Quand Shane Griffin quitte, en 2012, son Dublin natal pour New York City, il ne s’attend pas à des débuts d’une grande tranquillité. Les dernières années viennent pourtant prouver le contraire. Même la crise sanitaire, qui fut fatale pour de nombreux créatifs déjà dans une situation fragile, n’aura pas eu raison du designer et de son studio GRIF. “Savoir que tout fonctionne et progresse est un énorme soulagement et permet d’avoir un espace mental beaucoup plus concentré… Compte tenu de tout ce que nous avons traversé cette année, c’est un luxe rare” expliquait-il ainsi lors d’une interview.
Mais est-ce réellement étonnant ? Shane Griffin est, en effet, à l’origine de certaines des campagnes publicitaires parmi les innovantes vues dernièrement, toutes les plus grandes marques au monde se l’arrachent et, enfin, il a réussi à conserver une activité purement artistique en étant régulièrement exposé dans des galeries réputées. Le designer irlandais semblait donc bien avoir toutes les cartes en mains pour réussir et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a su prendre les opportunités qui se sont présentées à lui.
Autodidacte et guidé par le visuel
Apple, Nike, Givenchy, etc., Shane Griffin collabore avec des entreprises dont l’image de marque est plus que primordiale et dont l’identité est ce qui les différencie de leurs concurrents respectifs. Son travail demande donc d’être le plus professionnel et le plus réactif possible, tant il est facile pour un esprit créatif de s’écrouler face aux nombreux déconvenues qui l’attendent, par exemple la marque qui souhaite à tout prix garder le contrôle sur le projet ou bien, des délais compliqués.
Étonnamment, Griffin a personnellement réussi à garder un processus créatif semblable à celui de ses débuts. Car, s’il rappelle avoir régulièrement commis des erreurs, l’artiste reste quelqu’un de profondément autodidacte dans son apprentissage et ce, malgré les années. Alors qu’il n’est pas allé à l’université, Shane Griffin a fait de son parcours atypique une force. Il a réussi à, dès le moitié de la vingtaine, magasiner un nombre considérable d’expériences formatrices. Ce qui est tout sauf négligeable dans un milieu comme celui-ci. “Heureusement, nous sommes dans un secteur où les gens sont jugés sur leur talent et leur professionnalisme plutôt que sur les écoles de l’Ivy League et leur statut social” rappelle-t-il ainsi.
Une place prépondérante pour l’expérimentation
Shane Griffin a, tout au long de sa carrière, accordé une grande place à l’expérimentation, quelle soit technologique, artistique et matérielle. Un choix qui ne doit rien au hasard, bien au contraire. Premièrement, car le designer évolue sans cesse sur deux tableaux différents : l’Art et la Publicité. Or, si le premier vise à poser des questions aux spectateurs, la seconde tente au contraire de leur répondre. Griffin doit jongler entre deux cheminements qui, s’ils sont proches à leurs débuts, sont à l’opposées dans leurs finalités respectives.
Deuxièmement, le milieu du Design, et plus généralement les milieux créatifs, évoluent très rapidement. Il est donc primordial pour Shane Griffin de ne pas se reposer sur ses lauriers et de constamment se tenir à la page. C’est ainsi qu’on a pu le voir enchaîner des projets très éloignés les uns des autres. De la direction artistique de campagnes pour les sorties de nouveaux modèles de chez Nike (dont la légendaire Yeezy “Red October” imaginée par Kanye West), à un clip de Wiz Khalifa, en passant par des fonds d’écrans pour l’iPhone 8. Sans, non plus, oublier ses projets personnels comme Ecotherapy, une installation qui offrait aux spectateurs une expérience de relaxation et de réflexion grâce à des tableaux dynamiques et réalisés à partir d’images satellites.
Retrouvez le travail de Shane Griffin sur le site de Grif Studio et découvrez les toiles surréalistes d’Erik Thor Sandberg.