Top 10 des séries connues ou méconnues qui méritent votre attention

Image d'avatar de Arthur TongletArthur Tonglet - Le 3 juillet 2024

À travers ce diptyque d’articles sur les séries les plus marquantes de la télévision et du streaming, Beware vous propose une sélection de productions aux thématiques diverses et de tous horizons, ayant marqué l’histoire du petit écran.

Dans ce deuxième article, Beware vous propose ses recommandations personnelles, à travers une liste (subjective) de productions télévisuelles à voir (ou revoir) sur les plateformes de streaming. Vous y trouverez des séries à la réputation toute faite, ainsi que des découvertes plus singulières.

True Detective

Cette série d’anthologie diffusée pour la première fois en 2014 sur HBO, est davantage connue pour sa première saison que pour les suivantes. À travers des récits policiers mêlant mysticisme, réflexions philosophiques et personnages torturés, le récit prend place à chaque nouvelle saison dans une région différente des États-Unis, et fait le portrait d’une Amérique profonde, le plus souvent délaissée par les institutions. Pour chaque histoire, on suit un petit groupe d’enquêteurs ou d’enquêtrices, et dont la détermination est mise à rude épreuve face à la sordidité des crimes auxquels ils sont confrontés. La saison 1, qui met en scène le duo Woody Harrelson et Matthew McConaughey, bénéficie d’une écriture et d’une profondeur particulièrement soignée (Nic Pizzolatto aux commandes), et d’une mise en scène remarquable, notamment avec le plan séquence du quatrième épisode, considéré par beaucoup comme le point culminant de la réalisation de Cary Fukanaga (réalisateur de tous les épisodes de la saison 1). À noter, pour cette première saison, des dialogues particulièrement savoureux entre les deux acteurs principaux. Tour à tour drôles ou réflexifs, les échanges entre les deux personnages opposent deux postures différentes face au chaos du monde. D’un côté, le personnage de Matthew McConaughey, qui se réfugie dans la prise de substances et les discours métaphysiques, et de l’autre, celui de Woody Harrelson, qui adopte une attitude hédoniste et de satisfaction dans l’instant présent. Du marasme de leurs discussions naîtra finalement une drôle de synergie, et dont la force motrice permettra (peut-être) de retracer l’origine des meurtres. Qu’ils s’agissent de l’atmosphère suffocante de la Louisiane, des tirades ésotériques de l’inspecteur Rustin, ou encore des mise en scène sataniques du meurtrier recherché, il plane sur cette série une ambiance lourde et électrique, empreint de mysticisme, et qui révèle dans son épisode final une vision du monde plus humaniste qu’il n’y paraît.

Euphoria

On ne présente plus la fameuse série de Sam Levinson, qui suit une bande de lycéens issues de la génération Z, pris dans le tumulte de leurs émotions contrariés, alors qu’ils évoluent dans un milieu où l’addiction au sexe, à la drogue et aux réseaux sociaux ne sont plus considérés comme des tabous. Produite par A24 et diffusé pour la première fois sur HBO en 2019, les deux saisons sortis à ce jour ont notamment révélés au grand public les talents d’acteurs et d’actrices tels que Zendaya, Hunter Schafer, Jacob Elordi ou encore Sydney Sweeney. En nous plongeant sans concession dans l’univers désenchanté de ses adultes en devenir, Sam Levinson s’inspire de son adolescence pour aborder avec modernité les questionnements et les problématiques de la jeunesse actuelle. Dotée d’une mise en scène virtuose, et dont les mouvements de caméra virevoltant rappellent les chefs d’oeuvre du grand Scorsese (Les Affranchis, Casino, Le Loup de Wall Street), et portée par une bande originale pop et excentrique, cette production haute en couleurs nous donne parfois l’impression d’être en plein bad trip. Les scènes de sexe, filmées de manière frontales et transgressives, n’en traduisent que mieux les constructions sociales inhérentes au “genre” de chaque protagoniste, tour à tour bourreaux ou victimes. Une série qui a la bonne idée de ne pas prendre partie, et qui filme ses personnages avec beaucoup d’empathie, tout en montrant de manière cru le quotidien mouvementé de ces jeunes qui brisent les codes établis, et tentent de faire face à leurs contradictions les plus intimes, dans un monde où la quête d’identité se joue tant dans l’espace numérique que dans la vie réelle.

