Son imagination pleine d’humour permet à Philip Lindeman de créer son propre univers caricatural et coloré.
Philip Lindeman est un illustrateur néerlandais qui a fait l’école d’Art d’Utrecht. Il travaille surtout avec la presse pour faire des couvertures de magazines ou des illustrations d’articles. Il qualifie ses œuvres de « réalités fictives », en effet, les dessins présentent une multitude de mini-scènes de vie dans lesquelles le spectateur s’identifie à chaque personnage.
L’illustrateur aime inventer une diversité de personnages (humains, animaux, extra-terrestre) avec des drôles de formes et multicolores. Rien n’est laissé pour compte, le dessin grouille de petits éléments auxquels il faut prêter attention pour comprendre tout son génie. Comme un livre « cherche et trouve » pour enfant, l’artiste insère des petites blagues dans son œuvre qu’on ne peut découvrir qu’en analysant chaque partie. Il s’inspire d’ailleurs des livres de Martin Handford, l’inventeur de Où est Charlie ?.
Charlie apparait d’ailleurs sur l’affiche promotionnelle Westergas, un lieu culturel à Amsterdam. Dans ce dessin Philip Lindeman a reproduit l’imaginaire d’un festival musical. Tout y est : les scènes, les espaces de détentes, le DJ qui fait danser une foule, les attractions ou encore les restaurants allant de la petite guinguette pour boire, au stand qui vend de la fondue. Les personnages sont complètements fous, on peut apercevoir des grenouilles en cowboy, une part de pizza géante qui danse, un singe sur un arbre etc… L’ensemble donne à voir un univers rempli de couleurs joyeuses ; et dans le détail des petites histoires qui nous font sourire.
Sa source d’inspiration : la société
Lindeman est un artiste méticuleux, son imaginaire exponentiel et sa précision prouvent son talent d’observateur. Sa source d’inspiration n’est autre que le monde qui l’entoure, ses illustrations en sont des douces critiques.
La crise du COVID-19
Le coronavirus est un sujet actuel qu’il affectionne particulièrement. Il a réalisé les illustrations de tous les chapitres du livre First Aid for the pandemic : from Hindsight to black swan du philosophe Maarten Bourd. Avec beaucoup d’humour, il représente les différents thèmes autour de la crise sanitaire telle que la frayeur des scientifiques, l’impossibilité de sortir de chez soi et la solitude engendrée par le confinement.
Dans Stay at Home, Stay Connected il s’est amusé à dessiner l’intérieur d’une maison coupée en deux. Chaque pièce représente un type de « confiné » emblématique du premier confinement comme l’addict au sport, la grand-mère seule et effrayée par les informations, la nouvelle influenceuse qui s’essaie à la cuisine, l’hypocondriaque etc… Ses représentations font sourire tant elles nous rappellent cette période exceptionnelle et commune. Le dessin est drôle et parlant, on en serait presque nostalgique. L’humour se trouve notamment dans les petits détails sans importance, comme on peut le voir ici, la lune portant un masque.
Il y insère une critique de nos comportements abusifs tels que la pénurie de papier toilette avec le dessin d’un homme poussant un cadi rempli d’objets de premières nécessités. Tous les personnages utilisent des objets numériques et montrent l’importance du rôle qu’internet a joué. Il apparait dans cette représentation comme le seul moyen que nous avons pour nous occuper et cela en devient absurde tant il est omniprésent.
Les avancées technologiques et l’interconnexion
L’artiste est aussi un passionné de technologie, il réalise beaucoup d’illustrations d’article autour des outils numériques et de leur évolution. Comme son œuvre 5G Media Fest où il dessine un tas de personnages tous en train d’utiliser leurs smartphones. Il illustre ici l’importance de nos téléphones dans notre quotidien, que nous passons accroché à nos écrans.
Il met aussi en avant les avancées technologiques comme la reconnaissance faciale ou encore des lunettes connectées qui nous permettraient de faire d’autres choses encore plus folles. Toujours en dérision, il nous met en garde sur les dangers de l’utilisation de ces outils par exemple l’addiction ou le détournement à des fins perverses.
Bien qu’il en fait sa muse, Philip Lindeman veut alerter sur les rapports quotidiens qu’on entretient avec le numérique. Dans une illustration appelée New Media and Art il veut montrer les liens étranges entre art et médias. La scène qu’il dessine est celle d’une exposition dans une musée. Mais les tableaux se sont changés en écrans géants qui diffusent les stories d’une influenceuse. Décors de plage paradisiaque, filtre avec des oreilles de lapin, mentions like etc… tous les codes sont présents. Les personnages ne visitent plus, ne regardent plus l’œuvre, ils prennent des photos, partagent sur internet.
Il s’agit d’une joyeuse critique des réseaux sociaux dans laquelle Philip Lindeman réussit à nous faire questionner sur les nouvelles passions de notre société et ces « pseudos-stars » qu’on idolâtre pour leurs vies de rêves. Tous derrières nos écrans, la vie n’est vécue qu’à travers nos téléphones en swipant. Ces dessins nous donnent l’occasion de nous concentrer sur de plus petits détails pour prendre conscience de notre réalité.
Pour découvrir en profondeur les œuvres de Philip Lindeman vous pouvez vous rendre sur son site web ou son compte Instagram.