Les photographies de Benjamin Goss franchissent allègrement la frontière tracée entre l’univers du sensible et celui de la suggestion.
Dans la torpeur de sa chambre noire, il s’applique à développer toutes sortes d’expérimentations sur 35mm, Polaroïd… Parmi ses nombreux projets, Breathe fait office d’acte de sédition à l’encontre de la surconsommation d’images numériques, usant, pur l’occasion, d’un Kodak 8×10 de 1904, et de papier à gélatine d’argent. En ressortent des portraits à la texture usée, écrasés d’une lumière saturée, conférant aux sujets un charisme spectral.
Plaçant son talent éclectique au service d’une œuvre virulente de poésie, au grain cinématographique, chacun de ses clichés recèle une psyché quasi-documentaire, comme si Goss parvenait à sonder chacune des fibres de notre entre-soi.
Le photographe permet aux visages de retrouver leur énigme, et rend à la réalité sa fragilité et sa texture primitive. Un photographe à découvrir et à aimer passionnément.