Arcane

Sorti sur Netflix en novembre 2021, Arcane est une série d’animation tirée de l’univers du jeu-vidéo League of Legends. Produite et écrite par le studio à l’origine du jeu, Riot Games, le show est particulièrement remarqué pour la qualité de son animation. Résultat de cinq années de travail acharné (à raison d’à peine une seconde d’animation par jour), la réalisation du projet est confiée au studio français Fortiche Production. Riche d’un sens du détail et de la narration particulièrement soigné, cette adaptation du phénomène vidéoludique LOL n’en est pas moins accessible à tous et toutes. Situé dans l’univers fictif de Runeterra, le récit prend place dans la ville de Zaun, banlieue industrielle sous le joue de l’influence de Piltover, cité-monde qui capitalise sur la main d’oeuvre des populations alentours. Au coeur d’un conflit de longue date entre les deux villes, des personnages, issus des deux côtés de la barricade, tentent de maintenir la paix, tandis que la menace d’une nouvelle révolte se fait sentir. Pour rendre compte de manière omnisciente des tensions au coeur de l’intrigue, le script multiplie les points de vue et les protagonistes, et aborde des thématiques multiples telles que la lutte sociale, la sororité ou la dépendance aux technologies. Forte d’une dimension tragique, la série comporte son lot de trahisons, et de scènes de combats magistralement mises en scène, grâce notamment à une fluidité d’animation remarquable. Le style graphique très originale, mélange de 2D et de 3D, et la bande originale épique, marquée par le passage de groupes tels que Imagine Dragons, ou du talentueux Woodkid, terminent d’imposer cette première saison comme un des temps forts de l’année 2021.

The Last of Us

Dés sa sortie en 2013, le jeu-vidéo de Naughty Dog avait su toucher un public très large dans la sphère vidéoludique. De par ses thématiques très universelles autour du deuil, de la filiation, et de la survie, ce périple à travers une Amérique dévastée par une pandémie de cordyceps (un champignon qui prend possession du cerveau de ses victimes et les transforme en zombie), portait déjà en lui toute la matière nécessaire pour convaincre, et émouvoir, jusqu’aux joueurs les plus hardis. Produite et écrite par Neil Druckmann (le créateur du jeu original) ainsi que par Craig Mazin (créateur de la série Chernobyl), cette adaptation télévisuelle aurait pu souffrir de la malédiction bien connue des portages de jeux au cinéma (voir Prince of Persia, Doom et autre Tomb Raider), mais il n’en fut rien. Guidé par un sens de la narration hors pair, et des personnages aux backgrounds tout aussi soignés que dans le jeu éponyme, la relation entre Joël (Pedro Pascal) et Ellie (Bella Ramsay) demeure au coeur du récit, et il est probable que vous versiez votre petite larme en fin de saison. Soutenue par une réalisation nerveuse et une direction artistique remarquable (décors, costumes faits entièrement sur mesure, et une utilisation minime des effets numériques), ainsi que par la bande originale de Gustavo Santaolalla (qui avait déjà dirigé la musique des deux premiers jeux de la saga), cette production est la preuve concrète (avec la série Fallout, mais dont nous ne parlerons malheureusement pas ici) qu’il est possible d’adapter avec justesse une oeuvre vidéo-ludique sans la trahir. Le tout en modulant certains aspects de son univers, pour mieux correspondre aux exigences du format filmique. (Voir notre critique sur la série)

Love, Death and Robots

Initialement prévu pour une sortie cinéma à la fin des années 2000, la série Love, Death and Robots, créée par David Fincher et Tim Miller est devenue au fil de ses trois saisons, l’une des figures de proue de la plateforme Netflix. Aux origines de cette saga, le rêve fou de réunir Miller, Fincher, ainsi que d’autres réalisateurs tels que James Cameron, Zack Snyder, Gore Verbinski, Guillermo del Toro, et même Rob Zombie, en vue de produire un remake du film Métal Hurlant, long-métrage d’animation ayant marqué d’une empreinte durable la décennie 80. Le projet, reporté plusieurs fois par les studios, sera finalement proposé à Netflix et diffusé en mars 2019 sous la forme sérielle. Riche d’une variété de tons et de styles graphiques tous plus singuliers les uns que les autres, cette série d’anthologie est constituée de courts-métrages réalisés par des studios d’animation du monde entier, basés aussi bien en Russie qu’en France, au Japon ou au Canada. Dotés d’un cahier des charges plutôt simple (de la SF débridé, dans des registres allant du cartoon à l’horreur, en passant par le film de guerre), des réalisateurs de tous horizons se voient ainsi confiés la réalisation d’un ou plusieurs épisodes, Tim Miller et David Fincher se contentant la plupart du temps du poste de producteur exécutif. Ainsi, Il est amusant de voir certaines équipes se ré-approprier les mythes et cultures de leur pays, à travers des courts-métrages superbement réalisés, et usant de technique d’animation allant de la 2D à la 3D, ou de l’abstraction au photo-réalisme. À travers de petites capsules d’histoires immersives, la série aborde des thèmes aussi variés que surprenants, tels que le transhumanisme, l’intelligence artificielle ou encore la robotique, et s’impose comme une des productions les plus audacieuses de ces dernières années.

