Qui est Ren Hang ?
Ren Hang est un photographe chinois né le 30 mars 1987 à Changchun et mort le 24 février 2017 à Pékin. Le jeune artiste souffrait d’une profonde dépression et s’est suicidé (en se jetant du haut de l’immeuble où il avait l’habitude de prendre des photos) à l’âge de 29 ans. Étudiant en marketing, il découvre la photographie en 2008 et devient rapidement autodidacte. Il commence à prendre ses amis, sa famille (notamment sa mère) en photo dans son appartement de Santilun, un quartier branché à l’Est de Pékin. Pour lui, la confiance est essentielle à la photographie, l’artiste a besoin de s’entendre avec son modèle. Sans entente, il ne pouvait pas continuer un shooting.
L’artiste homosexuel et dans un contexte de politique répressif exprimait un désir de liberté et d’insouciance dans sa création. Sur son site internet, dans un recueil de pensées appelé “My Depression”, il évoquait tous ses maux qu’il a fini par ne plus vouloir ressentir : « Chaque année j’ai le même espoir : mourir jeune. Et j’espère que cela se produira cette année. Si la vie est un abîme sans fond, lorsque je sauterai, la chute sans fin sera aussi une manière de voler.”.
Quand l’art de capturer le corps est censuré
Ces photographies ont été souvent jugées, critiquées, voire censurées en Chine. Le photographe a même déjà été supprimé des réseaux sociaux chinois (Weibo en Chine) : « Je ne considère pas vraiment que mon travail soit tabou, parce que je ne réfléchis pas tant que ça dans un contexte culturel ou politique. Je ne repousse pas les limites intentionnellement, je me contente de faire ce que je fais. ». Pour lui, ses photos sont juste des photos, rien de plus, des idées, des instants, capturées, sans engagement particulier. Une de ses expositions a déjà été annulée pour “suspicion de sexe”, en réponse à cela, il a donc réalisé une exposition avec des cadres vides.
Ses oeuvres et son impact dans le monde de la photo
Ren Hang se munissait toujours de son Minolta analogique avec pellicule qui se rembobinait automatiquement, avec flash intégré. Il n’avait pas d’équipe lumières et les modèles se maquillaient elles-mêmes. Ses photographies ont toujours quelque chose de loufoque : accessoires, animaux ou positions rocambolesques, on peut directement reconnaître ses oeuvres. L’artiste photographie les femmes autant que les hommes, et ceux de la même manière, il a été un des premiers a interrogé le genre et l’identité, le masculin et le féminin.
Ses photos nus sont aussi une façon de montrer que les chinois ne sont pas des robots aux parties génitales sacrées et inexplorées. Ses parties ne doivent pas être un gène mais une arme de désir, ou simplement de vie. Pendant The Photography Show , la foire photographique New Yorkaise la plus importante des Etats Unis, organisée par l’Association of International Photography Art Dealers (AIPAD), des similitudes troublantes sont mises en avant avec le travail de Ryan McGinley, Robert Farber ou encore Guy Bourdin. Tous ses photographies présentent des corps libres, et des éléments de la nature. Ron Hang était aussi comparé à Ai Weiwei, car lui aussi s’attirait les foudres de la censure chinoise. Ces deux artistes avaient d’ailleurs collaboré en 2013 pour l’exposition FUCKOFF au Musée Groninger.
Il a été exposé partout dans le monde (plus de 90 expositions) notamment à la maison européenne de la Photographie et dans de nombreux magazines tels que Purple, Numero, les Inrocks. Il a aussi publié son anthologie chez Tashen.
Ce que les autres disent de lui
Durant sa courte mais fabuleuse carrière, Ren Hang a rencontré beaucoup de monde, des journalistes, des artistes, mais aussi des amis. San Niu est l’une d’elle, et décrit un artiste à l’écoute de ses modèles et toujours épanouit avec un appareil à la main. Quant au rédacteur en chef Dian Hanson, il évoque une exploration sexuelle possible en Chine grâce à l’artiste. Il a ouvert les portes de la liberté dans une société conservatrice et pour cela il le remercie.
Jean-Luc Sort, commissaire de l’exposition Love Red Hang évoque son art : “On pensait avoir fait le tour du nu, en Occident, et d’un seul coup, surgit cet artiste dans un pays qui, en plus, n’a pas du tout traité ce sujet. Même si Ren Hang a été censuré pour suspicion de sexe, la sexualité et même l’érotisme sont vraiment en arrière-plan. C’est la force graphique qui s’impose, ce sont les motifs, c’est le jeu avec les couleurs.”. Mais aussi, Wang Lingyun, galeriste et amie parle de son influence dans la jeunesse chinoise et l’impact, que grâce à Internet, il a pu avoir. Pour elle, il a fait avancer les choses sur le regard du corps humain et sur l’homosexualité à une époque difficile pour la liberté sexuelle et d’expression.
Aujourd’hui, Ren Hang est mort mais continue d’époustoufler chaque nouveau regard qui se pose sur ses photos. Vous pouvez retrouver ses oeuvres sur le site de la maison européenne de la Photographie ! Vous aimerez aussi les sublimes fleurs de Xuebing Du.
Le site de Ren Hang
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Ren Hang en quelques dates :
- Naissance le 30 mars 1987 à Changchun
- Mort à 29 ans le 24 février 2017 à Pékin