Déjà repéré par le site Early Work, une plateforme de marché d’art qui recense uniquement des artistes fraichement diplômés (une cuvée de moins de 5 ans), et au slogan tapageur « Meet Pablo Before Picasso » Florent Groc Florent se présente comme un peintre, mais n’a pas qu’une corde à son arc. Et pour nous, chez Beware, on a fort à parier que ce n’est pas la dernière fois que vous entendrez parler de lui.
On a donc rencontré Florent, avant Florent Groc Florent.
Hello Florent ! Qui es-tu ? Quel a été ton parcours jusqu’à aujourd’hui ?
Je viens des collines de Pagnol, près de Marseille. Je suis artiste plasticien, diplômé de graphisme. Avant que je ne commence à peindre, mon parcours était assez classique : une école de design graphique (ECV), un stage dans l’édition à Prague, un emménagement à Paris et puis enfin : la fondation de mon collectif. Et puis la peinture s’est installée dans mon quotidien d’une façon assez évidente, mon expérience de prestataire m’a donné envie de concevoir des créations ne répondant à aucune nécessité. Depuis, j’alterne graphisme et peinture, mais je me définis plus souvent comme « peintre ».
Tu peux nous décrire une journée type de travail ?
Je ne pense pas avoir de « journée type ». Je travaille chez moi à Paris, près du jardin des Buttes Chaumont dans lequel il m’arrive de faire du coloriage (je fais pas mal de croquis sur des carnets). Quand j’attaque une nouvelle série de peintures, je travaille sur plusieurs œuvres en même temps, et j’alterne avec des pauses croquis, lecture, Internet…
Quels sont les outils que tu privilégies dans ta pratique?
Tous les outils m’intéressent, mais depuis quelque temps je fais beaucoup de gouache, du feutre, de l’aquarelle. ll m’arrive aussi de mélanger tout ça.
Pour toi qu’est ce qui fait ta marque de fabrique/ ton identité ?
Je ne suis pas certain d’avoir une marque de fabrique, je ne sais pas si ça m’intéresse. Je sais que je suis fasciné par le paysage, que j’aime le personnifier, l’habiller…avec des patterns, des textures, j’aime découper mes compositions comme l’on construit un décor de théâtre. J’aime les paysages anatomiques. Et je laisse une grande place à l’accident.
Quels sont les paysages que tu peins ? Où se trouvent-ils, que t‘évoquent-ils?
En fait je m’inspire pas mal des collines de calcaire qui surplombent la ville de Marseille, dans le Massif de l’Étoile. La géologie y est assez singulière, elle se caractérise par des roches de calcaire qu’on appelle « calcaire dolomitique » et qui ressemblent parfois à des personnages bizarres. Une autre région m’intéresse beaucoup, celle des Tatras dans le sud est de la Pologne, c’est une région extrêmement sauvage dont le climat présente quelques similitudes avec celui de mes collines marseillaises : il est violent et sincère. Je peins aussi des cité pavillonnaires, des lotissements sans vie : la menace de la spéculation immobilière et les dégâts forestiers que ça implique est un sujet qui m’intéresse.
Où puises tu ton inspiration au quotidien ?
Il y a des lectures qui me parlent beaucoup (Giono, Magnan…). Sinon je m’inspire d’un peu tout : les piscines me fascine ! et puis la bouffe, le sexe, l’amour… le cinéma évidemment.
Tes peintres, illustrateurs/trices, graphistes, artistes que tu affectionnes en ce moment?
En ce moment je suis beaucoup le travail d’Amélie Bertrand et Pierre Seinturier. Et puis d’autres moins récents : Hockney, Nathalie du Pasquier, Joseph Yoakum, Monticelli, pour ne citer qu’eux.
Si tu pouvais collaborer avec n’importe qui ou n’importe quel projet ce serait quoi ?
Olala, je ne sais pas, il y en a tellement ! ???? En ce moment j’aimerais découvrir de nouvelles disciplines : textile, céramique… ou même collaborer avec des musiciens… En vrac, je pense à Andrea Crews, Jacquemus, Kid Francescoli, Kulte, Yan Wagner… Et j’aimerais que David Hockney me donne des cours de natation.
Tu te rappelles de ton premier dessin ? Et du dernier ? Et de celui que tu préfères ?
Bien sûr ! Le tout premier, c’était une copie des Iris de Van Gogh réalisée vers l’âge de 4 / 5 ans je crois. J’avais confondu le haut et le bas du dessin, il ressemblait à une toile d’araignée colorée. Ma mère l’avait affiché dans les toilettes pendant très longtemps jusqu’à ce que ça devienne délicat pendant mon adolescence. Le dernier dessin est un dessin à l’encre bleue dans mon carnet : des fragments de paysages, un peu de Marseille, un peu de Côte d’azur… Et je crois que celui que je préfère est Pichauris (souvenir 02), qui représente une maison abandonnée dans le domaine de Pichauris (encore et toujours le Massif de l’Étoile) : il est maladroit, bavard et maniéré, je l’aime beaucoup.
En 2010, avec Yann Lebacle et Patrice Pellier, tu as lancé Teuth, un atelier de design graphique. Quel est ton regard sur le paysage du design graphique actuel ?
Il y a beaucoup de choses à dire ! Le graphisme s’est pas mal démocratisé… C’est la discipline qu’on s’approprie le plus facilement je crois : le graphiste doit jongler avec les velléités artistiques de son commanditaire, ce qui est à l’origine de projets parfois très brillants ou parfois très merdiques ???? Je ne crois pas avoir suffisamment d’objectivité et de recul pour décrire la vision que j’ai du résultat, mais c’est clairement une période riche et excitante selon moi.
Tes projets à venir ?
Actuellement je finalise des projets de livres, pour la plupart en collaboration avec des écrivains, et je travaille sur une nouvelle série de paysages, qui ressemblent plus ou moins à des collines modulaires, des décors de théâtre en désordre (peintures)…
Pour retrouver l’actualité de Florent Groc Florent : son site internet / son profil instagram.
1 commentaire
Gonzalo Márquez
Excellent entretien, très intéressant.