Si la scène du street-art lyonnais a toujours été hyperactive, elle fait pourtant partie des retardataires comparée à Paris, Marseille, Montpellier ou Toulouse. Ce retard, elle le doit notamment aux politiques urbaines votées en la défaveur de son implantation dans le paysage de l’ex-capitale Gauloise. Depuis quelques années cependant, l’apparition d’événements et la création de collectifs font bouger les lignes, et ce mouvement à la croisée du punk et du hip-hop semble enfin y trouver sa place.
On vous fait un topo des quartiers à découvrir pour assouvir votre soif d’art urbain !
Le quartier de la Croix-Rousse
Le quartier de la Croix-Rousse fait partie de ceux qui recèlent le plus de pépites en termes d’art urbain. À commencer par les fresques du collectif Mur69 qui, depuis 2016, se succèdent sur le mur de 120 m2 qui domine la place des tapis. C’est actuellement l’œuvre commune d’HetaOne et Mr S sur le thème de la route de la soie que l’on retrouve, référence à la période où Lyon était encore la capitale de la soie, mais aussi à toutes les rencontres culturelles qu’elle a permis d’initier.
C’est sur la devanture du service de gynéco-obstétrique de l’hôpital de la Croix-Rousse que vous pourrez retrouver la peinture “Mon cœur” de Faith47 représentant une mère et son nouveau-né. Celle-ci fut créée dans le cadre de la campagne internationale “Paint (RED), saves life”, menée à l’occasion de la conférence de reconstitution du fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cette œuvre tout aussi symbolique que le bâtiment sur lequel elle a été réalisée (l’hôpital de la Croix Rousse étant un site référent pour la prise en charge de maladies infectieuses et tropicales) représente l’amour inconditionnel qui relie une mère à son enfant. L’artiste Sud-Africaine explique par ailleurs son souhait d’y représenter l’importance de prendre soin les uns des autres et y voit une illustration du lien qui unit soignants et soignés au sein d’un hôpital.
Enfin, en cheminant au coeur de ce mythique quartier lyonnais, vous arriverez sur l’esplanade de la Grande côte qui offre une vue imprenable sur Lyon et … les graff qu’ont réalisés les artistes sur les toits des immeubles ! Les hypothèses sur les conditions dans lesquelles ils ont été fait nous laissent songeurs ….
Les pentes : lieu phare du street-art lyonnais
Amateurs de street-art, les pentes de la Croix-Rousse seront votre musée à ciel ouvert ! C’est dans leurs ruelles que l’on découvre le regard obsédant du grand, de l’unique David Bowie, rue Neyret. C’est en peignant ses yeux vairons que Big Ben a rendu hommage à cette icône incontournable dont la disparition nous a tous chamboulés en 2016.
On y monte les si populaires escaliers Mermet (passage Mermet) métamorphosés par Wenc en collaboration avec des lyonnais qui ont pu s’initier au street-art à ces côtés. Ce projet commun fut mené lors de l’annuel festival peinture fraîche, à la demande de l’association Quartiers Capucins qui souhaitait voir cet escalier de 80 marches magnifié.
Cette initiative fut une réussite à en juger le nombre de photos que l’on peut retrouver de ces dernières sur Instagram !
Dans la même lignée, l’escalier Prunelle s’est vu métamorphosé par des résidents bénévoles du quartier, sous la direction artistique de Genaro Lopez.
On y rencontre également les protagonistes du duo Toki_art qui reprend des figures Pop et les détourne avec humour. Charlie (où est Charlie), les Simpsons, Scooby-Doo, Superwoman, … on a plaisir à retrouver ceux qui ont bercé notre enfance … et continuent de le faire !
Levez les yeux en chemin, vous vous apercevrez qu’à chaque coin de rue peut se révéler une mosaïque aux inspirations geeks et pop d’In the Woup (Love, geek art and fun peut-on lire en arrivant sur son site), soit des personnages emblématiques pixelisés. Son personnage phare reste cependant Mario avec son projet “Mario Worldz” qui tente de répondre à la question suivante : et si Mario avait plus de costumes ?
La presqu’île
Une fois les pentes descendues, vous atterrirez à la presqu’île, qui, là encore, regorge d’œuvres à découvrir.
Place Sathonay, les jambes d’un homme qui semble s’être encastré dans un mur nous surprennent. L’artiste CAJ en a réalisé plusieurs qu’il a égrené dans différents quartiers. Mais ces jambes ne sont pas qu’une lubie fantasque du street-artiste. Elles sont le support d’un message, ou plutôt d’une alerte qu’il envoie à celui qui s’arrête, interloqué, devant elles.
Une des plus vieilles fresques dont vous puissiez vous délecter est celle qui se trouve rue de la Martinière. Celle-ci date de 1994 et s’étend sur 800m2, surface sur laquelle vous distinguerez 30 personnalités qui ont fait l’histoire de Lyon auxquelles CitéCréation a voulu rendre hommage. Parmi eux, Paul Bocuse, Bernard Pivot, Frédéric Dard, Tony Garnier, Saint-Exupéry ou encore Juliette Récamier ou Louise Labé.
Rue Lanterne, Saveur Graffik milite contre la pollution des océans avec ses “sirènes urbaines”. Cet artiste dont le poisson est l’animal Totem utilise le “Fish art” ou l’ “underwater street-art” pour sensibiliser les passants plus ou moins avertis au fléau que représentent nos déchets pour les océans et ses habitants.
Si vos yeux curieux se posent inopinément sur le sol, vous réaliserez peut-être que vous marchez sur l’une des mosaïques de Ememem que l’on retrouve à divers endroits de la ville. Chacune d’elle est pensée comme un pansement venu réparer le bitume et les pavés mal en point. Le street-art, c’est se réapproprier la rue, en prendre soin va de soi !
Ainsi, Lyon fait partie des villes tatouées dont l’effervescence street artistique ne cesse jamais, en témoigne le nombre croissant de ses acteurs et des initiatives qui le promeuvent. Pour en savoir plus, vous pouvez d’ailleurs découvrir notre article sur le festival peinture fraîche par ici.