Du carton et un stylo noir, c’est tout ce qu’il faut à Tamaya Sapey-Triomphe pour exprimer ses idées. Entre projets personnels et demandes importantes, la carrière de cette jeune artiste semble très prometteuse.
Tamaya Sapey-Triomphe, née de parents artistes, est une graphiste et architecte française. Après avoir obtenu une licence d’Histoire de l’art, elle intègre l’École Nationale Supérieure de Paris-Malaquais. Au cours de ses études, elle s’est notamment intéressée aux architectures oubliées.
Son travail est rapidement remarqué : elle a travaillé pour de grandes marques telles que Nike, en créant une paire de baskets ornée de ses dessins. Elle collabore également avec le magazine Les Inrocks, pour lequel elle réalise des illustrations, ainsi qu’avec les Galeries Lafayette, où elle crée des vitrines pour la boutique emblématique parisienne dans le cadre du projet “Go for Good”. De plus, elle participe occasionnellement à l’émission matinale de Radio Nova, où elle réalise des dessins en direct.
Des réalisations brutes entre dessin et architecture
Tamaya Sapey-Triomphe s’inspire de choses simples comme les rituels quotidiens, les grandes et petites découvertes, ainsi que les rencontres que lui amène la vie. Durant ses études elle s’intéresse à l’art brut (ce qui se ressent dans son travail). L’art brut est un art marginal qui n’est pas réalisé à des fins commerciales, loin des idéaux des critiques d’art. Ce qui l’anime dedans c’est justement le caractère passionnel et spontané de cette catégorie.
Comme des dessins d’enfants, elle trace des formes simples représentants des objets ou des personnages. Constamment en noir et blanc, elle dessine sur des surfaces vierges à partir d’un même stylo, un Moji 038 noir. Cette utilisation est en contradiction avec le protocole des écoles d’architectures qui poussent les architectes à travailler avec des plans 3D. Tamaya Sapey-Triomphe, peu à l’aise avec les outils numériques, préfère construire ses plans à la main, elle trouve le dessin plus efficace et plus communicatif.
Un autre symbole de son art est le carton, elle travaille la plupart de son temps avec ce matériau, plus pratique. En effet, le carton est peu coûteux et accessible, elle peut en trouver aisément. Elle apprécie la qualité résistante et à la fois flexible de la matière, lui offrant plus de maniabilité. En plus du côté pratique, l’artiste retrouve à travers le carton des convictions qui lui sont chères. Pour elle, il a quelque chose de démocratique, présent dans toutes les manifestations, le carton est le premier matériau utilisé pour faire passer un message. Il a un côté pamphlétaire antibourgeois.
Ses dessins sont faits dans l’immédiat, d’un seul élan et d’un trait vif. En vous baladant sur son site internet on peut contempler toutes ses œuvres, ses projets, mais aussi les scans de ses carnets. Sortes de journaux intimes en bande-dessinée, elle y trace ses doutes, ses joies, ses voyages et ses rencontres. On peut aussi découvrir toutes les explications sur ses projets. Datées par jour, les notes de l’artiste s’apparentent à un carnet de route.
Des projets tout carton
Le Musée de Proximité
Le projet le plus représentatif du travail de Tamaya Sapey-Triomphe est sûrement son Musée de Proximité à Angerville. Dans le cadre d’un projet de fin d’étude, elle souhaite construire une structure éphémère. Cette idée lui vient de ses réflexions sur l’architecture actuelle et la non-nécessité de faire des choses durables dans un monde en proie aux changements constants. Elle observe les bâtiments de la ville, notamment ceux abandonnés et vides, et décide de monter son projet dans un vieux salon de coiffure. Le musée est fait en carton, c’est ce qui répond le mieux à l’état d’esprit et à la temporalité du projet ; le carton étant un produit éphémère et nomade.
Pendant plus d’un mois le musée accueille diverses œuvres d’arts apportées par les riverains. Derrière ce geste, Tamaya Sapey-Triomphe souhaite questionner la place de l’art et le regard qu’on pose sur un objet. En fin de compte, qu’est-ce qui fait de ceci une œuvre d’art ? Proche de l’art brut, le musée nous pousse à reconsidérer ces objets qui ont une valeur particulière pour chacun de nous.
Le studio de MYD
L’architecte avait rejoint le projet loufoque du compositeur MYD : « Le premier morceau participatif au monde ». Pendant deux semaines, MYD a habité les locaux de Radio Nova pour réaliser un track inédit avec les internautes. Pour réaliser le studio, le musicien fait appel à Tamaya Sapey-Triomphe. En quelques jours elle confectionne un studio tout en carton, clin d’œil au clip « Moving Men » de MYD en featuring avec Mac Demarco. Elle s’inspire aussi de Michel Gondry dans « La science des rêves » qui construit un plateau TV tout en carton. L’idée derrière son studio est de faire une bulle immergée, propice à la créativité de MYD.
Les dessins qui ornent les murs en carton du studio sont tous réalisés à la main par Tamaya Sapey-Triomphe. Partie d’un thème général autour de MYD elle laisse faire son imagination pour transposer toute la psyché de MYD et de son parcours d’artiste. Le studio en devient presque un musée à l’effigie de la musique de MYD. Le dernier jour, l’artiste lui a demandé de dessiner la pochette du single en prenant soin de suivre les instructions des internautes. Les coups de stylo de cette jeune artiste immortalisent à la perfection le projet et le personnage de MYD.
Pour en savoir plus rendez-vous sur son site internet !