Depuis le 15 avril dernier et jusqu’au 20 juin prochain, la plateforme de streaming d’Arte propose un portrait-documentaire du musicien Neil Young.
Personnage engagé et aux multiples contradictions, le film retrace les grands moments de sa carrière et de sa vie intime, tout en proposant, par le biais d’archives et d’interviews, une lecture politique du parcours de celui qu’on a longtemps surnommé à défaut le « Loner ».
Neil Young, c’est plus d’une quarantaine d’albums solo publiés depuis 1968, des passages remarqués dans des groupes de rock illustres (Buffalo Springfield, Crosby, Nash and Young) et surtout, des engagement politiques qui révèlent les contradictions d’un homme en perpétuelle recherche de justice. En plus d’un demi-siècle de carrière, cet éternel militant issue de la classe moyenne canadienne n’a cessé de se battre pour des idéaux tantôt humanistes, pacifistes et écologistes. À ce titre, le film fait l’éloge de ses initiatives citoyennes en faveur des fermiers américains, engagement qui se mue peu à peu en militantisme écologique. De ses luttes acharnées contre le géant Monsanto, dont la direction va jusqu’à espionner le chanteur dans son ranch de Broken Arrows, jusqu’au soutien apporté au président Bush suite aux évènements du 11 septembre 2001, on découvre un artiste politisé, dont la dualité des idées se partagent entre valeurs patriotiques et défense de l’éco-système et des peuples premiers.
Bien sûr, Young est avant tout un musicien, et ce sont les textes de ses chansons qui sont ici mis à l’honneur. On découvre ainsi que le titre Old Man est en fait inspiré de son amitié nouvelle avec un fermier, après que Neil se soit retiré de Los Angeles pour s’installer dans son ranch californien au début des années 70. Ou encore que la chanson Harvest Moon est un hommage à sa femme Pegi, avec laquelle il se met en scène dans le clip éponyme. Autant de mots mis en musiques qui portent ses idées, célèbrent ses joies et ses peines, et font transparaître ses angoisses quant à la pérennité des communautés auxquelles il s’identifie.
Avec la musique comme principal médium d’expression, les pérégrinations de ce poète taciturne à travers une Amérique divisée ont le parfum des romans de John Steinbeck, qui explorait déjà dans ses oeuvres les thèmes du destin et de l’injustice chez les travailleurs et fermiers opprimés. Un portrait humaniste et intègre d’une personnalité hors du commun, toujours guidée par une empathie sans limite et un profond besoin d’équité.