Née en 1989, l’artiste Londonienne Juno Calypse (un vrai nom de divinité antique) a été formée au “London Collège of Communication” et à l’UAL (“University of the Arts, London”).
Elle a recours à un langage qui lui est propre : la photographie minutieusement sophistiquée, et accessoirement la vidéo, pour se jouer de tous les stéréotypes autour de la féminité, du glamour, de la quête de la beauté et des rituels de la séduction. Sous couvert de couleurs chatoyantes, notamment ce rose sucré des Mashmallows qui irradie nombre de ses clichés, elle jette un regard sans complaisance, non dénué de cruauté sur cette dictature qui asservit dès l’enfance.
Et que dire de ces miroirs omniprésents. Sont-ils là pour répondre à l’incessante question posée à l’envie : “Miroir, mon beau miroir, dis-moi que je suis la plus belle” ? Peut-être. Mais une chose est certaine, cette multiplicité des reflets de soi opère une mise en abîme à laquelle condamne inéluctablement l’incidieuse tyrannie de l’apparence.
Elle dénonce les efforts déployés pour répondre à cette injonction de tous les jours : devenir belle, plaire et séduire. Certains accessoires en effet, sont mis en scène comme des objets terrifiants. Ainsi, le masque anti-rides, blanc, froid et rigide, s’il renvoie aux visages vides du théatre Nô, n’est pas sans rappeler la muselière d’un certain Hannibal Lecter. Quant à la baignoire d’où sort une fragile main verdâtre, c’est assurément celle de Shinning. Car en effet, la beauté ayant requis tant d’efforts de privations et de douleurs ne sera qu’éphémère, rapidement vouée à s’évaporer. Elle ne survivra que dans une version kitch et datée, à l’instar de ces objets technologiques des années 80, soigneusement mis en valeur par la jeune artiste.
Ces décors de Love Hotel où on imagine évoluer des poupées Barbie esseulées et tristes créent chez le spectateur un malaise intime où le sinistre se disputre à la profonde déprime. Il en résulte même une sorte d’écoeurement et de nausée.