Stéphanie Ledoux a réussi à concilier ses deux passions : le voyage et le dessin. De ses voyages partout à travers le monde, elle rapporte des carnets où sont esquissés les portraits de ses rencontres. C’est une fois rentrée dans son atelier toulousain que la magie opère.
De la passion rêvée jusqu’au métier concrétisé
Née à Toulouse en 1983, Stéphanie Ledoux dessine depuis l’enfance. Sa passion du voyage arrive plus “tardivement” à l’adolescence suite à des voyages vécus aux côtés de ses parents. La conciliation de ses deux passions se réalise naturellement dès lors que la jeune fille se sent assez confiante pour dessiner en étant observée. Comme beaucoup d’adolescents, la jeune dessinatrice commence par tenir des carnets, d’abord pauvres en dessins qui progressivement s’enrichissent au fil des années par des peintures, des dessins, des collectes de matériaux, des collages, etc.
Au lycée déjà, elle projette de faire de sa passion son métier. Poussée par ses parents à embrasser un métier plus conventionnel, elle suit des études de biologie et d’écologie. Rapidement, elle réalise qu’elle n’est pas faite pour la vie d’entreprise, ses 35h/semaines et ses quelques jours de congés par an. Dans l’espoir de gagner un peu de liberté, Stéphanie Ledoux fait le choix de privilégier les CDD.
Un dur retour à la réalité après trois mois de voyages à l’étranger lui fait prendre conscience de son mal-être. C’est seulement quelques années plus tard que s’opère le déclic de son changement de vie lorsqu’elle prend conscience du succès de ses dessins lors d’une exposition. Dynamisée par cette reconnaissance, la jeune femme prend confiance et décide de bouleverser son avenir. En juin 2010, lorsque se pose la question de renouveler son CDD ou de partir trois semaines pour un voyage artistique au Yémen, elle ose à 28 ans abandonner son métier pour se consacrer à ses carnets de voyage.
Il n’y a rien de pire dans une vie que de se sentir malheureux. L’argent ne devrait pas être un frein. À ne pas vivre aligné avec ses valeurs, on s’étiole rapidement […] Aux personnes qui s’étiolent dans leur travail et rêvent à une reconversion : osez !
Interview de Stéphanie Ledoux pour Celles qui osent
Les carnets de voyage de Stéphanie Ledoux : des recueils de souvenirs et d’émotions
Qu’importe le bout de terre sur lequel on naît et où l’on vit, le dessin est un mode d’expression universel qui permet de surmonter la barrière de la langue. Ces rencontres, même éphémères, sont la motivation principale de Stéphanie Ledoux. Gravés sur le papier, ces moments volés deviennent indélébiles.
Pour ne pas immobiliser ses modèles trop longtemps, l’illustratrice dessine “seulement” une esquisse prise sur le vif. À son retour en France, c’est dans son atelier toulousain et à partir des ses carnets de terrain que Stéphanie Ledoux donne vie à ses portraits sur de plus grands formats. Le dessin lui permet de fixer ce qu’elle a vu et de rendre compte de l’ambiance sonore, de l’ambiance olfactive, de la température, de l’humeur, de l’échange avec le sujet etc. Ce moment suspendu lui permet de prolonger le souvenir du voyage.
Son atelier, elle le voit un peu comme un “cocon” où se mêlent souvenirs des ses voyages, portraits qui lui rappellent des moments échangés et objets provenant de divers endroits à travers le monde. Bien qu’ayant une prédilection pour l’Asie du Sud-Est, c’est la diversité des ethnies de ce monde et de leurs cultures qui inspirent Stéphanie Ledoux. Pendant un instant, elle se sent comme la porte-parole d’une culture.
En raison de cette attachement au vécu partagé, la dessinatrice ne jette jamais son matériel. Bouts de crayons usés et tubes de peinture vides sont immortalisés dans ce qu’elle appelle ses “boîtes à trésors”.
Souvent les visages qu’elle dessine sont en noir et blanc, la couleur, elle, est périphérique. Cela lui permet de se rappeler la sincérité avec laquelle elle a esquissé ces traits lors de son voyage.
Stéphanie Ledoux s’essaye aussi aux dessins naturalistes. Son ouvrage réalisé collectivement Au premier matin du monde retrace une expédition en Papouasie menée en 2017 sur les traces de l’explorateur Alfred Russel Wallace. Une partie de l’expédition s’étant déroulée en plongée sous-marine, la carnettiste a expérimenté le dessin sous-marin. Avec une tablette, un papier spécialisé et des crayons accrochés à sa combinaison, elle a réalisé ses esquisses sous l’eau.
Son dernier ouvrage Cactus & succulentes est aussi un retour aux origines de son amour pour le dessin : la nature. Les portraits mis de côté le temps d’un leporello (autrement dit un livre accordéon), la carnettiste s’est inspirée des plantes grasses du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse pour compléter un travail de terrain réalisé dans différents endroits du monde.
Retrouvez Stéphanie Ledoux sur son site et sur son instagram. Très active, vous pourrez suivre ses aventures en temps réel. Après plusieurs semaines au Bénin, la globe-trotteuse se trouve actuellement au Cambodge.
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