Homme de records (il fut le plus jeune artiste à exposer en solo au Witney Museum of American Art, à 25 ans), de chair et de décors pittoresques, Ryan Mc Ginley ose la débauche de nudité, là où d’autres préfèrent user d’accessoires de luxe.
Il a débuté en prenant des clichés de sa bande d’amis photogéniques, dans les rues de New York. Débarqué là en pleine adolescence, il en a arpenté tous les recoins, son appareil blotti dans ses mains anguleuses, skate aux pieds. Il a connu le décès d’êtres chers (son frère, au début des années SIDA, et son complice graffeur, Dash Snow, d’une overdose, en 2009) et la sensation de piétiner :« au bout de quelques années, je ne pouvais plus attendre que les choses arrivent d’elles-mêmes. J’ai éprouvé le besoin de donner une nouvelle direction à mon travail» .
Car McGinley est une stupeur en lui-même : une liane sexy, tendue, au regard bleu glacier vif, le trentenaire a de quoi prétendre au statut d’icône. Qu’il est.
On lui prête un filiation idéale, avec Nan Goldin dans le rôle du patriarche sous de classieuses influences chimiques, et Larry Clark, l’oncle au voyeurisme mélancolique. Mais s’il partage avec eux la passion d’un corps présenté sans ambages, lui le blotti au cœur d’une nature transfigurée, nous offrant une jeunesse idéale, furieusement épanouie.
Les plus grandes marques se bousculent devant son objectif, de Marc Jacobs à Levi’s, en passant par Wrangler et Uniqlo (l’affiche nous offrant une Chloë Sevigny preppy et féline, c’est lui).
Sans prétention et sans s’en excuser, l’artiste photographe-réalisateur a vu le monde de l’art se précipiter à sa rencontre, lui qui a pour modèles de prédilection la faune destroy de la rue : ici, un piercing sur une peau diaphane, là une mèche peroxydée contre un sourire.
Ses clichés sont entrés dans l’histoire, de la série « Body Loud » à l’hédonisme bucolique, à « Animals », où corps, becs, écailles et fourrures ne font plus qu’un. Toujours une poésie diffuse saisi le spectateur; la sensibilité est maîtrisée, le décor est précis, de sorte que la liberté des sujets à la beauté virginale s’y intègre parfaitement, préservant la pudeur de ces jeunes regards.
Pour finir, un court expérimental qu’il a réalisé pour le mythique groupe islandais, Sigur Rós:
Photographies @ Ryan McGinley Courtesy