Né à Moscou en 1989, Danila Tkachenko étudie la photographie documentaire à l’École de photographie et multimédia Rodchenko de Moscou. Lauréat de plusieurs prix (prix Lensculture Exposure, prix World Press Photo), le photographe russe voue une passion pour ces créations immortelles, ces œuvres d’art violentes qui font partie intégrale de notre histoire. “Tout progrès se termine plus tôt ou plus tard, cela peut arriver pour différentes raisons – guerre nucléaire, crise économique ou catastrophe naturelle … Pour moi, il est intéressant de voir ce qui reste après.“
Capturer les rêves de puissance et de grandeur d’un régime déchu
Danila ne cherche pas seulement à prendre en photo ces vestiges, il nous pousse à la réflexion. Coincé entre le passé et le futur, les paysages choisis sont le fruit de la folie des grandeurs des hommes. Danila voyage à la recherche de lieux qui “autrefois avaient une grande importance pour le progrès technologique et qui sont maintenant abandonnés.“ Reflet d’une vision utopique typique de l’époque soviétique, ces vestiges sont les restes d’un avenir technocratique parfait qui ne vint jamais. La série fait perdre aux spectateurs tous nos repères temporels. Comme si nous nous retrouvions coincés quelque part entre le passé et le futur.
Le photographe explore les villes secrètes, introuvables sur des cartes, des triomphes scientifiques oubliés, des bâtiments à la complexité absurde. Il les met en scène dans des paysages à l’horizon infini pour mettre en avant un sentiment de solitude. Un panorama glaçant de la quête de l’Homme qui vise continuellement à dominer et repousser les limites de la nature quitte à partir trop loin.
Pour aller plus loin, vous pouvez découvrir le travail de David De Rueda, photographe français adepte de l’urbex qui a dédié une grande partie de son travail à l’ex-URSS. Nous vous invitons aussi à jeter un œil à notre article dédié à l’exploration urbaine (urbex) et ses règles.
Retrouvez le travail de Danila Tkachenko sur son site.
2 commentaires
Morgane Lécuyer
J’ai pu découvrir son travail (ainsi que celui de Sergueï Mikhaïlovitch Prokoudine-Gorski ; toute autre époque certes et procédé technique) dernièrement. Des réalisations très intéressantes sur ces zones encore tenues secrètes il y a peu et aujourd’hui abandonnées. Je n’imagine pas les heures passées pour concrétiser un tel projet et ce dans des conditions climatiques éprouvantes. Une oeuvre qui questionne beaucoup (celle du sous-marin dans la région du Samara ou encore celle du siège du parti communiste notamment ). Épatant !
Yves
Ce sont de très belles photos qui portent à réflexion, Bravo!