Quart de Club cheval, membre de la première heure de feu Bromance, désormais compositeur de bandes-originales. MYD aka Quentin Le Poutre cumule les casquettes. Beware l’a rencontré le temps d’une interview pour parler de son nouveau projet All Inclusive signé sur le label Ed Banger, du film Petit Paysan et de sa relation avec la scène trap d’Atlanta.
B: Tout d’abord il va falloir nous expliquer le concept de la pochette de cet EP. On devine grâce au clip une histoire dans ce projet.
MYD : C’est pas une histoire, mais plutôt l’imagerie qui raconte la musique . J’adore la musique hyper solaire, positive, la musique de fête. J’adore la fête d’ailleurs. Avec la photographe Alice Moitié, lorsqu’on a décidé qu’elle s’occuperait de la direction artistique de ce projet et de ma direction artistique en général, on s’est décidé une semaine à l’avance pour s’embarquer dans un de ces énormes bateaux qui partent en Méditerranée avec 2000 touristes à bord, de la bouffe et de l’alcool à volonté et pleins de petites activités, de type Costa Croisière. On s’est dit « banco », on est monté à bord pour tout faire dessus.
On a donc passé une semaine à faire toutes les photos et le clip durant la croisière. Le livre qui accompagne l’EP raconte toute l’ambiance et l’univers de ce genre de bateau. Le clip, lui, raconte mon histoire dans cette croisière, tout est vrai, c’est vraiment moi. Et la pochette raconte deux choses : à la fois c’est la meilleure photo qu’on ait parmi toutes les photos d’Alice et en même temps elle résume bien l’ambiance. Je me mets rarement à poil, je trouve que cette photo me correspond bien car elle est marrante, en même temps très belle et hyper esthétique donc ça fait un double tableau qui me va bien. Elle ressemble pas mal à ma musique.
L’introduction du clip peut-être interprétée comme une parodie des reportages sur les artistes dans le genre de Tracks, tu confirmes ?
Exactement, on l’a faite dans un second temps. Après l’épisode du bateau, on s’est dit que ça pourrait être marrant de trouver un tremplin vers ce qui se passe après. Avec cette explication de la vie qui va mal, on m’imaginerait plutôt aller dans la forêt caresser les animaux pour me ressourcer alors que je vais dans un énorme bateau à touristes. C’est drôle et c’est parodique.
Depuis le premier album de Club cheval, tu sembles t’être émancipé de cette “discipline” imposée avec le groupe et avoir testé de nouvelles choses. Je m’explique : auparavant tu t’illustrais en tant que producteur de musique électronique et de rap mais avec cet EP tu présentes une musique plus pop, qui contraste avec ton travail d’avant.
Le contraste, c’est surement en terme de son mais il reste un fil rouge depuis mon tout premier EP. L’esprit de fête et dansant persiste. Je n’ai jamais fais d’EP très dark ou “vénère”, sauf peut-être Freak Andy. On le jouait quand même lorsqu’on voulait lancer une fête. Dans la forme, j’ai appris à faire de la pop et du r’n’b avec Club cheval, alors qu’avec Dj Kore j’ai appris à faire des trucs plus pop dont du rap ; des choses que je ne savais pas faire. J’ai appris davantage et maintenant j’utilise mes nouveaux skills pour taper là où j’ai envie.
Tes nouveaux skills, parlons-en, récemment tu as fait de la musique de cinéma pour Petit Paysan de Hubert Charuel, qui n’a rien à voir avec ton travail . Maintenant que tu as brossé un panel assez large, est-ce que tu as une direction dans laquelle tu désires te diriger ?
Je vois un lien dans toutes ces expériences. A chaque fois j’étais attiré et excité par des choses que je n’avais jamais faites. Lors de l’enregistrement de l’album de Brodi (ndlr: Brava, premier album de Brodinski) je n’avais jamais touché une 808 de ma vie (ndlr: TR-808, célèbre boite à rythme de la marque Roland) ni fait de rap, quand j’ai sorti No Bullshit je n’avais jamais fait de hip-hop et quand Hubert m’a contacté je n’avais jamais mis une musique en images de ma vie. J’aime bien repousser mes frontières et aller au delà. Au final, j’ai adoré bosser sur de la musique de film et je pense en refaire. J’adore bosser avec des rappeurs, que ce soit français ou américain. Donc je suis dans cet état d’esprit “je continue à explorer les pistes de découvertes “.
Un mot au sujet de ta rencontre avec Hubert Charuel ?
J’ai suis sorti de la FEMIS (ndlr: École nationale supérieure des métiers de l’image et du son) en 2011 en tant qu’ingénieur du son. Le réalisateur du film était en production dans ma promo. Le fameux cliché de cette école, qui peut paraître mortel, est que tout le monde bosse ensemble. C’est vrai. J’ai reçu un message il y a sept ou huit mois de sa part me proposant d’aller boire un café pour parler d’un nouveau projet. On s’est dit “si ça nous plait, go”. Je connaissais un peu le projet parce qu’il le travaille depuis longtemps, au départ sous forme de série puis transformé en long métrage, j’ai trouvé ça mortel. Lorsque je me suis retrouvé en studio avec des images d’une vache qui donnait naissance à un petit veau j’étais entrain de jouer du synthé par dessus. J’ai dit “mortel” moi qui adore les trucs chelous (rires).
Par quoi la signature chez Ed Banger était motivée ?
Par la musique. Je connais Pedro (ndlr Winter, fondateur de Ed Banger) parce que dans la musique tout le monde se connait, mais on était pas particulièrement proches. Lorsque j’ai terminé ce projet, qu’il était ce qu’il était, j’ai envoyé un mail à Pedro en lui disant “j’ai un truc à te faire écouter”. Je suis allé le voir, je lui ai fait écouter et il a dit “ok”. On était tous devenu orphelins de Bromance donc la première personne à qui j’ai pensé c’était lui. J’ai toujours eu des crews : au lycée j’avais un groupe de rock, après j’ai eu Club cheval, on a agrandit la famille avec Bromance. Aujourd’hui j’ai trouvé une famille aussi avec Ed Banger parce qu’ils sont hyper soudés autour de Pedro.
Avec Bromance et surtout Brodinski vous avez établi ce que tu as appelé la relation “Paris/Atlanta”. Depuis “No Bullshit” où en est cette relation ?
Ma relation avec Atlanta s’est toujours faite via Brodi. De mon côté, j’ai toujours quelques relations avec des prods qui sortent sur des mixtapes, quelques trucs avec Brodi en attente mais toujours un lien oui. C’est le fait d’alterner les genres de musique qui me permet d’avancer et de ne pas être lasser. Si je me lève un matin et que je suis saoulé parce que j’ai fais trois jours de techno en bloquant sur un morceau, je peux passer à quelque chose de plus tranquille, sur du rap, un truc hyper pop ou encore du rap français avec Kore . Donc je travaille tout le temps mais je ne m’ennuie jamais. Aujourd’hui mon monde c’est la musique électronique. Mais je n’ai pas envie de me consacrer qu’à un seul genre.
Pour finir un “tu préfères?”:
Travailler avec Jean-Michel Jarre ou Young Thug ?
Young Thung
Paris ou Atlanta ?
Paris
Rap ou electro ?
Electro
Photographies : Erwan Manchec pour Beware Magazine.
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