Tête double. Homme-autruche. Jambes de chaises. Seins sur fesses. Matières gluantes et monumentales. On pourrait croire à l’évolution de l’Humanité après un surplus de pesticides ou les conséquences de la radioactivité mais personne n’a encore trouvé de preuves… Le photographe Asger Carlsen, peut-être.
Les photos de l’artiste danois relève du concept de l’« impossibilité de ne pas voir » (tiré de l’anglais Cannot unsee), et ne laissent pas indifférent nos regards avides de sensations fortes.
Carlsen fait part de son univers en adoptant une démarche audacieuse : rendre la réalité autrement. Il transforme ses images sorties du fait divers en grand détournement. Son amour pour le phénoménal l’entraine à bousculer sans pudeur notre perception du réel en créant des montages impensables. A l’aide de Photoshop, il retouche ses modèles, les animalise voire les « pantinise ».
L’artiste met en scène des situations incongrues de la vie quotidienne qu’il saupoudre de détails ex ou implicitement incorrects. Tel un reporter, Carlsen capture ses proies sur le vif, l’instant présent.
Dans la série « Wrong » , l’artiste détonne par les jeux de hasard, les surprises à chaque recoin et dérange par l’ambiguité ambiante des scènes. Les physiques de ses modèles deviennent même drôles par leurs anormalités.
Photographe, mais également plasticien, il se plait à créer des matières gélatineuses, difformes, proches de l’écoeurement, qu’il insère bizarrement dans ses compositions.
Pour « Hester », l’Homme est victime de sa frénésie. Homme sans tête devient tas de graisse. Les formes modelées, pétries, s’agglutinent au sol. La matière inscrite dans ses œuvres co-habite avec le présent pour dépasser l’imagination.
C’est avec contemplation que nous devenons les voyeurs de son délire.