a dream", Venise, Yann Renoult
“Deep in a dream”, Venise, Yann Renoult

Mais, la diversité du travail de Yann Renoult transporte jusqu’en Europe, à Venise ou en France, avec cette fois-ci une poésie plus douce : « C’est à travers la mise en scène d’Hugo Pratt que j’ai voulu voir le grand théâtre à ciel ouvert de la ville, où jouent des acteurs parfois masqués et parfois visage à nu sous la lueur des rayons du soleil. Venise devient alors une ville mystérieuse. En se faufilant dans les étroites ruelles invisibles à la foule des touristes, on débouche sur de petites cours propices à la rêverie. Les rues obscures, traversées de raies de lumières, dévorent les passants dans leur ombre. Ils finissent par ressembler aux personnages d’une comédie grinçante et sombre, dans une scène sur laquelle on aurait oublié de laisser tomber le rideau. Et si le voyageur se lasse du spectacle de la ville, les canaux le ramènent immanquablement vers la mer, invitation à s’embarquer vers un Orient pas si lointain, sur les traces des marchands de la Sérénissime” et Venise se dessine ici non plus par l’image mais par les mots. En outre, l’écriture poursuivant l’image, notre image propre se façonne guidée par la rêverie du photographe.

En somme, grâce à un moment d’échange partagé avec les différents peuples rencontrés, les saisies du photographe, luttant aux côtés des sociétés pour leur reconnaissance, sont lumière sur l’actualité des évènements du Moyen-Orient et parviennent à faire connaître et reconnaître la difficile situation de la région.

 

Arroub Refugee Camp - "Au hasard d'une rue écrasée par le soleil", Yann Renoult
Arroub Refugee Camp – “Au hasard d’une rue écrasée par le soleil”, Yann Renoult
Arroub Refugee Camp, Yann Renoult
Arroub Refugee Camp, Yann Renoult
Bethlehem, july 2011, "portrait d'un martyr sur un mur Yann Renoult
Bethlehem, july 2011, “portrait d’un martyr sur un mur, qui sait quand et pourquoi ce jeune homme est mort?” Yann Renoult
Camp de Maxmur
Camp de Maxmur, Irak. “Arrivé depuis 6 mois, Agri a proposé au parlement du camp d’ouvrir une salle de kick-boxing. Il y a un cours pour les petits, un pour les grands et un pour les femmes. Dans le camp où les distractions sont rares, il ne peine pas à recruter. L’entraînement est dur et demande de la discipline.” Yann Renoult
Gazi Mahellesi, Istanbul.
Gazi Mahellesi, Istanbul. “Dans le quartier de Gazi, le textile est le plus gros fournisseur d’emploi. Les ateliers légaux rémunèrent leurs employés au smic, à partir de 1400 TL par mois, pour 11H de travail par jour, 6 jours par semaine, parfois 7.” Yann Renoult
Arroub refugee Camp,
Arroub refugee Camp, july 2011. “These young people are having fun before going in the street to paint political drawings on the wall of the main street of the camp.” Yann Renoult
Bande de Gaz
“Quelque part dans la Bande de Gaza, 25 décembre 2012. Un groupe de combattants des Brigades Abu Ali Mustafa, la branche armée du FPLP, effectue un entraînement.” Yann Renoult
YPJ
“Ligne de front et combats dans la région de Sere Kaniye (Ras al ayn), autour du village de Tel Khanzir, entre les forces kurdes des YPG et les djihadistes de l’état islamique. Les femmes combattantes, les YPJ, constituent 35% des forces armées. Pour elles c’est un double combat : pour gagner leurs droits en tant que femmes et pour défendre leur région et leur peuple. SOuvent jeunes, ces femmes sont déterminées à lutter, sachant que l’ennemi ne leur fera pas de cadeaux si elles sont capturées.” Yann Renoult
Nahr el Bared Camp
Nahr el Bared Camp, north Lebanon, Yann Renoult
Hebron
Hebron, july 2011. “A kid is walking in Hebron’s old city. The net behind him is here to protect people from the garbage thrown by settlers on Palestinians inhabitants.” Yann Renoult

 

Partagez avec vos amis :)
Tags en rapport :
A voir aussi !
Le Crossroads festival revient à Roubaix pour sa 9e édition

Le Crossroads festival revient à Roubaix pour sa 9e édition

Du 5 au 7 novembre, le Crossroads festival revient à…

28 octobre 2024

Quand Arte présente le graffiti, entre politique, oppression et résistance

Quand Arte présente le graffiti, entre politique, oppression et résistance

Arte nous surprend une fois de plus avec un sujet…

13 octobre 2024

Raquel Aparicio illustre en douceur

Raquel Aparicio illustre en douceur

Les illustrations de Raquel Aparicio ne sont pas exclusivement réservées…

4 octobre 2024

Marjorie Le Meur
Article écrit par :

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.