Il y a à peu près deux ans je découvrais RDLS par le biais d’un ami. Jeune collectif de peintres basé à Paris où l’on peut retracer leur parcours prometteur, j’ai pu faire la connaissance de ce « duo d’humoristes » indélébiles.
Je me suis promené dans l’univers étrange de RDLS et j’ai rencontré de l’encre, un bourrelet, un sein, un phallus, des portraits, de multiples formes et de l’humour . C’est un monde particulièrement sombre, très détaillé et subtil que les deux peintres nous offre. Le projet est né d’une amitié lointaine et sincère entre deux voisins et camarades de classe. Tous deux ont l’art comme héritage de famille, et le perpétue à merveille. Le binôme débute au collège et s’est forgé une identité avec le temps, la pratique et une envie de créer. L’un affectionne le travaille en atelier et l’autre la rue comme domaine d’expression. Un respect mutuel lie les deux amis et une complémentarité naturelle tant sur le papier qu’à l’oral se dégagent d’eux.
La rencontre avec le collectif se déroule au café du Temple dans un premier temps. Nous prenons un verre puis nous nous dirigeons dans un parc près du canal Saint-Martin. Nous débutons notre entretien sur le nom du collectif, dont ils m’expliquent avec amusement la signification.
« C’était un peu pour prendre le contre-pied des crews mégas violents, mégas kaïra, qui se prennent trop au sérieux. Nous on fait ça pour se faire plaisir. Des mecs qui n’ont rien dans le slip, mais qui font les choses biens. »
Je suis captivé par ces deux personnages, qui m’expliquent avec beaucoup de dérision leur démarche. En effet, le nom évocateur « Rien dans le Slip » contracté en RDLS est intimement lié à l’esprit du projet, de l’art « pour se la poiler », mais pas seulement. En parcourant leur travail, on rit, on s’interroge le temps d’un clin d’œil à l’actualité puis on se laisse charmer par leur minutieux coups de pinceaux. Ils sont doués et c’est indéniable. Me vient en tête leurs débuts dans le dessin.
« Au final le fait de voir beaucoup d’images nous a toujours habitué à créer. On avait des parents qui en faisaient eux-mêmes et qui n’étaient pas contre l’idée de pratiquer sans que ce soit une perte de temps. On s’est poussé mutuellement là-dedans. On faisait des caricatures de meufs pour les draguer, après des grosses, des potes, de tout quoi. »
Entre les corps qui débordent, les visages qui crépitent, témoignage de l’âge qui passe, les deux peintres me confient le rapport aux corps dans le monde d’RDLS.
« Au final c’est tellement plus agréable de faire des grosses que des belles filles, une belle fille c’est de beaux traits, c’est ennuyeux à voir en dessin. La graisse elle bouge, c’est du mouvement, ça déborde, il y a un délire de texture. De même pour les rides, ça coule, le temps qui est passé ça déchire. »
Ils utilisent souvent sur leurs peintures la technique picturale du lavis, consistant à n’utiliser qu’une seule couleur noyée afin d’obtenir différentes intensités de couleurs. Les contrastes clairs obscurs intensifient les tracés, les traits et les portraits sont frappants, tant ils semblent réels. Les corps sont visités, le pinceau laisse des contours de grosses formes aux plus ridées. Ils signent aussi des peintures surréalistes élargissant le corps humain dans des assemblages surnaturels. RDLS exécute son art sans complexe et la question n’est pas de choquer
« Non je n’ai pas peur de choquer, mais ce qui me ferait flipper c’est qu’un mec se dise : là il a voulu choquer »
RDLS c’est un parcours intéressant et un avenir riche. Le talent de ces deux illustrateurs est sans doute une évidence. Ayant exposé dans plusieurs lieux à Paris, ou encore récemment à Amsterdam où un bout d’aventure débutera dans les mois à venir. J’ai rencontré non pas seulement deux artistes doués, mais deux personnes d’une très grande gentillesse et très humbles. C’est une belle amitié avant tout et un goût pour la création à la hauteur de leur talent. Discuter avec RDLS c’est se plonger dans deux cerveaux réunis en un. Cet intriguant collectif m’ont ouvert ses portes et m’ont laissé découvrir deux personnages atypiques, un « Bigard de l’art » assemblé à un poète, le tout est un artifice complémentaire. L’entente dans leur univers est parfaitement réussie, de l’art aux « problèmes complémentaires » ce véritable bonhomme est une association à suivre avec attention.
“Le Bigard de l’art “
“Le poète”
L’univers d’RDLS c’est ici: http://rdlsblog.wix.com/rdls