Fargo

Basée sur le film du même nom, écrit et réalisé par les frères Coen en 1996 (également producteur de cette série), Fargo dénombre pour l’instant cinq saisons, diffusées sur la chaîne FX aux Etats-Unis depuis 2014. Créée par Noah Hawley, le scénario suit le parcours de personnages sans envergures, le plus souvent issues de milieux modestes nord-américains. Clin d’oeil au film initial : chaque épisode est introduit par la mention « Ceci est une histoire vraie », mais propose une vision forcément plus étoffée de ces « faux » faits divers. Porté par une mise en scène moderne, le show est également doté d’un humour qui oscille entre l’absurde et le cynisme. Si la première saison illustre un Martin Freeman dépassé par les évènements, épaulé dans ses déboires par un Billy Bob Thornton en tueur à gages redoutable, les saisons suivantes voient défiler un cortège d’acteurs tout aussi convaincants, avec notamment Ewan McGregor, Kirsten Dunst ou encore Mary Elisabeth Winstead. Avec une aisance désobligeante, les comédiens et comédiennes parviennent à se glisser avec justesse dans la peau de personnages dont le quotidien va être frappé de coups de sorts surréalistes, qui les pousseront dans leurs plus vils retranchements. Par un mélange des genres audacieux, quelque part entre l’humour noir, le thriller et la fresque sociale, Noah Hawley dresse un portrait macabre et grotesque d’une société des laissés pour compte. Servie par une liberté de ton qui n’a rien à envier au film culte dont elle s’inspire, la série offre ainsi quelques scènes d’anthologie, avec même parfois, une dimension surnaturelle bien sentie. La cinquième saison, diffusée aux Etats-Unis en décembre dernier, est dés à présent disponible sur MyCanal.

I Know this much Is true

Dans l’Amérique des années 90, alors que la guerre du Golfe entraine des restrictions budgétaires au sein de la société Américaine, le système d’aide sociale du pays se trouve profondément impacté. En cette période de trouble et de paranoïa ambiante, Dominic Birdsey tente de sortir son frère de l’hôpital psychiatrique dans lequel il a été interné de force, après qu’il se soit tranché la main en public, pour expier les péchés de son pays. À travers cette fresque en 6 épisodes, Derek Cianfrance (réalisateur de The Place Beyond the Pines) place les doutes existentielles de ces deux personnages (deux frères jumeaux, interprétés tout deux par un Mark Ruffalo impérial) dans une Amérique en proie à une crise identitaire sans précédent. Une ambiance pesante et électrique, des acteurs et actrices sublimes, et un récit tragique, qui n’est pas sans rappeler les thématiques ésotériques de la série True Detective. Portée par la bande originale minimaliste de Harold Budd, qui donne aux images une aura quasi mystique, et sublimée par sa photographie, cette mini-série propose une réflexion sur la fatalité, et le parcours d’une famille à l’apparente banalité, qui révèle peu à peu un récit d’une puissance symbolique inouïe. Tout le long de son parcours, le personnage de Dominic se battra contre les institutions, et tentera de mettre en ordre sa vie, en faisant du chaos de son existence, un ordre nouveau. En somme, une réflexion essentielle sur la condition humaine, avec au bout du chemin, une prise de conscience « I know this Much is true ». (Voir notre critique sur la série)

Dark Crystal : Age of Resistance

On dit souvent que les services de streaming comme Netflix privilégient la quantité, au dépend de la qualité. C’est oublier que la plateforme a, depuis ses débuts, su faire preuve d’audace dans le choix de développement de ses programmes originaux (Arcane, Dark et Love Death and Robots en sont des exemples concrets). S’inscrivant dans l’univers du film Dark Crystal, sorti en 1982, la série Dark Crystal : Age of Resistance est une préquelle directe au long-métrage culte de Jim Henson et Frank Oz. Bénéficiant d’une grande liberté créative, la Jim Henson Company (à l’origine également du fameux Muppet Show et du film Labyrinthe avec David Bowie) fait le pari osé d’une série mettant en scène uniquement des marionnettes. Tout comme dans l’oeuvre originale, les créatures du film sont toutes issues du savoir-faire des ateliers de la maison Henson, ce qui donne à cet univers une dimension tout à fait tangible. Au-delà de l’aspect artisanale, la série brille par son scénario plein de rebondissements, des personnages attachants, et un souffle épique, auquel la bande originale de Daniel Pemberton participe grandement. La réalisation des épisodes, confiée au « yes man » Louis Letterier, est surprenante d’efficacité. Loin de sa mise en scène plan-plan habituel, le cinéaste surprend par sa capacité à magnifier les instants de contemplation, autant qu’il parvient à dynamiser les scènes plus mouvementées (ce qui n’est pas gagné quand on filme des marionnettes). Au-delà de son univers et de son bestiaire tout à fait singulier, ce récit choral fait également écho aux techniques de manipulation des masses dans un système oppressif, et illustre parfaitement l’adage qui dit « qu’il faut diviser pour mieux régner ». Une oeuvre de fantasy pur, et un véritable travail d’artisanat qui force le respect !

P’tit Quinquin

Écrite, réalisée et montée par Bruno Dumont, cette mini série en 4 épisodes bénéficie de la personnalité excentrique de son auteur. L’intrigue se situe dans le Pas de Calais, où un garçon du Boulonnais, surnommé P’tit Quinquin, se trouve mêlé à une enquête sordide, lorsque le corps d’une femme est découvert dans le ventre d’une vache. Peu à peu, des liens de causalité sont établis entre la famille Lebleu (celle de P’tit Quinquin) et les meurtres qui terrorisent la commune. Dans un registre comique âpre, qui joue sur les clichés, et les lieux communs d’une ruralité française qu’on retrouve finalement peu au cinéma de nos jours, Dumont élabore une farce grotesque, au coeur de ces territoires de plus en plus invisibilisés. Cette satyre à l’absurdité décomplexée, pur produit de la maison Dumont, a le mérite de mettre en scène de véritables habitants du coin (les acteurs ayant été castés sur place), et de porter un regard tout en empathie sur les gens du commun. Produit par la chaîne Arte, P’tit Quinquin est une proposition de cinéma radicale comme on en voit peu, mettant en scène une enquête absurde, avec ses vaches mangeuses d’hommes, et ses rixes de villages occasionnelles. Véritable ovni télévisuelle, et forte de son succès, la série a connu une saison 2, intitulé Coincoin et les Zin’humains, sortie en 2018.

Danger 5

Si le cinéma a ses pastiches et ses comédies nanardesques, les créateurs de shows télévisés semblent plus pudiques en la matière. En ces termes, la série française Au service de la France semble faire figure d’exception. Mais c’est mal connaître nos amis australiens de la chaîne SBS, qui ont produit en 2012 ce show en deux saisons, à base de complots nazis, et d’espions infantiles et misogynes. Véritable parodie des films d’espionnage des années 60, la série enchaîne les effets datés, les tirades moralisatrices et les scènes d’action mal branlées, avec un second degré jouissif. Mannequins en mousse, stockshots et dinosaures en stop motion sont également au rendez-vous, et il en résulte une esthétique qui sent bon l’amateurisme et le fait main. Seul bémol, la série n’a pas de distributeur français, et il est très difficile de mettre la main sur le Graal en question. Néanmoins, vous pourrez visionner l’épisode pilote de la série sur YouTube, et si vous êtes un amoureux des nanars et des films mal foutus, vous trouverez certainement, quelque part dans les méandres des internet, un accès à cette perle insolite et méconnue qui vaut le coup d’oeil.

Les absents qui auraient dû être là

Les classiques : Mad Men, Mr Robot, Peaky Blinders, Rome, The Handmaid’s Tale, Dark, Le Bureau des Légendes, Black Mirror, Kaamelott, Friends, Doctor Who, The Shield, The Leftovers, Better Call Saul, Rick et Morty, Les Simpsons, Le Prisonnier, Band of Brothers, Normal People, Malcolm, Mindhunter, South Park, House of the Dragon, The Office

Les plus originaux : Watchmen , Tales From the Loop, The Tatami Galaxy, The Deuce, Undone, Oats Studio, Les Revenants


C’est la fin de ce diptyque sur les meilleures séries, gardez en tête que toute liste reste avant tout subjective, et il s’agit là de recommandations, donc n’hésitez pas à exprimer les vôtres dans les commentaires !

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Arthur Tonglet
Article écrit par :
Curieux de l'art sous toutes ses formes, je travaille dans l'audiovisuel et je fais en parallèle de la musique sous le pseudo "O'Bear". J'aime venir ici pour mettre en avant les artistes que j'aime, pas toujours connus à leur juste valeur 🙂

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